MANUEL
DU DENTISTE
A L’USAGE DES EXAMENS.
IMPRIMERIE DE J. GRATIGT,
Rue du Foin-Saint-Jacques, maison de la Reine Blanche.
MANUEL
À l’usage des examens ?
ou
TRAITÉ
DE CHIRURGIE DENTAIRE
CONSIDÉRÉE SOUS DES RAPPORTS ANATOMIQUE,
PHYSIOLOGIQUE, HYGIÉNIQUE ET PATHOLOGIQUE J
PAR D. J. GOBLIN,
DOCTEUR EN MÉDECINE DE LA PACULTÉ DE PARIS.
CHEZ COMPÈRE, LIBRAIRE, RUE DE L’ÉCOLE DE MÉDECINE, N° 8,
ET CHEZ L’AUTEUR, RUE TIQUETONNE , N° 17.
M. DCCC. XXVII.
2 y iî
A MONSIEUR
DERBAJXNE aîné ,
MON BEAU-PÈRE ,
EX-AGENT DE CHANGE, ÉLECTEUR DU DÉPARTEMENT
DE LA SEINE.
Tu pris soin de mon enfance, tu me fis
participer à tes nombreux bienfaits en me
donnant un état honorable ; daigne agréer
l’offre de cet opuscule ? comme un faible
témoignage de mon amitié et de ma recon¬
naissance.
GOBLIN.
AVERTISSEMENT.
Les rapports de sympathie et de continuité des
organes de la mastication avec les autres parties de
la tête exigent que lè chirurgien dentiste ne se con¬
tente point de bien connaître les dents et les mâ¬
choires; il faut encore qu’il ait des notions de la
structura et de la conformation de la tête. D’après
ce principe, je me suis appliqué à décrire dans cet
ouvrage les parties anatomiques qui sont du ressort
de la chirurgie dentaire, ne donnant qu’une simple
énumération des parties accessoires, afin que les
élèves, guidés par la méthode, éprouvent moins
de difficulté dans leur étude ; et laissant la liberté,
pour ceux qui désireraient plus de développement
sur l’anatomie, de recourir aux sa vans qui en trai¬
tent eæ professe >.
Je n’ai point encore rencontré d’ouvrages de
sciences médicales qui renferment tous les détails
de la chirurgie dentaire, soit que leurs auteurs aient
été rebutés par l’aridité de la matière, soit qu’ils
aient attaché peu d’importance à cette branche de
l’art de guérir. C’est pourquoi, tout en rendant jus¬
tice aux préceptes qu’ils contiennent , j’ai essayé de
( vii i )
suppléer à leur insuffisance en offrant aux étudians
un traité qui puisse leur donner des connais¬
sances nécessaires pour exercer habilement leur
profession.
Cet ouvrage est divisé en deux parties : la pre¬
mière concerne l’anatomie et la physiologie den¬
taires, à la suite desquelles je donne quelques pré¬
ceptes sur l’hygiène de la bouche ; la seconde a. pour
objet les maladies des dents et des mâchoires, ainsi
que les moyens thérapeutiques appropriés à leur
guérison.
Je n’ai point jugé à propos de joindre des plan¬
ches à mon travail, parce que , à mon avis, elles
ne peuvent donner aux élèves que des notions
inexactes relativement aux instrumens et aux or¬
ganes de la dentition, qu’ils doivent avant tout voir
et toucher chacun isolément, en les examinant avec
le plus grand soin sous tous leurs points de vue.
Puissé-je avoir atteint le but d’utilité que je me
suis proposé en renfermant cette branche pour ainsi
dire isolée de l’art de guérir, dans un cadre noso¬
logique qui la fasse rentrer dans le domaine de la
médecine.
MANUEL
DU
CHIRURGIEN DENTISTE,
A l’usage des examens.
PREMIÈRE PARTIE.
ANATOMIE. — PHYSIOLOGIE. — HYGIÈNE.
CHAPITRE PREMIER.
ANATOMIE.
L’anatomie est une branche de l’histoire natu¬
relle qui donne la connaissance de toutes les parties
du corps humain, et qui est le résultat d’une ana¬
lyse que l’on appelle dissection. Pour y parvenir,
on se sert du scalpel, de l’érigne, de la scie, de
ciseaux, de la gouge, du marteau, etc.
ÉNUMÉRATION DE TOUTES LES PARTIES DE LA TÈTE.
La tête, de même que les autres parties du corps
humain, est formée de parties solides et de parties
fluides.
{O
Des parties solides.
Les parties solides sont le tissu cellulaire, les
membranes, les os, les cartilages , les liga mens , les
muscles, les aponévroses , les tendons, les vais¬
seaux, les nerfs, les viscères, les organes et les
glandes 3 elles se divisent en parties dures et en
parties molles.
Des parties dures.
Les parties dures sont les os et les cartilages ; il
faut y joindre les ligamens, qui sont des parties
molles immédiatement liées aux os et aux cartilages 5
qu’elles tiennent réunis. Toutes ces parties consti¬
tuent l’ostéologié. _
Des os de la tête.
Les os de la tête sont partagés en deux ordres 3
savoir ceux du crâne et ceux de la face.
i° Os du crâne. Le crâne est formé antérieure¬
ment par le coronal, postérieurement par l’occipi¬
tal , latéralement et supérieurement par les parié¬
taux, latéralement et inférieurement par les tempo¬
raux 3 il est formé à sa partie moyenne et inférieure
par le sphénoïde, et à sa partie moyenne antérieure
et inférieure par l’ethmoïde. lies pariétaux et focci-
pital sont propres au crâne ; les autres os sont com¬
muns au crâne et à la face.
2° Os de La face. On divise la; face en mâchoire
supérieure et en mâchoire; inférieure.
La mâchoire supérieure est composée supérieure¬
ment et antérieurement par les os. propres du nez 5
antérieurement et inférieurement par les os maxillai¬
res 5 latéralement par les os de la pommette, les cor¬
nets inférieurs et les os unguis 5 postérieurement par
les os palatins 5 et enfin par le vomer, qui sert de
cloison à sa partie moyenne nasale. Il faut ajouter
ici seize dents.
La mâchoire inférieure est formée d un seul os
que l’on nomme maxillaire inférieur ; elle est ar¬
mée , comme la mâchoire supérieure, de seize dents.
L’atlas et l’os ioïde doivent entrer aussi dans
rémunération des os de la tête 5 le premier, parce
qu’il réunit la tête au tronc ; le second, parce qu’il
sert de point d’attache aux muscles ahaisseurs de la
mâchoire inférieure.
Des cartilages
Les cartilages que l’on rencontre à la tête se di¬
visent en articulaires et en non articulaires.
Je ne parlerai des cartilages articulaires, ainsi
que des ligamens, que lorsque je décrirai l’articu¬
lation des mâchoires et celle de la tête avec la co¬
lonne vertébrale.
Les cartilages non articulaires, ou de continuité,
sont ceux qui ferment les trous échirés antérieurs,
K * )
celui de la cloison des fosses nasales, ceux des
oreilles, et les poulies cartilagineuses qui changent
la direction des muscles grands obliques de l’œil.
Des parties molles.
Les parties molles sont les muscles, les vais¬
seaux, les nerfs, les viscères et les organes.
Des muscles.
Les muscles appartiennent à la seconde division
de l’anatomie que Ton appelle myologie : ils com¬
prennent les tendons et les aponévroses.
Muscle de la région supérieure de la tête.
L’occipito-frontal.
Muscles de la région antérieure de la tête.
L’orbiculaire des paupières, le sourcilier, le py¬
ramidal du nez, le releveur de la paupière supé¬
rieure , le transversal du nez, l’élévateur propre de
la lèvre supérieure, l’élévateur commun de l’aile du
nez et de la lèvre supérieure, l’abaisseur de l’aile du
nez ou myrtiforme, le petit et le grand zygomati¬
ques , le canin, le triangulaire ou abaisseur des lè¬
vres , le carré ou abaisseur de la lèvre inférieure, la
houpe du menton, le buccinateur, l’orbiculaire des
lèvres. 11 faut y joindre les muscles propres du globe
de l’œil; savoir : le droit supérieur, le droit infé¬
rieur, le droit externe, le droit interne, le grand
C 5 >
oblique ou supérieur, le petit oblique ou infé¬
rieur.
Muscles de la région latérale de la tête.
Les trois auriculaires, dont l’un est supérieur, l’au¬
tre antérieur, et le troisième postérieur 5 le masseterj
le temporal, le ptérigoïdien interne, et le ptérigoï-
dien externe.
Je ne donne l’énumération des muscles suivans
que parce qu’ils s’attachent à la tête, ou qu’ils font
mouvoir les mâchoires.
Muscles de la région antérieure du tronc .
Lepeaucier, le sterno-cléido-mastoïdien , l’orao-
plat-hyoïdien, le sterno-hyoïdien, le sterno-thy-
roïdien,le thyro-hyoïdien, le digastrique, le stylo-
hyoïdien, le mylo-hyoïdien, le génio-hyoïdien, le
stylo-glosse, l’hyo-glosse, le génio-glosse, le lin¬
gual, le grand et le petit droits antérieurs de la tête.
11 1 a, en outre , les muscles du pharynx et ceux
du voile du palais.
Muscles du pharynx. Les constricteurs infé¬
rieur , moyen, supérieur, et le stylo-pharyngien.
Muscles du voile du palais. Le péristaphylin
interne ou supérieur, le péristaphylin externe ou
inférieur, le palato-staphylin, le pharyngo - sta-
phylin et le glosso-staphylin.
( 6 )
Muscles de la région postérieure du tronc.
Le trapèze, le splénius, le petit complexus, le
grand complexus 5 le grand et le petit droits pos¬
térieurs de la tête , l’oblique supérieur, l’oblique
inférieur, et le droit latéral de la tête.
Des vaisseauæ.
Les vaisseaux qui se trouvent dans la tête sont
des artères, des veines, et des vaisseaux lympha¬
tiques avec leurs ganglions. Ces trois ordres d’or¬
ganes circulatoires appartiennent à l’angiologie.
.Artères de la tête.
Les artères principales du cou sont les carotides
primitives et les vertébrales : les premières se divi¬
sent en carotides externes et en carotides internes.
L’artère carotide externe fournit la thyroïdienne
supérieure, la linguale, la labiale ou maxillaire
externe, l’occipitale, l’auriculaire postérieure, la
pharyngienne inférieure ,1a temporale et la maxil¬
laire interne.
L’artère maxillaire interne fournit la ményngée
ou artère moyenne de la dure-mère, la maxillaire
ou dentaire inférieure, la temporale profonde pos¬
térieure , les masseterines, les ptérigoïdiennes , la
buccale , la temporale profonde antérieure, l’alvéo¬
laire , la sous-orbitaire, la palatine supérieure , la
( 7 )
vidiane , là piérigo-palatine et la sphéno-pala-
tine.
L’artère carotide interne donne naissance à
l’ophtalmique, et, en s’anastomosant avec la ver¬
tébrale , elle fournit la plupart des artères qui se
distribuent à la masse cérébrale.
L’artère ophtalmique produit la lacrymale , la
centrale de la rétine, la sous-orbitaire, les ciliaires,
les musculaires, les ëthmoïdales antérieure et pos¬
térieure, les palpébrales , la nasale et la palatine.
L’artère vertébrale s’étend de la sous-clavière au
cerveau, au cervelet, à la moelle alongée et à celle
de l’épine. Elle se rend dans le crâne par le grand
trou occipital, après avoir traversé tous les trous
qu’on remarque à la base des apophyses Iran s verses
dés vertèbres cervicales.
Des veines.
Les veines principales de. la tête sont les verté¬
brales , les jugulaires internes et externes.
Les veines jugulaires internes donnent les thy¬
roïdiennes supérieures , les linguales, les pharyn¬
giennes, les labiales, les occipitales, les maxil¬
laires internes, des temporales5 et, lorsqu’elles sont
parvenues aux trous déchirés postérieurs, elles se
continuent avec les sinus de la dure-mère, dont
deux, appelés sinus caverneux , reçoivent les veines
( 8 )
ophtalmiques, qui, dans leurs divisions, accompa¬
gnent celles des artères du même nom.
Des vaisseaux et des glandes lymphatiques.
On divise les vaisseaux lymphatiques en super¬
ficiels et en profonds 5 ils tirent leur origine du
canal thorachique, et du grand tronc droit des
lymphatiques qui fournit principalement ceux de
la tête, en se divisant à l’infini.
Les ganglions lymphatiques, improprement ap¬
pelés glandes, ne sont apparens, et surtout nom¬
breux , que sur les parties latérales du cou. Ils avoi¬
sinent toujours les principales artères.
Des nerfs de la tête.
Les nerfs de la tête , qui font partie de la névro-
logie, sont la première paire ou le nerf olfactif,
la seconde paire ou le nerf optique, la troisième
paire ou le nerf moteur commun des yeux, la qua¬
trième paire ou le nerf pathétique, la cinquième
paire pu nerf trijumeau, qui fournit l’ophtalmi¬
que, le maxillaire supérieur et le maxillaire infé¬
rieur -, la sixième paire ou le nerf moteur oculaire
externe : la septième paire ou le nerf auditif, di¬
visée en portion molle ou acoustique, et en portion
dure ou faciale ; la huitième paire ou le pneumo¬
gastrique , la neuvième paire ou le nerf grand hy¬
poglosse ou lingual, le nerf accessoire de Willis
(9 )
ou spinal, et la première paire des nerfs cervicaux
ou sous-occipitaux.
Des organes et des viscères de la tête.
Le crâne renferme le cerveau et ses membranes,
qui sont la dure-mère , l’aracbnoïde et la pie-mère :
on y rencontre encore le cervelet , la protubé¬
rance annulaire, et la queue de la moelle alongée.
Les fosses orbitaires contiennent les yeux et leurs
dépendances, qui sont les sourcils, les paupières et
les voies lacrymales. Les voies lacrymales se com¬
posent de la glande, de la caroncule, des points et
des conduits lacrymaux, du sac lacrymal, et du ca¬
nal nasal qui est situé dans la fosse du même nom.
Le globe de l’œil se compose de membranes et
d’humeurs. Les membranes sont la sclérotique ou
cornée opaque, la cornée transparente, la choroïde,
les procès ciliaires, l’iris et la rétine. Les hu¬
meurs sont le corps vitré, le cristallin et l’humeur
aqueuse.
Dans l’épaisseur du rocher, portion pierreuse du
temporal, se trouvent les cavités de l’oreille. L’or¬
gane de l’ouïe se divise en oreille externe et en
oreille interne. L’oreille externe est formée par le
pavillon ou la conque, le conduit auditif externe ,
et la membrane du tympan. L’oreille interne se
compose de plusieurs cavités, le tambour, le vesti-
( io )
bu Je ? le limaçon et le labyrinthe. La première de
ces cavités est séparée de l’oreille externe par la
membrane du tympan, et renferme les osselets de
l’ouïe, qui sont le marteau, l’enclume, l’os lenticu¬
laire et l’étrier. Cette première cavité communique
avec la -bouche par la trompe d’Eustache. Les autres
sont remplies d’une pulpe nerveuse et de l’humeur
de Cotunni.
La bouche, que nous traiterons plus au long par
fa suite, contient dans sa cavité et son épaisseur la
langue, le pharynx ou arrière-bouche , le voile du
palais, les amygdales, les glandes parotides, les
glandes sublinguales, les glandes maxillaires, et
la membrane buccale : on peut y ajouter le larynx,
dont la connaissance n’est pas inutile,
L’épaisseur de la face contient les fosses nasales,
organe de l’odorat, qui présentent à leur partie an¬
térieure le nez, et sont tapissées par la membrane
pituitaire.
Des humeurs du corps humain.
Les humeurs du corps humain sont le sang, qui
se distingue en sang artériel et en sang veineux, la
lymphe, la bile, le suc pancréatique, le chyle , le
mucusles larmes, le sperme, la chassie, le céru¬
men, 1 urine, la sueur et la graisse. Je me réserve
de parler en détail, à la fin de ce chapitre, des hu¬
meurs qui lubrifient la bouche.
DESCRIPTION DES ORGANES IMMEDIATS DE LA
MASTICATION.
Lés organes masticateurs sont les mâchoires,
avec leurs parties molles, les temporaux et les
dents.
Des mâchoires.
Chez la plupart des animaux il existe deux mâ¬
choires, l’une supérieure et l’autre inférieure, qui
se correspondent immédiatement., et sont plus ou
moins mobiles l’une sur l’autre.
La mâchoire supérieure, chez l’homme, occupe
la plus grande étendue de la face j elle est formée ,
comme je l’ai dit plus haut,. par les os propres du
nez, les os maxillaires, ceux de la pommette, les
cornets inférieurs, les os palatins etlevomerj mais,
à bien considérer, on doit y joindre les os du crâne,
puisque la mâchoire supérieure ne peut agir sans un
mouvement complét de la tête. Je ne décrirai que
les os maxillaires, sur lesquels les dents sont im¬
plantées.
La mâchoire inférieure est composée d’un seul os
qui s’articule avec les temporaux, et que l’on appelle
maxillaire inférieur.
Du maxillaire supérieur.
Le maxillaire supérieur est un os pair situé à la
( 12 )
partie moyenne de la face 5 il forme, avec son sem¬
blable , la plus grande étendue de la mâchoire su¬
périeure : sa figure est tellement irrégulière, que
c’est avec beaucoup de peine que l’on parvient à
Je bien connaître. Comme les difficultés que l’on
éprouve dans son étude proviennent de l’embarras
où l’on est de le diviser convenablement, je vais
tâcher d’y obvier en lui assignant quatre régions et
deux bords : la première, externe, qu’on peut aussi
appeler faciale 3 la seconde, interne ou palatine 3 la
troisième, orbitaire 3 et la quatrième, dentaire ou
alvéolaire ; le bord antérieur ou nasal 5 et le bord
postérieur, auquel je donne le nom de palatin, parce
qu’il s’articule avec l’os du palais. J’admets en ou¬
tre une région maxillaire, qui est le sinus creusé
dans l’épaisseur de cet os.
Région eæteme ou faciale . Cette région est
partagée en deux parties par une crête large et
saillante supérieurement, qui s’étend de l’apo¬
physe malaire au bord alvéolaire 3 cette crête est
concave de haut en bas, et sépare la fosse zygoma¬
tique de là fosse canine. La première de ces parties,
tournée en avant, a plus d’étendue que la seconde :
on peut l’appeler canine. La seconde, plus petite,
est tournée en arrière : elle peut recevoir le nom de
zygomatique.
Portion canine. Cette portion de l’os maxillaire
. ( «3 )
-présente, en procédant d’arrière en avant, la fosse
canine, qui donne attache au muscle canin. Au
dessus de cette fosse est situé le trou sous-orbitaire,
par lequel passent les vaisseaux et les nerfs du
même nom. Au devant, et près de l’épine nasale
antérieure, se trouve la fosse myrtiforme, qui
donne attache au muscle incisif ou myrtiforme. Au
dessus de ces parties s’élève une longue apophyse,
appelée apophyse montante. Cette éminence mérite
une description particulière.
L’apophyse montante forme une partie des voies
lacrymales et des fosses nasales : on la divise en
face externe et face interne 5 en bord antérieur et
bord postérieur 3 en base et en sommet.
La face externe est légèrement concave 3 elle est
percée de plusieurs petits trous, par lesquels pas¬
sent des filets nerveux et des vaisseaux nourriciers :
elle donne attache au muscle élévateur commun de
l’aile du nez et de la lèvre supérieure.
La face interne ou nasale présente à sa partie in¬
férieure une crête transversale qui s’articule avec
le cornet inférieur5 aü dessus de cette crête, on
voit un enfoncement qui concourt à former le méat
moyen des fosses nasales , et, au dessus de cèt enfon¬
cement, des inégalités qui s’articulent avec les masses
latérales de l’ethmoïde.
Le bord antérieur est taillé en biseau aux dé-
C I* )
pens {le la table interne , et s’articule avec l’os
propre du nez.
Le bord postérieur est creusé par une gouttière,
dont la partie supérieure sert à former la gouttière
lacrymale, et l’inférieure concourt à la formation
du canal nasal \ l’une contient le sac lacrymal, et
l’autre le sac nasal. Le bord interne de cette gout¬
tière s’articule avec l’os unguis, et l’externe donne
attache au tendon du muscle orbiculaire des pau¬
pières.
La base de cette apophyse est confondue avec le
reste de l’os \ le sommet s’articule avec Féchancrure
nasale du coron al.
Portion zygomatique Cette portion de la face
externe présente antérieurement une excavation qui
fait partie de la fosse zygomatique , et, postérieure¬
ment à cette fosse, une tubérosité nommée maxil¬
laire, qui est plus saillante chez les jeunes sujets
que chez les vieillards, parce qu’elle renferme ordi¬
nairement la dent de sagesse ( ce phénomène est
digne de remarque ) . On voit sur cette tubérosité un
ou deux trous dirigés de haut en bas ; ils livrent
passage aux vaisseaux et aux nerfs qui se distri¬
buent aux dents molaires.
Région interne ou nasale. La face interne de
1 os maxillaire est divisée en deux portions inégales
par une éminence transversale appelée apophyse
( *5 )
palatine. La première, qui est supérieure et plus
grande que l’inférieure, concourt à former la paroi
externe^ des fosses nasales ; la seconde termine la
voûte palatine.
Portion supérieure ou nasale* Cette portion
présente à sa partie moyenne l’ouverture du sinus
maxillaire ; devant et au-dessus de cette ouver¬
ture, on voit une gouttière qui , par son arti¬
culation avec l’as un guis et le cornet inférieur,
forme le canal nasal. Derrière cette ouverture
on remarque une surface inégale qui s’articule
avec la portion verticale de l’os du palais, et der¬
rière cette surface il existe une gouttière qui sert
à former le conduit palatin postérieur. Au bas
de cette gouttière se trouve une autre surface ra¬
boteuse qui s’articule avec la tubérosité de l’os du
palais.
Portion inférieure ou palatine. Cette portion
a très peu d’étendue ; elle est concave, inégale , et
termine la voûte palatine.
L’apophyse qui la sépare de la portion nasale
est située transversalement à l’os maxillaire : on la
divise en faces supérieure et inférieure 3 en bords
interne, externe et postérieur.
La face supérieure est concave ; elle forme les
deux tiers antérieurs environ du plancher des fosses
nasales. A sa partie antérieure, et près de son bord
( 16 )
interne, on voit l’orifice supérieur du canal palatin
intérieur.
La face inférieure est concave et inégale 5 elle
forme une grande partie de la voûte palatine: cette
face est recouverte par la membrane palatine, et
présente des sillons qui logent les vaisseaux et les
nerfs palatins.
Le bord interne est beaucoup plus épais en avant
qu’en arrière , il s’articule avec son semblable. La
partie épaisse de ce bord présente une portion de
gouttière qui, réunie avec une pareille, creusée sur
le maxillaire opposé, forme le conduit palatin an¬
térieur, lequel se divise supérieurement en deux
autres conduits aboutissant dans les fosses nasales 5
ces conduits donnent passage aux vaisseaux et aux
nerfs du même nom. Le bord interne est surmonté
par une crête, qui forme, avec celle de l’autre maxil¬
laire , une rainure dans laquelle s’articule le vomer.
Le bord externe de l’apophyse palatine est con¬
fondu avec le reste de l’os.
Le bord postérieur est taillé en biseau aux dépens
de la table supérieure, pour s’articuler avec la por¬
tion horizontale de l’os du palais.
Région supérieure ou orbitaire. Cette région,
légèrement oblique de dedans en dehors et triangu¬
laire , forme le plancher de l’orbite. Elle est termi¬
née par trois bords, l’un interne, l’autre antérieur.
( *? )
et le troisième postérieur. Vers la partie moyenne
de cette région, il existe une gouttière qui dégénère
en un canal nommé sous-orbitaire. La partie anté¬
rieure de ce canal se divise en deux conduits : l’un
descend dans l’épaisseur de la paroi antérieure du
maxillaire, et est traversé par les vaisseaux et les
nerfs dentaires supérieurs antérieurs ou incisifs,
division du nerf sous-orbitaire; l’autre est la con¬
tinuation du canal sous-orbitaire par où passent les
vaisseaux et les nerfs sous-orbitaires , pour se ren¬
dre à la face.
Le bord interne de la région orbitaire s’arti¬
cule à sa partie antérieure avec l’os unguis, à sa
partie moyenne avec l’ellimoïde, et à sa partie
postérieure avec l’os du palais. La portion de
l’ethmoïde qui s’articule avec la partie moyenne
du maxillaire forme les trous orbitaires antérieur
et postérieur.
Le bord antérieur concourt à former le contour
de l’orbite; il donne attache au muscle éïéva/teur
de la lèvre supérieure.
Le bord postérieur est incliné en dehors ; il est
arrondi, et forme une partie de la fente orbitaire ou
sphéno-maxillaire. Entre Je bord antérieur et le
bord externe se trouve une éminence nommée ma¬
laire , qui s’articule avec la pommette.
Région inférieure dentaire ou alvéolaire. Cette
2
( «» )
région est creusée pour les alvéoles, et a , pour ce
motifj recule nom de bord alvéolaire. Ces alvéoles *
qui logent les racines des dents , varient de gran¬
deur et de forme. La partie externe présente des
bosselures et des enfoncemens 3 les premières ré¬
pondent aux racines dés dents, et les secondes aux
cloisons alvéolaires : sa partie postérieure donne at¬
taché au muscle buccinateur.
Bord antérieur. Ce bord est tranchant et par¬
tagé par une éminènce pointue qui, réunie à une
autre éminence semblable du maxillaire opposé,
forme répi ne nasale antérieure. La portion infé¬
rieure de ce bord est presque droite 3 elle s’articule
avec le maxillaire correspondant. La portion supé¬
rieure est concave, et participé à la formation de
l’ouverture nasale antérieure.
Bord postérieur ou palatin. Ce bord est iné¬
gal et s’articule avec la portion verticale de l’os
palatin et sa tubérosité.
Région maæillaire. Cette région est creusée
dans l’épaisseur de l’os maxillaire. Comme il im¬
porte beaucoup de la bien connaître , à cause des
opérations qu’il est souvent indispensable d’y pra¬
tiquer , j’en ai fait le sujet d’une description sé¬
parée.
L’os maxillaire est composé d’une substance
compacte et d’une substance celluleuse , et se dé-
( *9 )
veloppe par un seul point d’ossification. Il s’articule
avec le coronal par le Sommet de son apophyse
montante 5 avec l ethmoïde par le bord interne de
la portion orbitaire, et. par la face interne de l’apo¬
physe montante; avec l’os propre du nez par le
bord antérieur de là même apophyse • avec l’os
unguis par le bord interne de la surface orbitaire
et le bord postérieur de l’apophyse montante ; avec
l’os palatin par le bord postérieur de l’apophyse
orbitaire , une portion de lâ face interne et la par¬
tie postérieure du bord interne-de la surface orbi¬
taire ; avec le cornet inférieur par la face interne
de l’apophyse montante, et par la partie inférieure
du sinus ; avec son semblable et - le vomer par le
bord interne de l’apophyse: palatine ; avec l’os de
la pommette par l’éminence mâlaire y et avec les
dents par les alvéoles. >
Pour mettre cét os en position" et : distinguer le
gahche du droit , on place l’apophyse montante en
haut, l’épine nasale en avant ^et lé bord alvéolaire
en bas et sur un plan horizontal i il forme la plüs
grande étendue de la mâchoire supérieure.
Du, sinus maxillaire.
- Le sinus-maxillaire est une cavité • creusée dans
l’épaisseur de l’os maxillaire supérieur 5 sa configu¬
ration est à peu près triangulaire : on le divise en
( 20 )
paroi supérieure , paroi antérieure paroi posté¬
rieure; bord inférieur, base et sommet.
La paroi supérieure répond au plancher de l’or¬
bite ; elle est formée par une lame osseuse mince,
qui contient dans son épaisseur le canal sous-orbi¬
taire , dans lequel cheminent les vaisseaux et les
nerfs sous-orbitaires.
La paroi antérieure correspond à la fossé canine ;
elle est parcourue par un ou deux conduits qui don¬
nent passage aux vaisseaux et aux nerfs dentaires
supérieurs antérieurs ou incisifs. Quelquefois, au
lieu de conduits , ce sont des sillons.
La paroi postérieure répond à la tubérosité maxil¬
laire; l’épaisseur de cette paroi,-de même que celle
dé la paroi antérieure, est traversée par des con¬
duits que parcourent les nerfs et les vaisseaux den¬
taires postérieurs supérieurs.
Le bord inférieur est formé par la réunion de la
face antérieure, delà face postérieure et de la base
de ce sinus ; sa longueur est peu considérable : il
répond aux alvéoles des dents molaires ; parfois ,
mais très rarement, à l’alvéole de la dent canine.
Les alvéoles, dans cet endroit, ne sont séparés du
sinus que par une lame osseuse très mince qui est
ordinairement soulevee, et souvent même percée
par le sommet des racines des dents.
La base regarde l’intérieur des fosses nasales ; elle
( 2 « )
n en est séparée que par une lame mince, et percée
par une ouverture très grande^ et irrégulièrement
triangulaire sur un os maxillaire desarticulé ou
séparé d’une tête d’adulte. Dans le cas contraire,
cette ouverture est fort rétrécie à sa partie supé¬
rieure par Fetlimoïde, à sa partie antérieure et pos¬
térieure par te cornet inférieur, et à sa partie pos¬
térieure par l’os palatin. Le sinus maxillaire pré¬
sente à sa partie supérieure des portions de cellules
semblables à celles de l’ethmoïde. A sa partie in¬
férieure on rencontre une rainure formée par deux
lames osseuses, qui reçoivent dans leur écartement
le bord antérieur de la portion verticale de l*os du
palais. Ce sinus s’ouvre dans le méat moyen des
fosses nasales, entre le cornet ethmoïdal et le cornet
inférieur.
Le sommet répond à l’éminence malaire, où il
n’est séparé de la pommette que par une lame
osseuse très mince, surtout chez les adultes. Le
sinus maxillaire est tapissé par la membrane pitui¬
taire, et sert à augmenter la capacité des fosses
nasales. Il représente une pyramide couchée trans¬
versalement dans l’épaisseur du maxillaire, dont le
sommet regarderait en dehors et la base en dedans.
D’après cette description, nous voyons que la
paroi antérieurede ce sinus répond à la fosse canine f
la paroi postérieure à la tubérosité maxillaire, la
( 22 )
paroi supérieure au plancher de l’orbite, la base
aux fosses nasales , et le sommet à la pommette.
De la mâchoire inférieure.
L’os maxillaire inférieur est impair \ il termine
la face inférieurement. D’après sa forme on peut le
diviser en. trois parties , une moyenne ou dentaire
qui est: tournée en avant, et deux postérieures et
latéralespu articulai res, nommées branches de cet os.
Région dentaire. Cette partie moyenne , ap¬
pelée corps de la mâchoire, est semi-ovale : on la
divise en face externe ou antérieure, face interne
pu postérieure ÿ en bords supérieur et : inférieur.
La face externe ou antérieure ; est con vexe ; elle
est partagée; en deux parties symétriques par une
ligne verticale appelée symphyse du menton : celte
symphyse est la trace d’une suture, suite de la
réunion des, deux; pièces qui composent cet os dans
l’enfance. Au-dessous de icette ligneon voit l’émi-
nenee du menton, de forme triangulaire ; sur les
côtés de cette éminencese trouve une petite fossette
qui donne attaché an muscle de la houppe du men¬
ton. Les angles latéraux de l’éminence du menton
donnent naissance aux lignes obliques externes
droite et gauche. Les lignes se dirigent de dedans
en dehors et de bas en haut, puis se continuent
avec le bord antérieur des branches de la mâchoire;
( ?? )
elles donnent attache aux muscles carrés du men¬
ton , aux triangulaires des lèvres et aux peauciers.
Entre les lignes obliques externes et les alvéoles
sont situés les trous mentonniers, par lesquels
sortent les vaisseaux et les nerfs de ce nom, qui
sont la terminaison des vaisseaux et des nerfs maxil¬
laires inférieurs.
La face interne ou postérieure du corps de la
mâchoire est concave,. ïElle présente à sa partie
moyenne la symphyse du menton, au-dessous de
laquelle on rencontre l’apophyse génie ou épine
interne du menton , qui donne attache aux muscles
génio-glosses et génio-hyoïdiens. Sur les côtés de
cette apophyse se trouvent deux petites fosses qui
logent les glandes sublinguales. Au-dessous de ces
fosses il existe une surface triangulaire inégale, qui
donne attache au ventre antérieur.du digastrique.
De chaque côté de l'apophyse génie part une ligne
appellée oblique interne ou myloïdienne, qui se
dirige de dedans en dehors et de bas en haut, et
va se terminer, en angmentant insensiblement de
largeur, àu côté interne des alvéoles, où elle forme
une saillie assez remarquable, Çette ligne donne
attache, dans ses trois quarts antérieurs, au muscle
mylo-hyoïdien, et, dans son quart postérieur, à une
portion du constricteur supérieur du pharynx et an
buccinateur. La portion de la mâchoire qui est au-
( 24 )
dessus de cette ligne est presque plane, et recou¬
verte par la membrane buccale ; celle du dessous
est concave et loge la glande maxillaire.
Le bord supérieur est creusé par des cavités nom¬
mées alvéoles, qui reçoivent les racines des dents.
Il varie dans son épaisseur ; sa partie moyenne ,
qui répond aux incisives, est plus mince que ses
parties latérales où s’implantent les molaires. Les
côtés externes et internes présentent des bosselures
et des enfoncemens correspondant aux dents et aux
cloisons alvéolaires. Ces cavités et ces bosselures
sont plus marquées sur le côté externe que sur
l’interne.
Le bord inférieur de la portion moyenne a un
peu plus d’étendue que le supérieur : on l’appelle
communément base de la mâchoire. 11 est recou¬
vert par le peaucier et la peau, à travers laquelle
il forme une saillie remarquable.
Région articulaire ou branche de la mâ¬
choire. Les branches de la mâchoire sont situées
latéralement et postérieurement à son corps ; elles
ont la forme d’un carré long : on y remarque une
face externe'et interne, un bord supérieur, infé¬
rieur, antérieur / postérieur, et trois angles.
La face externe est plane, et donne attache, dans
^ffesque toute son étendue , au muscle masseter.
La face interne est légèrement concave : on
( *5 )
trouve à sa partie moyenne un trou, dont lè con¬
tour irrégulier présente à sa partie antérieure et in¬
terne une espèce d’épine où. s’attache le ligament
latéral interne de l’articulation de la mâchoire avec
le temporal. Ce trou dégénère, dans l’épaisseur du
maxillaire , en un canal qui descend d’arrière en
avant au dessous des alvéoles , avec lesquels il com¬
munique par de petites ouvertures , et se termine
sur la face antérieure du corps de la mâchoire, où
il prend le nom de trou mentonnier : ee canal est
rempli par les vaisseaux et les nerfs maxillaires
inférieurs. Au dessous de l’orifice supérieur du con¬
duit dentaire on voit un petit sillon qui loge un
filet du nerf maxillaire inférieur et un rameau de
l’artère du même nom. Le reste de la face interne
est inégal et donne attache au muscle ptërigoïdien
interne.
Le bord supérieur des branches de la mâchoire
est mince et concave. Le bord inférieur est plus
épais ; il est arrondi et fait suite avec le corps de
la mâchoire.
Le bord antérieur est formé par une ligne qui
descend de l’apophyse coronoïde y et se continue
avec la ligne oblique interne de la mâchoire.
Le bord postérieur est un peu incliné en bas ,
arrondi et recouvert par la glande parotide.
L’angle supérieur antérieur porte le nom cTapo-
( 26 •)
physe coronoïde 5 il est formé par une éminence
pointue qui s’élargit vers sa base. Cette éminence
ou apophyse donne attache extérieurement à des
fibres du masseter, et au muscle temporal à sa partie
interne et à son sommet } elle se partage antérieu¬
rement en deux lignes séparées par une légère exca¬
vation où s’attache le muscle buccinateur. La ligne
antérieure forme le bord antérieur de la branche
de la mâchoire , et se continue avec la ligne oblique
externe} et la postérieure se continue avec le bord
postérieur alvéolaire, et finit supérieurement à l’en¬
droit où se termine la ligne oblique interne de la
mâchoire.
L’angle supérieur postérieur s’appelle condyle.
Il est de forme ovale, et situé de manière que son
extrémité externe est un peu plus en avant que
l’interne. Sa surface présente une convexité qui së
termine par une pente douce en arrière tandis
qu’en avant elle est coupée presque verticalement.
Cette éminence est supportée par une : portion, os¬
seuse , appelée col du condyle de la mâchoire.; Ce
col est courbé en avant} sa partie postérieure, est
convexe ; sa partie antérieure est creusée au côté
interne par un enfoncement qui donne attache au
muscle ptérigoïdien externe. Le condyle de la mâ¬
choire est encroûté par un cartilage } il est reçu
dans la fosse glénoïde du temporal.
( 27 )
L’angle inférieur de la mâchoire est la partie la
plus saillante de cet os à travers la peau. Il donne
attache par son bord externe au muscle masseter,
par son bord interna au ptérigoïdien interne, etpar
son interstice, ou partie intermédiaire aux deux
bords, au ligament stylo-maxillaire.
La mâchoire inférieure est composée d’une sub¬
stance compacte et d ? une substance spongieuse 5
elle est recouverte, de même que les autres os , par
une membrane qui lui est propre, et que l’on ap-
péllepérioste. La mâchoire se développe par deux
points d’ossification qui se réunissent au menton
de très bonne heure * elle s’articule avec les tempo-
raux et les dents. Ses usages son t de prendre les ali-
mens, de les mâcher, de servir à la prononcia¬
tion, etc.
Différence de conformation des mâchoires selon
les âges.
Lés os maxillaires présentent, selon les diverses
époques de la vie, des différences qui mettent à
portée de reconnaître à peu près l’âge du sujet auquel
ils ont appartenu.
Chez le fœtus et à l’époque de la naissance, la
face, a si peu d’étendue, ën comparaison du volume
de l’encéphale et des parois qui le renferment, que
les os maxillaires sont d’une petitesse extrême. A
( 28 )
mesure que l’enfant croit, ils augmentent de vo¬
lume en tout sens. Ce phénomène est produit par le
développement des dents et leur sortie de l’intérieur
des maxillaires, ainsi que par l’accroissement de
leurs sinus.
La mâchoire supérieure chez l’enfant qui vient
de naître est dépourvue de dents, et présente à
peine la trace des sinus maxillaires. Les os maxil¬
laires supérieurs , qui concourent à la former, ne
paraissent, pour ainsi dire , n’exister que par. leurs
apophyse montante et leur bord alvéolaire, sur le¬
quel on voit des bosselures correspondant aux ger¬
mes des dents. Ces germes sont renfermés dans les
espaces alvéolaires, et recouverts par la membrane
palatine, qui prend dans cet endroit le nom de
gencive.
A l âge de deux ans , le volume des maxillaires
est considérablement augmenté par l’apparition des
dents de lait, au nombre de dix : lés bosselures et
les enfoncemens qui correspondent aux alvéoles et
à leur cloison sont plus marqués; mais les sinus
maxillaires et les fosses canines et myrtiformes
sont très peu développés. A quatre ans, l’érup¬
tion des premières grosses molaires rend plus sen¬
sible le développement de ces os : on commence à
voir se dessiner la forme triangulaire des sinus,
quoiqu’ils soient très petits ; les apophyses orbi-
( 2 9 )
tairés sont très aigues et ne contractent aucune adhé¬
rence avec les pommettes. Lorsque la seconde denti¬
tion est achevée , le développement des maxillaires
supérieurs s’opère alors d’une manière remarquable ;
mais celui des sinus marche toujours lentement.
Quand le sujet approche de l’âge adulte, les sinus
maxillaires continuent à se développer ; ils acquiè¬
rent insensiblement leur dimension naturelle, et
finissent par augmenter prodigieusement avec l’âge.
Les tubérosités maxillaires, qui n’existaient point à
la naissance, deviennent alors saillantes; cet accrois¬
sement est du au développement des dents de sagesse,
quirestent, chez certains sujets, renfermées toute
la vie dans leurs alvéoles.
Lorsque ces dents sont parvenues à leur entier
développement, et qu’elles ont fait éruption, la tu¬
bérosité maxillàire s’aplanit et disparaît presque
entièrement : à cette époque, les surfaces articu¬
laires des apophyses malaires sont ordinairement
soudées avec les pommettes.
Chez les vieillards, les tubérosités maxillaires s’ef¬
facent entièrement ; les sinus maxillaires s’agrandis¬
sent, les fosses canines et myrtiformes sont très
marquées, et la face s’alonge : la chute des dents a
bientôt lieu; les alvéoles disparaissent , le bord
alvéolaire s’amincit, les gencives le recouvrent et
finissent par s’endurcir.
( 5o )
La forme de là mâchoire inférieure est plus dis¬
tincte à la naissance que celle de là mâchoire supé¬
rieure y elle est composée de deux pièces osseuses,
qui forment, par leur réunion, la symphyse du
menton : ces pièces se soudent de très bonne heure.
Elles constituent le corps de la mâchoire , sont lé¬
gèrement convexes y et décrivent une concavité as¬
sez apparente vers le bord inférieur, à partir de
l’angle de la mâchoire jusqu’à la symphyse du
menton. Cette symphyse est très saillante, et pré¬
sente latéralement deux petites fossettes.
Les branches de la mâchoire, loin d’avoir dans
l’enfance une direction perpendiculaire, se renver¬
sent en arrière et forment un angle très obtus avec
le corps de cet os. A mesure que l’enfant approche
de l’adolescence, ces branches se redressent et dé¬
crivent une ligne presque droite dans l’âge adulte.
Pendant que ce phénomène s’opère-, les dernières
grosses molaires sortent de leurs alvéoles, et la mâ¬
choire acquiert les dimensions quelle doit conser¬
ver jusqu’à la vieillessè.
-.j Chez lès vieillards, après la chute des dents , les
alvéoles, s’oblitèrent, le bord libre de chaque
mâchoire s’amincit etrse recouvre de la membrane
gencive, qui s’endurcit avec le temps J son corps s’ar¬
rondit, diminue de volume, et semble se diriger
d’avant en arrière et de bas en haut, en se rap-
'( 5i )
piochant de la mâchoire supérieure. La symphyse
du menton, devient alors saillante et forme le men¬
ton de galoche ou la ganache. Quant à ses bran¬
chés ,■ elles s’inclinent un peu; en arrière, en se rap¬
prochant de l’angle obtus : ses angles postérieurs
inférieurs offrent une saillie remarquable sous la
peau , et présentent antérieurement une concavité
sensible. Dans cet état , la face se raccourcit, les
traits du visage se décomposent -, la mastication de¬
vient difficile, la salive est retenue avec peine dans
la bouche, et la prononciation difficullueuse. Heu¬
reusement pour l’homme parvenu à ce degré de dé¬
crépitude, que les gencives s’endurcissent et de-
viennent calleuses , ce qui facilite encore la divi¬
sion des alimens.
Du temporal.
Je parle du temporal dans cet ouvrage, parce
que , avec son semblable, il forme immédiatement
l'articulation des mâchoires , et donne attache aux
principaux musclés qui servent à élever la mâchoire
inférieure: quant aux autres os, je renvoie, pour
leur étude , aux ouvrages qui traitent spécialement
de l’anatomie. A l'exception des parties qui réunis¬
sent le temporal à la mâchoire inférieure, je décri¬
rai rapidement Celui-ci, en renvoyant ceux qui
désireraient plus de développement à l’excellent
( 32 )
ouvrage deM. le professeur Boyer sur cette matière,
et que j’ai pris pour guide dans mes descriptions.
Le temporal est un os pair situé à la partie laté¬
rale inférieure du crâne ; il concourt à former la
face et à l’articulation des mâchoires,. en recevant
dans sa cavité glénoïde , et sur son apophyse trans¬
verse articulaire , le condyle de la mâchoire infé¬
rieure. On le divise en trois portions : la première,
que l’on nomme écailleuse ; la seconde, mastoï¬
dienne ; et la troisième, pierreuse ou rocher.
Portion écailleuse . La portion écailleuse, qui
est plus que demi-circulaire, est située au dessous
et en avant des autres.
La face externe de la portion écailleuse sert à la
formation de la fosse temporale ; elle; donne atta¬
che au muscle du même nom , et loge dans des sil¬
lons qui la parcourent les divisions des artères tem¬
porales profondes. Au bas de cette face on rencontre
une apophyse-qui se porte en avant , et que l’on
appelle zygomatique. Cette apophyse a été divisée
en faces externe et interne, en bords supérieur et
inférieur, en base et en sommet.
La face externe, qui est convexe, la face interne ,
qui est concave, et le bord inférieur, donnent
attache au muscle masseter. Au bord supérieur
s attache l’aponévrose temporale 5 le sommet s’arti¬
cule avec la pommette.
( 33 )
La base de cette apophyse est partagée en deux
parties nommées racines. L’une est dirigée horizon¬
talement d’avant en arrière, et l’autre transversale¬
ment de dehors en dedans. La première de ces
racines est divisée en deux autres, dont l’une, su¬
périeure, donne attache à l’aponévrose temporale,
et l’autre, antérieure, forme une portion du conduit
auditif externe.
La seconde racine, ou racine transversale, est
large et saillante ; elle se dirige un peu obliquement
de dehors en dedans et d’avant en arrière : sa sur¬
face est un peu concave transversalement, convexe
d’arrière en avant , et recouverte d’un cartilage
dans l’état frais, pour s’articuler avec le condyle
de la mâchoire inférieure. Entre les deux racines
de l’apophyse zygomatique et le conduit auditif
externe, on rencontre une cavité ovalaire peu pro¬
fonde, qui loge le condyle de la mâchoire lorsque
la bouche est fermée. Cette cavité est partagée par
une fente transversale, nommée fissure glénoïdale,
qui communique avec la caisse du tympan 5 elle
donne entrée, dans l’oreille interne, au tendon du
muscle antérieur du marteau, et sortie à la corde
du tympan et à l’apophyse grêle de Rau. La partie
antérieure de la cavité glénoïde est articulaire et
reçoit le condyle de la mâchoire 5 sa partie pos¬
térieure n’est revêtue que par un périoste épais ,
3
(34)
semblable à celui qui appartient aux aulres os du
corps humain.
La: face interne de la portion écailleuse est concave
et n’offre de remarquable que des bosselures, des
enfoncemens et des sillons qui logent des divisions
de l’artère méningée ou moyenne de la dure-mère.
Le bord supérieur est taillé en biseau, aux dépens
de la table interne supérieurement, pour s'articu¬
ler avec le pariétal, et antérierement, aux dépens
de la table externe , pour s’articuler avec le sphé¬
noïde.
Portion mastoïdienne . La face externe de la
portion mastoïdienne est convexe et donne attache,
ainsi que l'apophyse mastoïde qui est au bas, aux
muscles sterno-cléido-mastoïdien et splénius. Le
sommet de l’apophyse donne attache au petit com-
- plexus. En dedans dé cette même apophyse se
trouve une rainure derrière laquelle est situé le
trou mastoïdien ] et où s’implante l’extrémité posté¬
rieure du muscle digastrique.
La face interne est concave et traversée par une
gouttière qui loge une portion du sinus latéral ; c’est
dans cette gouttière qu’on aperçoit l’orifice interne
du trou mastoïdien. Le bord supérieur s’articule
avec le pariétal, et le bord inférieur avec l’occi¬
pital.
Portion pierreuse. La face supérieure du rocher
( 55 ) . .
présente à sa partie moyenne Vhiatus Fallopii ,
ouverture communiquant dans l’aqueduc de Fallope,
et par laquelle passe le filet supérieur du nerf vidian
qui chemine, avant d’y pénétrer, dans un sillon
creusé au devant de lhiatus. Cette face fait partie
des fosses latérales et moyennes de la base du crâne.
La face postérieure offre premièrement le trou
auditif interne , dont le fond est percé de plusieurs
ouvertures; la plus grande donne passage à la por¬
tion dure de la septième paire de nerfs qui parcourt
l’aqueduc de Fallope ; les autres livrent entrée à la
portion molle du même nerf, ou portion acoustique,
qui se rend dans l’oreille interne. Au-dessus du trou
auditif interne est situé l’aqueduc du vestibule.
Cette face fait partie de la fosse latérale postérieure
de la base du crâne,
La face inférieure du rocher répond à la fosse
gutturale; elle présente, en procédant d’arrière en
avant, les objets suivans, qui sont : le trou mas¬
toïdien, qui est la terminaison de 1 aqueduc de Fal¬
lope , par lequel sort la portion dure de la septième
paire de nerfs ; l'apophyse styloïde, qui donne
attache au muscle stylo-hyoïdien , stylo-giosse et
stylo-pharyngien , ainsi qu’aux ligarnens styfo -
maxillaire et stylo-hyoïdien ; la fosse jugulaire? qui
loge le golfe de la grande veine de ce nom ; une
facette articulaire, qui se joint avec l’apophyse
5-
( 36 )
jugulaire de l’occipital 3 l’orifice externe du canal
carotidien, par lequel, la carotide interne entre
dans le crâne 3 enfin une surface inégale , où s’at¬
tachent le muscle interne du marteau et le péri-
staphylin interne.
Le bord supérieur est creusé par une gouttière
longitudinale qui loge le sinus pétreux supérieur 3
le bord inférieur s’articule avec la portion infé¬
rieure du bord inférieur de l’occipital, et concourt à
la formation du trou déchiré postérieur 3 le bord
antérieur s’articule avec la grande aile du sphé¬
noïde, qui présente l’orifice interne du canal caro¬
tidien : ce bord forme, avec la portion écailleuse,
un angle rentrant, dans lequel il existe deux trous
dégénérant en canaux, dont l’un, supérieur, donne
passage au tendon du muscle interne du marteau, et
l’autre, plus grand, est l’orifice de la portion os¬
seuse de la trompe d’Eustache.
La base du rocher est percée par le conduit audi¬
tif externe. Le sommet sert à la formation du trou
déchiré antérieur.
Le temporal est composé d’une substance compacte
et d’une substance spongieuse : la substance com¬
pacte du rocher est plus dure que celle des autres
os 3 elle résiste au mordant de la lime. Cet os se dé¬
veloppe par trois points d’ossification 3 son usage
est de former avec son semblable des arcs-boutans
( 3 7 )
qui empêchent les os du crâne de s’écarter en de.-
hors j il sert encore à l’articulation des mâchoires.
Pour mettre le temporal en position, il faut tour¬
ner la portion écailleuse en haut, l’apophyse zygo¬
matique en avant ? et l’apophyse mastoïde en bas et
sur un plan horizontal.
De Varticulation des mâchoires ou temporo -
maxillaire.
L’articulation des mâchoires ou lemporo-maxil-
laire est une double arthrodie qui résulte de la con¬
tiguïté des condyles de la mâchoire inférieure avec
les temporaux. Les parties du temporal qui servent
à cette articulation sont la cavité gîénoïde et la ra¬
cine transversale de l’apophyse zygomatique.
La fosse gîénoïde est de forme ovalaire, et située
transversalement sur le temporal; elle se divise en
deux parties par la fissure glénoïdale. De ces deux
parties , l’une anterieure, plus marquée que la pos¬
térieure, s’articule seulement avec le condyle de la
mâchoire inférieure; l’autre n’est point articulaire.
La racine transverse zygomatique est convexe d’ar¬
rière en avant, et légèrement concave transversa¬
lement; elle est recouverte, de même que la fosse
gîénoïde, par un cartilage très mince, appelé car¬
tilage d’encroûtement.
Les parties articulaires de la mâchoire inférieure
C 38 )
sont ses condyles, éminences ovalaires recouvertes
d’un cartilage qui s’amincit à mesure qu’il approche
du col de ces tubérosités osseuses.
Entre le condylé de la mâchoire et la cavité glé-
noïde on rencontre un fibro-cartilage, appelé liga¬
ment interarticulaire, qui empêché Cès parties de se
toucher immédiatement. Ce cartilage, épais d’une
ligne environ , s’étend aussi sur la racine transverse
zygomatique 3 il est moulé sur cette surface articu¬
laire^ et prend une forme concave du côté du con-
dyîe, et convexe vers la fosse glénoïde 5 sa circonfé¬
rence , qui est fortement unie à la capsule synoviale
articulaire, est plus épaisse qu’à son centre.
Les ligamens qui affermissent l’articulation tempo-
ro-maxillaïre sont une capsule, un ligament latéral
externe, et un ligamentlatéral interne.Certains ana¬
tomistes en reconnaissent deux autres, les ligamens
stylo-maxillaire et stylo-hyoïdien 3 mais comme ces
deux portions fibreuses servent plutôt à multiplier
les attaches des fibres musculaires qu’à maintenir réu¬
nie la mâchoire inférieure avec les temporaux , je
ne décrirai que les trois premiers ligamens.
La capsule, ou ligament orbiculaire, enveloppe
l’articulation temporo-maxillaire 3 sa face interne
est mouillée par la synovie, excepté 4 l’endroit où
ce ligament adhère au fibro-cartilage articulaire 3 sa
face externe est recouverte en dedans et en dehors
( 39 )
par les ligamens latéraux, en arrière par la glandé
parotide, et en avant par le muscle ptérigoïdien ex¬
terne , qui s’y attache par quelques fibres. Ce liga¬
ment s’attache supérieurement à la partie antérieure
de l’apophyse transverse zygomatique, et à la par¬
tie postérieure de la portion articulaire de la fosse
glénoïde; inférieurement il s’attache autour du col
du condy le maxillaire. Cette capsule secrète la sy¬
novie et en prévient l’effusion.
Le ligament latéral externe s’étend de l’extrémité
externe de l’apophyse articulaire du temporal au
condy le de la mâchoire. Il est mince et étroit, re¬
couvert par la glande parotide et la peau, et recou¬
vre à son tour la capsule.
Le ligament latéral interne s’étend de l’apophyse
épineuse du sphénoïde au côté interne de l’orifice
postérieur du conduit dentaire inférieur : sa partie
inférieure est plus large que la supérieure, par la¬
quelle il est en contact avec la capsule ; inférieure¬
ment il est séparé du col du co ndy le par l’artère
maxillaire interne, les vaisseaux et le nerf dentaire
inférieur.
Les muscles masseters temporaux et ptérigoïdiens
qui servent à mouvoir les mâchoires sont aussi les
organes d’où l’articulation tempoco-maxillaire tire
le plus d’affermissement.
( 4o )
Articulation de la tête avec la colonne
vertébrale.
L’articulation de la tête avec la colonne ver¬
tébrale est une double artbrodie 3 elle est formée
par le contact des condyles de l’occipital avec les
masses latérales de la première vertèbre du cou
appelée atlas.
Les condyles sont deux éminences oblongues, si¬
tuées sur les parties latérales du grand trou occipi¬
tal : leur direction est oblique de dehors en dedans
et d’arrière en avant 3 ils sont recouverts d’un carti¬
lage d’encroûtement.
Les masses latérales de la première vertèbre du
cou présentent supérieurement une cavité oblongue
ayant la même direction que le condyle de l’occi¬
pital qu’elle reçoit : ces cavités sont enduites par un
cartilage.
La réunion des condyles de l’occipital avec l’at¬
las a lieu par une capsule et deux ligamens, dont
l’un est antérieur et l’autre postérieur.
La capsule enveloppe l’articulation occipito-at-
loïdienne 3 elle se fixe supérieurement autour du
condyle de l’occipital, et inférieurement autour de
la cavité articulaire de l’atlas.
Le ligament antérieur, formé de trousseaux li¬
gamenteux , s’étend de l’arc antérieur delà première
( 4i )
vertèbre du cou à la partie antérieure du grand trou
occipital; il est recouvert par les muscles grands
droits antérieurs de la tête, et recouvre les liga-
mens latéraux de l’apophyse odontoïde de la seconde
vertèbre du cou, dont il est séparé par du tissu
cellulaire.
Le ligament postérieur s’étend de l’arc postérieur
delà première vertèbre à la partie postérieure de
l’occipital ; il est recouvert par le muscle petit droit
postérieur de la tête : ce ligament forme, avec l’é¬
chancrure supérieure de l’atlas, un trou par lequel
passent l’artère vertébrale et le nerf sous-occipital.
L’articulation atloïdo-occipitale est surtout af¬
fermie par les ligamens latéraux de l’apophyse, odon¬
toïde et par les muscles qui meuvent la tête sur le
cou : elle ne peut exécuter que des mouvemens très
bornés et à peine sensibles.
Des dents.
Les dents sont des corps blanchâtres de la na¬
ture des os, dont elles diffèrent par leur dureté et
l’émail qui les recouvre. Chez l’adulte, les dents
sont au nombre de trente-deux , seize à chaque mâ¬
choire. D’après leur forme et les fonctions qu’elles
sont chargées de remplir, on les divise en incisives,
en canines, en petites et en grosses molaires.
On compte à chaque mâchoire quatre incisives ,
( 4 * )
deux canines, quatre petites molaires et six grosses.
Ces dents «ont disposées de manière qu’on en compte
huit de chaque côté de la ligne médiane des mâ¬
choires, savoir, deux incisives, une canine, deux
petites molaires et trois grosses; d’où il résulte que
pour les deux mâchoires il y a huit incisives ,-qua¬
tre-canines, huit petites molaires et douze grosses.
Outre les formes propres à chacune de ces espèces
de dents, il existe entre elles des particularités qui
les font distinguer les unes des autres.
On divise la dent en trois parties distinctes , le
corps' on la couronne, la racine, et le collet.
Le corps ou la couronne forme la partie supé¬
rieure de la dent'J il est recouvert par l’émail et
situé hors de l’alvéole : c’est lui qui sert à l’orne¬
ment de la bouche.
La racine est la portion de la dent où elle se ter¬
mine 5 elle est enchâssée et fixée dans le bord alvéo¬
laire : son sommet est percé par une ou plusieurs
ouvertures, par lesquelles passent les vaisseaux et
les nerfs qui leur donnent la vitalité.
Le collet est une ligne, plus ou moins appa¬
rente , intermédiaire entre la couronne et la racine ;
il donne attache à la membrane gencive , qui y
adhère fortement.
Des incisives. Les incisives sont au nombre
de quatre à chaque mâchoire, et occupent la partie
( 43 )
moyenne du bord alvéolaire. Leur couronne a la
forme d’un eoin trancha ut vers sa partie supé¬
rieure : on la divise ën face externe, en face in¬
terne, en deux côtés et un sommet. La face externe
est lisse et correspond aux lèvres ; la face interne
est légèrement concave et rugueuse : elle regarde
l’intérieur de la bouche ; les côtés ressemblent à
un triangledout la base serait tournée vers la r acine'$
le sommet est un bord tranchant taillé en biseau
aux dépens de la table antérieure ou externe pour les
incisives inférieures , et de là table postérieure pour
les incisives supérieures 3 de manière que ces dents
se rencontrent à fin star des lames de ciseaux.
Les racines des incisives sont unique et de forme
conique : elles présentent quatre côtés, l’un an¬
térieur, l’autre postérieur arrondi, et deux côtés
latéraux , sur lesquels on remarque un sïUon longi¬
tudinal. Leur sommet est percé par une ouverture
d’autant plus étroite que le sujet est plus avancé en
âge ; cette ouverture donne passage aux vaisseaux
et aux nerfs qui pénètrent dans leur cavité.
Le collet des incisives est formé par deux lignes
courbes qui se réunissent à angle aigu sur lés par¬
ties latérales de leur corps , près de leur bord
tranchant. La convexité du -collet est tournée en
haut pour les incisives supérieures, et en bas pour
les inférieures.
( 44 )
Les incisives supérieures sont plus larges que les
-inférieures. Ce quil y a de remarquable, c’est que
les incisives moyennes supérieures ont plus de lar¬
geur que les latérales , et que l’inverse a lieu pour
les incisives inférieures.
Des canines. Les dents canines, auxquelles on
.donne encore le nom de lanière et de cuspide,
sont plus fortes que les incisives 5 elles affectent la
forme d’un cône , ce qui les a fait appeler par l’il¬
lustre professeur Chaussier dents conoïdes. Leur
corps est convexe et lisse en avant, et légèrement
concave , et rugueux en arrière 5 leurs cotés sont
étroits et moins aplatis que ceux des incisives j
leur sommet se termine en pointe.
Les racines des dents canines sont ordinairement
uniques et très fortes ; elles sont convexes en avant
et en arrière ,et légèrement creusées sur leurs côtés
par un sillon longitudinal : leur sommet est percé
d’une petite ouverture. Le collet ne diffère que
très peu de celui des incisives. Les canines inférieures
sont moins fortes et plus courtes que les supé¬
rieures, qui pénètrent parfois très haut dans l’épais¬
seur de 1 apophyse montante du maxillaire supé¬
rieur.
Des petites molaires. Les petites molaires ou
bicuspides sont situées entre les canines et les
grosses molaires y elles occupent les parties laté-
( 45 )
raies de la bouche. Leur couroüne présente quatre
côtés ; le côté externe est plus large que les autres :
ils sont tous convexes. Le sommet est surmonté de
deux tubercules, dont l’externe est -plus saillant
que l’interne. Le collet est pour ainsi dire circu¬
laire.
La racine des petites molaires est unique ou bi-
furquée ; elle offre deux orifices très petits , qui
donnent passage aux vaisseaux et aux filets de nerfs
qui se rendent à la pulpe dentaire.
Des grosses molaires . Les grosses molaires ou
mâchelières terminent les arcades dentaires 5 elles
sont au nombre de trois à chaque côté des mâ¬
choires : la première est plus grosse que les autres ■
vient ensuite la seconde, puis la troisième, qui est
la plus petite.
Le corps ou la couronne de ces dents est a peu
près de forme quadrilatère. Les faces externe et
interne sont plus convexes que les deux autres. Le
sommet présente ordinairement quatre tubercules ,
séparés par deux sillons qui s’entre-croisent. Quel¬
quefois on en trouve plus de quatre ; alors il existe
plus de sillons. Le collet a plus d’étendue que ce¬
lui des autres dents ; il affecte la même direction
que le corps de ces molaires.
Les racines sont au nombre de trois ou de quatre ÿ
quelquefois on en trouve cinq : elles sont isolées
( 46 );
jusqu’à leur collet, ou bien grouppées et réunies
entre elles. 11 est à remarquer que les molaires de
la, mâchoire inférieure n’ont ordinairement que
deux racines : ce phénomène provient sans doute
de ce que cette mâchoire, étant plus dense que la
supérieure, oppose par conséquent une plus grande
résistance à leur développement.
Toutes les dents ont une cavité intérieure qui
varie de forme et d’étendue, selon l’ordre auquel
elles appartiennent. Cette cavité est triangulaire
dans les incisives , conique dans les canines , ova¬
laire dans les petites molaires, et quadrilatère dans
les grosses. Les cavités dentaire^ s’étendent du som¬
met de la couronne au collet, où l’on voit l’orifice
interne des conduits des racines par lesquels pé¬
nètrent les vaisseaux et les nerfs qui sont chargés
d’entretenir leur vitalité. Les conduits creusés dans
les racines des dents deviennent d’autant plus étroits
que le sujet est avancé en âge ; ils finissent même
par s’oblitérer dans la vieillesse. '
Les dents sont composées d’une substance com¬
pacte très dure nommée éburnée, et d’une couche
d’émail qui en recouvre le corps. Elles se déve¬
loppent par un seul point d'ossification, qui com¬
mence par le sommet de la couronne.
D après la description que je viens de donner,
on voit que les incisives ouvrent la série des dents
( 47 )
qui arment le bord alvéolaire de chaque mâchoire,
que les grosses molaires la terminent, et que les
canines et les petites molaires occupent l’espace in¬
termédiaire.
L’arrangement des dents sur le bord alvéolaire
des mâchoires décrit deux moitiés d’ovale qui se
replient sur elles-mêmes , comme le ferait une char¬
nière, de manière à së toucher immédiatement.
Lorsque ces deux portions, qu’on nomme arcades
dentaires , l’une supérieure et l’autre inférieure,
sont adossées par leur base , elles décrivent un
ovale pour ainsi dire complet. Cette formé ova¬
laire est déterminée par celle des mâchoires, qui
est semi-ovale.
Les arcades dentaires sont formées par la cou¬
ronne des dents. On les divise en face externe con¬
vexe tournée en avant, en face interne concave
dirigée en arrière ; en bord regardant en haut
pour la mâchoire inférieure, et en bas pour là su¬
périeure. D’après la conformation et le volume dés
dents, la partie moyenne des arcades dentaires, où
sont situées les incisives, est étroite, au lieu que
la partie postérieure , où se trouvent les molaires,
est beaucoup plus large. Les incisives et les cani-
ues sont disposées de manière que , la bouche
étant fermée, elles glissent les unes sur les autres
eomme .des lames de ciseaux; tandis que les mo-
( 48 )
laires se rencontrent et s’appuient à l’instar de te¬
nailles.
D’après la disposition des dents sur leurs bords
alvéolaires, la face externe des incisives et des ca¬
nines est antérieure, et celle des molaires latérale.
Cette disposition tient à ce que, à mesure que les
dents s’éloignent de la ligne médiane, elles devien¬
nent de plus en plus postérieures.
De Varticulation des dents.
Les dents s’articulent par gompbose avec les mâ¬
choires. Cette articulation immobile résulte de la
réception d’un corps conoïde dans une cavité qui
l’environne de toute part, et sur lequel elle est pour
ainsi dire moulée. Les cavités qui reçoivent les dents
sont creusées sur le bord libre des mâchoires, et pren¬
nent le nom d’alvéoles. Les alvéoles affectent la
forme des racines des dents qui s’y implantent ; ces
dernières sont en outre retenues par la membrane
gencive et les vaisseaux et les nerfs qui pénètrent
dans leurs cavités.
Particularités relatives aux dents.
Suivant l’opinion de quelques auteurs, le nombre
des dents varie à un tel point, qu’on a prétendu en
avoir rencontré jusqu’à trois rangées, ce qui est peu
digne de foi. Il arrive cependant qu’il s’en trouve
( 4 9 )
plus que de coutume; mais ces dents, appelées sur-
numéraires, ne sont toujours que des dents de. lait,
qui, pendant le travail de la seconde dentition, au
lieu d’être chassées au dehors des alvéoles 3 y sont
au contraire retenues par une pression latérale que
déterminent les dents de remplacement en les . te¬
nant, lors de leur éruption, serrées contre les parois
alvéolaires. Il résulte de laque, les. dents de la pre¬
mière dentition n’étant pas expulsées, les dents se¬
condaires ne peuvent occuper leur place naturelle :
aussi les voit-on dévier tantôt en ayant, tantôt en
arrière, et tantôt sur les côtés, enfin dans un sens
opposé aux dents de lait ; ce qui fait paraître les
mâchoires comme armées d’une double rangée de
dents.
Il est quelques anatomistes qui, pour prouver les
doubles rangées de dents, prétendent que leur sortie
des alvéoles a quelquefois lie.u dans un âge avancé :
mais rien n’est moins concluant que ce phénomène ;
car il arrive très souvent que , lorsque les dents de
lait résistent trop long-temps aux efforts de celles
de la seconde dentition, elles ne peuvent être ex¬
pulsées; alors les dents secondaires , arrêtées dans
leur développement , restent ensevelies dans, l’é¬
paisseur des mâchoires. C’est pourquoi chez cer¬
tains sujets où l’on supposait la dentition complète,
lorsqu’une cause accidentelle amène la chute, de
■ 4 .
( 5o )
dents circon voisines, celles qui n’avaient pu jus¬
qu alors faire éruption, n’étant plus gênées dans leur
accroissement, se montrent sur le bord alvéolaire.
Ce qui vient sur-tout à l’appui de cette assertion,
c’est que les dents que l’on prendrait pour le pro¬
duit d’un troisième germe correspondent toujours
aux. dents de lait ou dents de la première dentition.
Loin de trouver un nombre de dents plus grand
que de coutume, on en observe souvent un plus
petit. Ce nombre varie depuis vingt-quatre jusqu’à
trente - deux ; celui de vingt - huit est fréquent ,
celui de vingt-quatre Test infiniment moins. Lors¬
qu’il n’existe que vingt-huit dents , ce phéno¬
mène yient-de ce que les quatre dernières grosses
molaires restent parfois renfermées toute la vie dans
leurs alvéoles ; il est même rare de trouver des su¬
jets chez lesquels ces dents parviennent à leur entier
développement: aussi les appelle-t-on, pour cette
raison, dents tardives ou dents de sagesse. Quand
on ne rencontre que vingt-quatre dents, dont vingt
ont été renouvelées, ce qui complète la dentition
de 1 enfant, c’est qu’une cause accidentelle a em-
peche la sortie des dernières grosses molaires ; cir¬
constance qui pourrait, mais à tort, faire croire à
l’existence d’un troisième germe dentaire, attendu
que-, dans un âge-u\^fi^é^ 4 qrsque le sujet a perdu
plusieurs den^^mbîàï^ restées jusqu’alors
( 5i )
stationnaires, prennent de l’accroissement et font
éruption. .
tes dents de la mâchoire inférieure sont en gé¬
néral plus courtes, moins fortes et moins .enraci¬
nées cpie celles de la mâchoire supérieure.
Les racines des canines supérieures sont parfois
si longues, qu’elles s’étendent jusque dans l’épais¬
seur de la base de l’apophyse montante f de l’os maxil¬
laire jusqu’au-dessous de l’orbite.. Cette disposition
peu naturelle les a fait appeler dents oeillères par
le vulgaire trop crédule , qui s’itpagine que ces ra¬
cines ont avec l’œil une adhérence telle, qu’on peut
l’arracher lorsqu’on fait leur extraction. Il est très
rare de les voir pénétrer dans les sinus maxillaires.
Les canines inférieures ont parfois deux racines qui
sont isolées jusqu’à leur collet.
Les petites .molaires n’ont jamais qu’une ou deux
racines ; celles, des grosses ne, dépassent point le
nombre de cinq. Les premières-grosses^molaires ont
ordinairement pîus^ de racines que les dernières )
elles sont ajussi. plus,écartées, surtout pour la mâ¬
choire supérieure. Viennent ensuite les secondes
grosses molaires, et enfin les troisièmes, dont les
racines sont presque toujours réunies et groupées,
qe, qui leur donne la forme d’un cône : .elles ont en
outrç . très peu d’étendue, et restent souvent dans
un état de, développement imparfait, _ ,. _
( 5* )
La longueur des racines des grosses molaires ët
leur rapprochement en forme de crochet consti¬
tuent les dents barrées. Toutes les racines des dents
sont susceptibles de contracter cette disposition
vicieuse.
D’après la conformation des mâchoires et l’arran¬
gement des dents sur leur bord alvéolaire, on peut
diviser ces dernières en supérieures et en inférieu¬
res , en droites et en gauches. Cette dernière division
est d’autant plus importante à connaître pour le chi¬
rurgien dentiste, qu’appelé par état à remédier aux
difformités de la bouche il doit s’attacher à bien
étudier la symétrie des organes qui servent à l’orne¬
ment du visage.
Des muscles qui meuvent les mâchoires.
Les muscles qui meuvent les mâchoires sont ceux
qui les élèvent (élévateurs), ceux qui les abaissent
(abaisseurs), enfin ceux qui produisent les mouve-
mens latéraux (diducteurs). La mâchoire inférieure
peut encore se mouvoir d’arrière en avant sur la
supérieure.
Les muscles sont des corps rougeâtres plus ou
moins volumineux , composés de fibres appelées
motrices, ainsi que de tendons qüi servent à les fixer
aux os 3 ils déterminent le mouvement. Afin de bien
concevoir l’attache des muscles dont je vais parler,
( 53 )
il est nécessaire de donner auparavant une descrip¬
tion succincte de l’os hyoïde et du cartilage thy¬
roïde qui occupent la partie antérieure du cou,
auxquels s’attachent, pour ainsi dire, tous les mus¬
cles qui abaissent la mâchoire inférieure.
\J hyoïde est situé à la partie moyenne supérieure
et antérieure du cou , entre la base de la langue et
le larynx, et devant la colonne vertébrale, sur la¬
quelle il est appuyé. Cet os' est composé de cinq
pièces , une moyenne ou corps, deux latérales ou
grandes cornes , et deux autres appelées petites
cornes, placées entre la portion supérieure du corps
et les grandes cornes.
L’hyoïde est uni à la langue par des muscles, au
larynx par la membrane thyro-hyoïdienne et les
ligamens ronds , aux apophyses styloïdes du tem¬
poral par les ligamens stylo-hyoïdiens qui partent
de ses petites cornes , enfin à la mâchoire inférieure
au moyen des muscles dont je donnerai plus bas la
description.
Le cartilage thyroïde est situé à la partie supé¬
rieure et antérieure du larynx; sa forme est quadri¬
latère : il importe seulement de connaître sa face
antérieure. Cette face est partagée en deux portions
latérales, légèrement obliques d’avant en arrière,
par une crête saillante, plus marquée chez l’homme
que chez la femme ; de plus par une crête transver-
£54 )
sâfe'ijul côupe horizontalement la première. Le car-:
litage thyroïde est uni à l’hyoïde par la ïnembrânë
thyrô-hyoïdienne , et les lïgamens ronds qui s’éten¬
dent des gràndeâ cornes de ce cartilage a'c'ellès de
l’os hyoïde | il se joint iüférieürëméntr au cartilage
crîcoïde par la membrane fcrico-thyroïdienhe ? et
par le moyen de ce dernier il s’unit à la trachée-
artère.
Muscles, .élévateurs de la mâchoire inférieure ..
Les muscles élévateurs de la mâchoire inférieure
sont le masseter , le ptérigoïdien interne et le
temporal.
, ..*, f .,v .. ,Du masseter.\ ; . u , ,
"Le masseter est situé sur la face latérale de la
tête; à la partie postérieure de là joué. Il s’attache
supérieurement au Bord inférieur de, Fapôphysé
éygdmâtiqüè dü tëmporal, à l’os de la pommette èt
à l’éminence malaire de l’os maxillaire supérieur 1 ;
il est attaché inférieurement aü bord inférieur de
la inâchéiré ' inférieure et à la lèvre externe de
l’ahgle de cet o'st ■ ' v- a-
La Lace externe' du masseter est recouverte par
les'musclès orbicûIâÏTës deS'p âüpièrésy le grand et
le petit zÿgomàfiqùesy lë peauciër, le céndüit sâli-
Vairë de Stenori, lâ^portion' dure de là septième
paire de nerfs , 1 artere faciale et la peau. Sa face
( 55 )
in terne recou vre la branche de la mâchoire,à la¬
quelle elle s’attache, et le buccinateur, dont elle
est séparée par une grande quantité de graisse.
Le masseter est très épais5 il jouit, de même
que le ptérigoïdien et le temporal, d’une force de"
contraction considérable. Il est formé de fibres
charnues et d’aponévroses très résistantes. Ce muscle .
élève la mâchoire inférieure contre la supérieure,
ou il tient les dents inférieures rapprochées et très
serrées contre les supérieures ; il abaisse aussi la
mâchoire supérieure.
Du ptérigoïdien interne.
Le ptérigoïdien interne est congénère du-massetef,
et occupe la partie interne de la branche de la
mâchoire, de même que le dernier en occupe la
face externe.
Ce muscle s’attache supérieurement dans la fosse
ptérigoïde du sphénoïde, et inférieurement à la
face interne de la branche de la mâchoire , ainsi
qu’à la lèvre interne de son angle inférieur.
La face externe du ptérigoïdien répond à la
branche de la mâchoire où elle s’attache 3 elle en est
séparée supérieurement par un intervalle dans lequel
passent les branches linguales et dentaires du maxiL
laire inférieur. On rencontre encore dans cet in¬
tervalle l’artère dentaire inférieure et le ligament
( 56 )
latéral interne de l’articulation temporo-maxillaire.
Sa face interne correspond au muscle pérista-
phylin externe et au constricteur supérieur du
pharynx , ainsi qu’à la glande maxillaire et à la
muqueuse de la touche.
L’usage dé ce muscle est d’élever la mâchoire
inférieure et de la porter en avant; en même
temps il abaisse légèrement la mâchoire supérieure.
Il ne peut agir sans que le masseter entre en con¬
traction, et vice versa.
Du temporal.
Le temporal est renfermé dans la fosse du même
nom, qu’il remplit entièrement; il est situé plus
haut que les deux muscles précédons, et s’attache
supérieurement à toute la ligne décrite autour de
cette fosse ; sa circonférence est large et mince : in¬
férieurement il est étroit et épais, passe en dedans
de l’arcade zygomatique, et va s’attacher au som¬
met de l’apophyse coronoïde de la mâchoire infé¬
rieure , qu’il enveloppe de toute part.
Sa face externe est recouverte par l’occipito-
frontal et les muscles auriculaires antérieur et pos¬
térieur, par l’aponévrose temporale , les vaisseaux
et les nerfs temporaux superficiels, enfin par l’ar-
çade zygomatique, le masseter et la peau. Sa face
interne s’attache à toute la fosse temporale, et rç-
(■'57 )
couvre le ptérigoïdien externe , l’artère maxillaire
interne, et le buccinateur, dont il est séparé par
une couche de graisse.
Le temporal élève la mâchoire inférieure et la
serre contre la supérieure , qu’il abaisse légèrement.
Lorsque la mâchoire inférieure est portée en avant,
de manière que les incisives inférieures dépassent
les supérieures, il la ramène en arrière. La force
réunie des muscles masseters, ptërigoïdiens et tem¬
poraux, qui agissent toujours simultanément, est
telle, qu’elle est inappréciable chez certains sujets.
Des muscles abaisseurs de la mâchoire
Les muscles abaisseurs de la mâchoire inférieure
sont le peaueier, l’omoplat-hyoïdien, le sterno-
hyoïdien, le sterno-thyroïdien, le tbyrô-hyoïdien,
le digastrique,le mylo-hyoïdien, le génio-hyoïdien,
et le stylo-hyoïdien.
Du peaueier .
Le peaueier est situé sur les parties latérales et
antérieures du cou; il est large, mince et sous-
cutané : supérieurement il s’attache à la partie in¬
férieure de la symphyse du menton, à la ligne
oblique externe de la mâchoire inférieure, ainsi
qu’à la commissure des lèvres ; inférieurement il
( 58 )
adhère au tissu cellulaire sous-cutané, qui recouvre
la partie supérieure de la poitrine et le moignon
de Tépaule.
La face interne , de ce muscle recouvre le deltoïde,
le grand pectoral, la claviçule, le sterno-cléido-
mastoïdien, l’omoplat-hyoïdien, le sterno-hyoïdien,
le sterno-thyroïdien, le thyro-Jbyoïdien, la veine
jugulaire externe, l’artère carotide, une portion de
la glande parotide, la glande maxillaire, les mus¬
cles digastrique , mylo-hyoïdien, masseter et buc-
cinateur, le corps de la mâchoire et f artère labiale.
La face externe du peaucier est recouverte par la
peau, à laquelle il adhère fortement par un tissu
cellulaire serré.
Ce muscle abaisse la commissure des lèvres ,
fronce la peau du cou, et contribue à l’abaisse¬
ment de la mâchoire inférieure.
De romoplat-hjoidien.
L’omoplat-hyoïdien est situé sur la partie laté¬
rale et antérieure du cou. Il s’attache inférieurement
au bord supérieur de l’omoplate, derrière son échan¬
crure; supérieurement il est attaché à la partie la-'
téraje et inférieure du corps de l’os hyoïde. Ce muscle
recouvre en { partie les scalènes, les nerfs cervicaux,
l’artèrejçarptide,, la veine jugulaire interne, les vais¬
seaux thyroïdiens supérieurs, et les muscles sterno-
( â 9 )
et thyro-hyoïdiens ; il est recouvert; par lé trapèze,
le peaucier, la clavicule et le Sterno-cléïdo-mas-
toïdien* : mi fii '-.l- tr t r --i'.
• L ? omoplalJiyoïdien abaisse l’os hyoïde et le porte
en arrièrelorsqu’ils agissent ensemble, ils l’abais-
sent et le portent un peu en arrière j quand l’hyoïde
est fixé \ ils contribuent à rabaissement de la mâ-
choire inférieure.
Du sterno-hyoïdien.
- Le sterno-hyoïdien est ; situé à la partie moyenne
et-antérieure du cou5 ^ s’attache supérieurement au
bord inférieur du corps de l’os hyoïde, et inférieu¬
rement à la partie supérieure de la face postérieure
du sternum. Ce muscle est plus large inférieurement
que supérieurement 5 il est recouvert par les mus¬
cles peaùcier, sterno-cléïdo-mastoïdien et .l’omo-
plât-hyoïdiën. Il recouvre les muscles sterno-thy^-
roïdien et thyro-hyoïdien , la glande thyroïde, les
vaisseaux thyroïdiens supérieurs, le larynx, et les
muscles crico .et thym-hyoïdiens. , &
Le sterno-hyoïdien abaisse l’os hyoïde j et ,leire-r
tient en bas pendant-que les muscles attachés à sa
partie supérieure abaissent la mâchoire.
Du s terno-thyroïdien.
Le sterno-thyroïdien occupe la partie antérieure
( 6o )
du cou y il s’attache supérieurement à la ligne ho¬
rizontale du cartilage thyroïde, et inférieurement
à la partie supérieure de la face postérieure du
sternum. Ce muscle est recouvert par le sterno-
hyoïdien, l’omoplat-hyoïdien et le sterno-cléido-
mastoïdien ; il recouvre la veine sous-clavière, la
jugulaire interne, la trachée-artère, l’artère, caro¬
tide , la glande thyroïde, les vaisseaux thyroïdiens
supérieur et inférieur, les muscles crico-thyroïdien
et constricteur inférieur du pharynx.
Le sterno - thyroïdien abaisse le larynx et l’os
hyoïde, en se réunissant avec le thyro-hyoïdien,
et contribue ainsi à l’abaissement de la mâchoire
inférieure.
Du thyro-hyoïdien .
Le thyro-hyoïdien est situé à la partie antérieure
du cou. Il s’attache supérieurement au bord in¬
férieur du corps de l’os hyoïde, et inférieurement
à la ligne oblique du cartilage thyroïde.
Ce muscle est recouvert par le sterno-hyoïdien
et le peaucier • il recouvre le. cartilage thyroïde
et la membrane thyro-hyoïdienne.
Le thyro-hyoïdien rapproche l’os hyoïde du la-
rynx, et contribue , avec le sterno-thyroïdien, à
l’abaissement de la mâchoire inférieure.
Du digastrique.
Lè digastrique est situé à la partie supérieure et
latérale du cou. Ce muscle est formé de deux por¬
tions charnues, séparées par un tendon grêle qui
en forme la partie moyenne. Ce tendon, qui a en¬
viron deux pouces et demi de longueur , traverse
l’extrémité inférieure du muscle stylo-hyoïdien ,
puis s’engage dans une espèce d’anneau aponévro-
tique, qui se fixe au corps de l’os hyoïde. Ce
tendon descènd obliquement d’arrière en avant
et de haut en bas, à partir dé la portion char¬
nue postérieure ; ensuite, après être sorti de son
anneau aponévrotique, il se contourne de bas en
haut en formant une espèce de coude, et se continue
avec la portion charnue antérieure.
La portion charnue antérieure, appelée ventre
postérieur du digastrique, qui s’attache dans la rai¬
nure mastoïdienne , se dirige de haut en bas et de
dehors en dedans vers l’hyoïde. Cette portion est
recouverte par le petit complexus, le splénius de la
tête, le sterno-cleïdo-mastoïdien et la glande maxil¬
laire. Elle recouvre les muscles stylo - hyoïdien,
stylo-glosse et stylo-pharyngien, les artères caro¬
tides interne et externe, la veine jugulaire interne ,
les artères labiale et linguale, et le nerf grand hy¬
poglosse.
( c 2 )
La portion charnue antérieure, ou ventre anté¬
rieur du digastrique, s’attache dans une fossette
triangulaire située sur la partie inférieure de la
face postérieure du corps de la mâchoire; elle est
recouverte par le peaucier,-et elle recouvre les mus¬
cles hyo-glosse et génio-liyoïdien.
Les deux portions charnues du digastrique ser¬
vent a l’abaissement de la mâchoire; la postérieure,
en fixant l'hyoïde conjointement avec les muscles
placés au-dessous de cet os ; et-1 ? antérieure, en agis¬
sant directement sur le corps de la mâchoire, lors¬
qu’elle est portée en avant. Ce muscle la tire en ar¬
rière et la ramène à sa position naturelle. Le digas¬
trique peut, par sa portion antérieure, élever l’os
hyoïde lorsque la mâchoire est fixée ; et quand sa
portion postérieure agit smv la tète, il contribue à
l’élévation de la mâchoire supérieure.
Du mylo-hjoïdién .
Le mylo-hyoïdien est situé à la partie antérieure
du cou. Il s’attache supérieurement à presque toute
la ligne oblique interne de la mâchoire, et inférieu¬
rement à la partie moyenne et supérieure du corps
de l’os hyoïde. Ce muscle est recouvert parle digas¬
trique, le peaucier et la glande maxillaire ; il. re¬
couvre le génio-hyoïdien, le génio-glosse, l’hyc-
glosse, la glande suhinguaîe, le conduit salivaire de
( 63 )
Warton, et la branche linguale du nerf maxillaire
supérieur.
Le mylo-hyoïdien élève l’os hyoïde et le porte
en avant. Lorsque l’hyoïde est fixé, et que ces deux
muscles agissent ensemble, la mâchoire inférieure
est abaissée ; et, par les secousses qu’ils impriment
aux glandes sublinguales, ils excitent la salive à
couler dans la bouche.
Du génio-hyoïdien.
Le génio-hyoïdien est situé à la partie supérieure
et antérieure du cou. Il s’attache supérieurement à la
partie inférieure de l’apophyse génie , et inférieure¬
ment à la partie supérieure dé l’os hyoïde.
Ce muscle est recouvert par le mylo-hyoïdien
et le digastrique 5 il recouvre le genio-glosse et Ï’hyo-
glosse.
Le génio-hyoïdien élève l’os hyoïde et le porte
en avant ; quand l’hyoïde est fixé , iF abaisse la mâ¬
choire inferieure.
Du stylo-hyoïdien.
Le stylo-hyoïdien est situé sur la partie latérale
du cou j il s’attache supérieurement à l’apbphyse'sty-
loïdé du temporal,' èt inférieurement atx corps de
l’os hyoïde.' ‘ !
Ce muscle est reêouvert par le digastrique ; il re-
( 64 )
couvre l’artère carotide interne, la veine jugulaire
interne,le stylo-glosse, le stylo-pharyngien , les ar¬
tères labiale et linguale, le nerf grand hypoglosse,
et le muscle hyo-glosse.
Le stylo-hyoïdien élève l’hyoïde et le porte un
peu en arrière et de côté 5 lorsqu’il agit sur la tête,
il détermine l’élévation de la mâchoire supérieure.
Il peut, en fixant l’os hyoïde avec son semblable,
contribuer à l’abaissement de la mâchoire infé¬
rieure.
Du ptérigoïdien externe.
Le ptérigoïdien externe, d’après les mouvemens
qu’il fait exécuter à la mâchoire inférieure, ne peut
être compris dans les deux séries de muscles que je
viens de décrire : il est diducteur.
Ce muscle est situé dans la fosse zygomatique ;
son extrémité interne s’attache à la face externe et
au bord postérieur de l’aile externe de l’apophyse
ptérigoïde, à la tubérosité de l’os du palais, et à la
grande aile du sphénoïde, où il est traversé par l’ar¬
tère maxillaire interne. Son extrémité externe s’at¬
tache dans une petite fossette que l’on remarque à
la partie interne et antérieure du col du condyle
de la mâchoire, ainsi qu’au ligament capsulaire et
au bord antérieur du ligament interarticulaire.
La face externe du ptérigoïdien est couverte par
( 65 )
le temporal 3 la face interne recouvre le ptérigoïdien
interne, le nerf maxillaire inférieur , le ligament la¬
téral interne de l’articulation de la mâchoire, et
l’artère méningée ou moyenne de la dure-mère 3
supérieurement il est en rapport avec la paroi su¬
périeure de la fosse zygomatique et avec les bran¬
ches temporales et massetérines du nerf maxillaire
supérieur.
Ce muscle tire en avant le condyle de la mâchoire
inférieure, en dirigeant le menton en avant et de
côté 3 lorsque les ptérigoïdiens se contractent simul¬
tanément , ils portent la mâchoire directement en
avant.
Du buccinateur.
Le buccinateur est situé dans l’épaisseur de la
joue. Il s’attache supérieurement au côté externe
du bord alvéolaire supérieur 3 en arrière, à une apo¬
névrose qui lui est commune avec le constricteur
supérieur du pharynx 3 en avant, à la commissure
des lèvres 3 et inférieurement, au côté externe du
bord alvéolaire supérieur.
Ce muscle est traversé par le conduit excréteur
de la glande parotide qui s’ouvre vis-à-vis la troi¬
sième dent molaire 3 il est recouvert extérieurement
par le temporal, le masseter, le grand et le petit
zygomatiques le peaucier , le triangulaire des
5
( 66 )
lèvres, Par 1ère et la veine labiales, et par la mem¬
brane muqueuse qui tapisse la bouche.
Ce muscle tire la commissure des lèvres en ar¬
rière, et sert à pousser entre lés dents les portions
alimentaires amassées entre les joues et les arcades
dentaires pendant la mastication.
Des vaisseaux qui se distribuent aux
mâchoires.
Les vaisseaux qui se distribuent aux mâchoires
sont des artères, des veines et des lymphatiques.
Des artères.
Les artères sont des conduits membraneux cy¬
lindriques qui partent du cœur et distribuent le sang
dans toutes les parties du corps. Celles qui se ren¬
dent aux mâchoires et aux dents sont fournies par
P artère maxillaire interne , qui termine la carotide
externe. Les divisions de cette dernière sont, pour
la.mâchoire supérieure, Partère sous-orbitaire et
les artères alvéolaires supérieures j et pour la mâ¬
choire inférieure , Partère maxillaire ou alvéolaire
inférieure.
/ De la sous-orbitaire . Cette artère est fournie
par la maxillaire interne \ elle est d’abord située
dans la fosse zygomatique, d’où elle s’introduit
bientôt dans le canal sous-orbitaire. Parvenue au
tiers environ de ce canal , elle donne une branche
qu’on peut appeler incisive supérieure : les petits
rameaux que cette branche produit se distribuent
à la membrane qui tapissé le sinus maxillaire 5
ensuite cette branche s’engage dans le conduit den¬
taire supérieur antérieur creusé dans l’épaisseur de
là paroi antérieure du sinus maxillaire, perce les
alvéoles et pénètre, en se divisant, dans les racines
des dents incisives et caninès. L'artère sous-orbi¬
taire sort ensuite par le trou du même nom, et së
répand sur la partie antérieure de la face, où elle
fournit des rameaux aux. muscles releveur propre
de la lèvre supérieure, canin et buccinateur. L’ar¬
tère sous-orbitaire s’anastomose avec les artères
labiale, alvéolaire, buccale, et le rameau nasal de
l’artère ophthalmique de Willis.
De l’artère alvéolaire supérieure postérieure.
Cette artère tire son origine de la maxillaire interne
au sommet de la fosse zygomatique 5 elle descend
ën serpentant d arrière en devant sur la tubérosité
maxillaire , dans laquelle elle s’engage bientôt, en
se divisant, dans les conduits dentaires supérieurs
postérieurs creusés dans l’épaisseur dé l’os alvéo¬
laire, où, parvenue dans les alvéoles, elle se dis¬
tribue aux racines des dents molaires 3 elle fournit
aussi des rameaux à la membrane qui tapisse le
sinus maxillaire, aux gencives , au buccinateur,
( 68 )
au tissu cellulaire de la joue, et au périoste de l’os
alvéolaire. Cette artère s ? anastomose avec la buc¬
cale la sous-orbitaire et la labiale.
De Vartère maxillaire inférieure. L’artère
maxillaire ou dentaire inférieure provient de la
maxillaire interne 3 elle se dirige en avant et en
bas, entre le muscle ptérigoïdien interne et le liga¬
ment latéral interne de V articulation des mâchoires,
pour gagner l’orifice supérieur du conduit dentaire
inférieur, situé sur la face interne de la branche
de la mâchoire} dans ce trajet elle donne naissance
à plusieurs rameaux, qui se distribuent aux parties
voisines. Parmi ces rameaux il y en a un plus re¬
marquable que les autres, qui descend dans un
sillon creusé sur la face interne de la mâchoire
au-dessous de l’orifice du conduit dentaire. Cette
division artérielle se distribue à la membrane buc¬
cale, à la glande maxillaire, et au muscle mylo-
hyoïdien.
Lorsque l’artère dentaire ou maxillaire a pénétré
dans le canal du même nom 7 elle le parcourt jus¬
qu’au trou mentonnier} dans sa marche elle fournit
des divisions aux dents molaires. Enfin, lorsque
cette artère est arrivée au trou mentonnier, qui est
la terminaison du canal dentaire, elle donne une
branche qu’on peut nommer incisive, parce qu’elle
se distribue aux dents du même nom et aux
( 6 9 )
canines 3 ensuite' cette artère sort par le troumen-
tonnier, se répand sur la face et se distribue à toutes
les parties de la lèvre inférieure, où elle s’anasto¬
mose avec des divisions de l’artère labiale.
Des veines .
Les veines sont des conduits membraneux cylin¬
driques qui naissent des dernières radicules des
artères, et vont se terminer au ventricule gauche du
cœur, où elles rapportent le sang de toutes les
parties du corps.
Les veines qui se distribuent aux dents et aux
mâchoires proviennent de la maxillaire interne ,.
branche de la jugulaire externe, ou plutôt d’un
tronc veineux formé par l’anastomose de la veine
jugulaire interne avec l’externe. Ces veines sont la
sous-orbitaire, l’alvéolaire supérieure postérieure,
et la maxillaire ou dentaire inférieure. Comme elles
suivent la même marche et qu’elles ont les mêmes
distributions que celles des artères du même nom,
je m’abstiendrai d’en donner ici la description.
Des vaisseaux lymphatiques.
On distingue deux ordres de vaisseaux lympha=
tiques, les exhalans'etles absorbans. Jusqu’à ce jour
on a vainement tenté de prouver l’existence des
premiers, et surtout de constater leur origine 3 c’est
pourquoi je ne parlerai que des absorbans.
( 7 ° )
Les lymphatiques absorbans sont des conduits
membraneux très déliés, qui prennent naissance
de toutes les parties du corps , et qui vont se dé¬
boucher dans les veines, pour y verser l’humeur
lymphatique qu’ils charient. Les lymphatiques qui
se distribuent aux dents et aux mâchoires sont
fournis par les vaisseaux lymphatiques profonds de
la tête qui naissent des ganglions cervicaux, et
accompagnent les divisions principales des artères
carotides externes et primitives. Leur ténuité, lors¬
qu’ils arrivent aux mâchoires, est telle, qu’on ne
peut en démontrer l’existence ; cependant on doit
croire à leur présence, parce qu’on ne peut admettre
de vitalité sans les lymphatiques.
Des nerfs dentaires
Les nerfs sont des organes sensitifs qui partent
du cerveau, de la moelle alongée et de la moelle
épinière. On les rencontre dans l’économie sous
la forme de cordons blanchâtres, qui se répandent,
par une quantité immense de rameaux déliés, dans
toutes les parties du corps. Ils sont composés de petits
filets pulpeux placés les uns à côté des autres, et
réunis par du tissu cellulaire. La membrane com¬
mune qui les enveloppe est appelée névrilème.
Les nerfs qui se distribuent aux dents et aux
mâchoires sont fournis par la cinquième paire
C: 7 1 )
cérébrale ou nerf trijumeau. Ces nerfs sont, pour la
mâchoire supérieure, les branches dentaires supé¬
rieures , distinguées en antérieure et postérieure ; et
pour la mâchoire inférieure, la branche dentaire
formée par la terminaison du maxillaire inférieur.
Du nerf dentaire supérieur antérieur ou
incisif. Cette branche vient du nerf soüs-orbitaire,
qui est la continuation du maxillaire supérieur ;
elle pénètre par un conduit creusé dans 1’épaisseur
de la paroi antérieure du sinus maxillaire, gagné
les alvéoles et se distribue dans les racines des in¬
cisives, des canines et des petites molaires.
Du nerf dentaire supérieur postérieur. Ce
nerf est Une division du maxillaire supérieur.
Il est situé au sommet de la fosse zygomatique,
d’où il descend le long de la paroi postérieure du
sinus maxillaire pour s’engager dans les conduits
dentaires postérieurs , et se rendre aux grosses
molaires.
Du nerf dentaire inférieur. Le nerf dentaire
inférieur est formé par la terminaison du maxillaire
inférieur , qui prend le nom de nerf dentaire lors¬
qu’il est parvenu à l’orifice supérieur du canal den¬
taire. Ce nerf fournit, avant de pénétrer dans ce
conduit, un rameau qui va gagner la glande maxil¬
laire , les muscles mylo-hyoïdien, génio-hyoïdiem
et le ventre antérieur du digastrique. Le nerf den-
( l 2 )
taire s’engage ensuite dans le canal du même nom,
qu’il parcourt jusqu’au trou mentonnier, où il donne
une brandie qui se continue dans le canal dentaire
et distribue des filets aux incisives, aux canines et
aux petites molaires ; enfin il sort par le trou men¬
tonnier et se répand en filets sur la face, lesquels
se rendent aux muscles carrés du mentonau trian¬
gulaire des lèvres , à labouppe, à la membrane buc¬
cale et à la peau. Le nerf dentaire fournit, encore
des filets aux grosses molaires.
De la bouche.
La boucbe est une cavité creusée dans l’épais¬
seur de la face et composée de six parois : une an¬
térieure , une postérieure , une supérieure, une
inférieure et deux latérales.
La paroi antérieure est formée par les lèvres,
l’une supérieure , l’autre inférieure. Ces deux lèvres
sont séparées par une fente transversale appelée
ouverture antérieure de la boucbe.
La paroi postérieure est formée supérieurement
par le voile du palais, et inférieurement par l’isthme
du gosier ou l’ouverture postérieure de la bouche.
La paroi supérieure est formée parla voûte pala¬
tine et les dents 3 elle est partagée en deux parties
égales par une ligne légèrement creusée, qui s’étend,
à, partir de l’épine nasale postérieure, entre les
( 75 )
deux dents incisives moyennes supérieures. A la
partie antérieure de cette ligne on voit un petit tu¬
bercule où se trouve l’orifice antérieur des conduits
palatins. Cette ligne partage la voûte palatine et les
dents en partie gauche et en partie droite.
La paroi inférieure est sémi-ovale ; elle est for¬
mée par la langue et les dents qui arment la mâ¬
choire inférieure. Au-dessous et au-devant de la
langue on rencontre un repli membraneux, nommé
filet de cet organe, sur les côtés duquel on aper¬
çoit deux espèces de crêtes oblongues, produites par
la saillie des glandes sublinguales3 et plus à l’exté¬
rieur on voit les orifices des conduits excréteurs
des glandes maxillaires, ou conduits salivaires de
Warton.
Les parois latérales sont formées par les joues ,
à la face interne desquelles on trouve les orifices
des conduits salivaires de la glande parotide, ap¬
pelés conduits de Sténon. Ces canaux membraneux
s’ouvrent* à peu près vers la troisième dent molaire.
Des gencives.
Les gencives sont composées d’un tissu rougeâ¬
tre , ferme et consistant, qui couvre les deux faces
du bord alvéolaire de chaque mâchoire 3 elles en¬
vironnent toutes les dents, au collet desquelles elles
adhèrent fortement, de sorte que la portion externe
( 74 )
de chaque gencive s’unissant à la portion interne,
forme autant de trous qu’il y a de dents.
Les gencives se continuent antérieurement avec la
membrane interne des lèvres et des joues , et pos¬
térieurement avec la membrane buccale et palatine.
La nature de ce tissu membraneux est peu connue :
on sait seulement qu’il reçoit un grand nombre de
vaisseaux sanguins et de nerfs, et qu’il est confondu
avec le périoste des mâchoires. Les artères des gen¬
cives viennent dés alvéolaires, de la maxillaire
inférieure, de la submentale , de la sous-orbitaire,
de la labiale et de la buccale ; les nerfs leur sont
fournis par la portion dure de la septième paire,
par la sous-orbitaire et le maxillaire inférieur. Les
gencives servent à retenir et à affermir les dents
dans leurs alvéoles.
Des humeurs qui lubrifient la bouche.
Les humeurs qui lubrifient la bouche sont la
transsudation artérielle, l’humeur muqueuse secré¬
tée par les cryptes muqueux de labouche, et la salive,
qui est fournie par les glandes salivaires parotides,
sublinguales et maxillaires. Il est important de con¬
naître ces humeurs, parce que les dents en étant
continuellement baignées, sont susceptibles de se
recouvrir d’un enduit plus ou moins consistant que
l’on appelle limon et tartre.
( ?5 )
De la transsudation artérielle. La transsuda -
tion artérielle est une humeur toute formée dans te
sang, et qui est exsudée par les orifices béans des
capillaires artériels, que l’on peut regarder comme
des vaisseaux exhalans. Cette humeur et tes suivantes
se mêlent aux alimens pendant la mastication.
De Vhumeur muqueuse. L’humeur muqueuse
est une sécrétion folliculaire de la membrane qui
tapisse la bouche ; elle sert, de même que la trans¬
sudation artérielle, à lubrifier tes surfaces qui sont
journellement en contact avec les susbstances ali¬
mentaires. Ce fluide aninaal est analogue au mu¬
queux végétal, et entièrement soluble dans l’eau, à
laquelle il est, pour l’ordinaire, uni dans l’écono¬
mie. Il a l’aspect du blanc d’oeuf : mêlé à l’eau, il
est visqueux, gluant, et devient mousseux par l’a¬
gitation ; desséché, il acquiert la transparence de la
corne, et se dissout alors difficilement. Il difoere
principalement du mucilage végétal, par l’ammo¬
niaque qu’on en retire à la distillation.
De la salive. La salive est une liqueur écu-
meuse, de couleur blanche, qui contient un muci¬
lage peu soluble dans l'eau, une petite quantité d’al¬
bumine, du muriate ou hydrochlorate de soude, et
des phosphates de soude, d’ammoniaque et de chaux.
Lorsqu’on l’agite à l’air libre, elle devient mous¬
seuse, en absorbant ce fluide élastique • et peu de
( 7 6 )
temps après, elle se trouble et répand une odeur
ammoniacale.
La salive est soluble dans les acides ; et lorsqu’elle
tient de la soude et de la potasse en dissolution, le
muriate et les phosphates sont décomposés. Avec
l’acide oxalique, il se forme un oxalate calcaire qui
se précipite ; enfin le nitrate d’argent y démontre
l’existence des acides phosphorique et muriatique
ou hydrochlorique, en formant du phosphate et du
muriate ou hydrochlorate d’argent.
Quand on chauffe lentement la salive dans un vase
ouvert, elle s’évapore et laisse un résidu glutineux
qui, brûlé sur des charbons ardens, exhale une odeur
de corne et d’acide prussique ou hydrocyanique.
La salive a tant d’affinité pour l’oxigène, quelle
oxide les métaux les plus durs, tels que l’argent,
l’or, le platine, etc.
On trouve souvent dans la salive du phosphate
de chaux uni à une substance glaireuse susceptible
de s’attacher aux dents. Cette matière, qui forme le
tartre, est soluble dans les acides : c’est pourquoi
il est bon de se servir de temps à autre d’acides vé¬
gétaux étendus dans l’eau, pour se nettoyer les dents.
La salive est versée dans la bouche, i° par les
conduits excréteurs des glandes parotides, appelés
conduits de Sténon, qui s’ouvrent à la face interne
des joues, vis-à-vis les troisièmes molaires environ.
( 77 )
Ces glandes, plus considérables que les autres sali¬
vaires , sont situées dans l’épaisseur et aux parties
latérales de la face, au-devant et au-dessous de l’o¬
reille , derrière la branche de la mâchoire inférieure j
2° par les conduits excréteurs des glandes maxillai¬
res, appelés conduits de Warton , dans lesquels se
débouchent les petits canaux excréteurs des glandes
sublinguales. Les glandes maxillaires sont situées
devant et au-dessous des angles de la mâchoire infé¬
rieure , placées chacune dans une fossette ovalaire à
la partie inférieure de la face postérieure de la mâ¬
choire inférieure. Les glandes sublinguales sont si¬
tuées au-dessous de la langue, logées chacune dans
une petite fosse qui se trouve à la partie moyenne
de la face interne de la mâchoire inférieure.
CHAPITRE II.
PHYSIOLOGIE DENTAIRE.
La physiologie est une branche de l’histoire na¬
turelle , immédiatement liée à l’anatomie, qui traite
de toutes les parties du corps humain, et fait con¬
naître quelles sont leurs fonctions dans l’état de
santé. Je décrirai dans ce chapitre le développe¬
ment et le mécanisme des organes de la mastica¬
tion.
( 7 « )
DENTITION.
On appelle dentition ou odontophie le dévelop¬
pement des dents et leur apparition sur le bord libre
des mâchoires, opérés par le travail de la nature.
11 existe deux dentitions : la première comprend
le développement et l’éruption des dents de lait,
qui sont au nombre de vingt-quatre 5 la seconde ,
la formation et la sortie des dents secondaires, dont
le nombre est de trente-deux. La première denti¬
tion a lieu à partir de la formation des mâchoires
jusqu’à l’âge de six à sept ans 3 la seconde,; depuis
sept ans jusqu’à l’âge adulte. La nature, toujours
sage dans ses opérations , a établi deux dentitions
chez l’homme. Ce phénomène est vraiment digne
de l’attention de l’observateur 3 il vient sans doute
de ce que, toutes les parties du fœtus étant pro¬
portionnées à la capacité de l’utérus, le nombre
des germes dentaires existant à cette époque de
la vie n’aurait pas été suffisant relativement aux
dimensions que les mâchoires acquièrent dans l’âge
adulte.
De la formation et du développement des dents .
Les dents, de même que les autres parties de l’é¬
conomie , ne peuvent être perçues par nos sens au
moment de la conception, lès premiers rudimens
de leur formation étant confondus dans un fluide
( 79 )
gélatino-séreux que renferme une petite poche vé-
siculeuse qui constitue l’ovule humain.
Après la conception, toutes les parties anatomi¬
ques qui doivent constituer un être vivant, tel que
l’homme, se développent graduellement 5 et ce n’est
que vers quatre à cinq mois que les mâchoires com¬
mencent à prendre assez d’accroissement pour que
le germe des dents puisse être aperçu d’une manière
sensible.
A cette époque de la vie , le germe des dents se
montre sous la forme d’une pulpe gélatiniforme, la¬
quelle est recouverte par une membrane qui lui est
propre, et contenue dans une petite poche membra¬
neuse dont sont tapissées les cavités alvéolaires, où
les dents sont renfermées jusqu’à leur éruption. Cette
pulpe, qui n’était qu’un fluide à son origine , se pé¬
nètre bientôt de vaisseaux sanguins qui y déposent
peu à peu les matériaux propres à l’ossificatioü des
dents 5 elle dévient alors de plus en plus consistante,
- ensuite cartilagineuse, et enfin osseuse.
Les vaisseaux sanguins de la pulpe dentaire lui
donnent une teinte rougeâtre , et, à mesure qu’ils y
apportent la substance calcaire d’où les dents tirent
leur dureté, elle se transforme graduellement en
cartilage : bientôt ort aperçoit au sommet de la
couronne des pointes osseuses qui finissent par re¬
couvrir toute la portion externe de la pulpe ; la
( 8o )
couronne est alors formée. On trouve encore à cette
époque, dans la cavité dentaire, une partie de la
substance pulpeuse, que certains anatomistes ont
regardée comme nerveuse, mais qui n’est qu’une
matière gélatineuse où rampent des vaisseaux et des
nerfs très déliés. Lorsque les dents sont parvenues à
leur entier développement, la substance pulpeuse
se résorbe entièrement, et il ne reste plus dans leur
cavité qu’une membrane très mince dans laquelle
se ramifient les vaisseaux nourriciers ét les nerfs.
Toutes ces parties disparaissent lorsque les orifices
des racines des dents tendent à s’oblitérer.
Lorsque les dents ont acquis ce premier degré de
formation, elles deviennent de plus en plus épais¬
ses et dures, et se revêtent d’une substance calcaire
blanche et friable que l’on appelle émail. Les ru-
dimens de cette substance sont apportés par des
vaisseaux qui pénètrent la matière osseuse, et dont
la présence se manifeste par une teinte rosée de la
couronne, qui s’efface quand elle est parvenue à son
entier développement.
Apres la naissance on trouve dans l’épaisseur des
mâchoires les couronnes des dents de lait ossifiées.
Des sacs membraneux, fournis par la membrane al¬
véolaire , les enveloppent de toute part. Ces sacs ad¬
hèrent , du coté de la couronne, à la gencive, et du
cote de la racine, au fond des alvéoles. Lorsque les
(8i)
couronnes des dénis de lait sont entièrement dé¬
veloppées , la formation des racines commence ; les
dents soulèvent alors les gencives et finissent bien¬
tôt par les percer en les poussant devant elles.
Les dents semblent se former entre deux mem¬
branes , dont l’une, externe, leur sert de périoste, et
l’autre, interne, de membrane médullaire qui ap¬
partient à la pulpe dentaire. Quand l’ossification
des dents est terminée, elles sont composées de
deux substances osseuses, la première, appelée émail,
qui n’occupe que la face externe de la couronne, et
la seconde, nommée osseuse ou éburnée, qui en
forme le corps et la raçirie. Après que les dents ont
fait éruption, on peut îes diviser en deux parties
distinctes 5 savoir une portion libre ou couronne,
visible dans la bouche, et une portion adhérente
ou racine invisible, fixée aux alvéoles par un pé¬
rioste qui leur est commun avec les mâchoires.
Les dents de la seconde dentition se forment et se
développent de la même manière que celles de lait 5
elles occupent l’épaisseur des mâchoires au-dessous
des dents de la première dentition. Leurs germes ne
peuvent s’apercevoir à la naissante ; car ils ne
sont, pour ainsi dire, que des points rougeâtres,
difficiles à distinguer du tissu spongieux des mâ¬
choires , et que certains dentistes ont appelés em-
brions dentaires.
6
( 8 2 )
Forme des couronnes des dents lorsqu*elles sont
renfermées dans les mâchoires .
(Quand on examine l’intérieur des mâchoires d’un
foetus à terme, on y trouve des loges appelées al¬
véoles , contenant des vésicules membraneuses où
sont renfermés les rudimens des dents, c’est-à-diré
la couronne déjà ossifiée et recouverte d’une couche
d’émail qui n’a pas encore acquis la dureté qu’elle
doit avoir dans la suite : aussi la sépare-t-on facile¬
ment de la substance osseuse en la grattant avec un
scalpel.
Les couronnes que l’on rencontre dans ces vési¬
cules périostotiques Varient, quant à la formé, selon
l’ordre des dents auxquelles elles appartiennent.
Pour les incisives, cette forme est celle d’un coin
à fendre dubois; pour les canines, celle d’un cône
ou d’une pyramide quadrangulaire ; pour les petites
molaires, celle d’un quadrilatère légèrement ar¬
rondi , surmonté de deux petits tubercules ; et
pour les grosses môlaires, celle d’un quadrilatère
surmonté de quatre tubercules. Toutes cês cou¬
ronnes présentent une cavité dont la forme corres¬
pond à celle des dents. Cette cavité est en raison
du développement plus ou moins avancé des cou¬
ronnes; elle est remplie par la pulpe dentaire,
lien est de même des dents de la seconde den-
( 83 )
tition , excepté qu’elles sont plus fortes que celles
de lait.
Ordre selon lequel se fait le développement
des dents.
Les dents de la mâchoire inférieure s’ossifient
ordinairement les premières. L’ordre d’après lequel
les germes des dents de lait commencent à s’aper¬
cevoir sensiblement dans l’épaisseur des mâchoires,
/ est le suivant : i° les dents incisives moyennes de
la mâchoire inférieure3 2 0 celles de la mâchoire
supérieure] 5 ° les incisives latérales inférieures]
4° les incisives latérales supérieures] 5 ° les quatre
petites molaires inférieures] 6° les quatre petites
molaires supérieures. La chute de ces dents suit le
même ordre que leur éruption. Quant aux dents de
remplacement, elles sortent des mâchoires de la
même manière que les dents de lait ] ensuite appa¬
raissent les six grosses molaires inférieures, et enfin
celles de la mâchoire supérieure.
Disposition des couronnes des dents dans
Vintérieur des mâchoires.
Avant la naissance, les mâchoires , surtout l’in¬
férieure , sont creusées, dans leur plus grande éten¬
due, par une gouttière semi-circulaire, plus longue
que large, formée de deux portions , l’une droite
et l’autre gauche , qui se réunissent à la partie
6 .
moyenne des mâchoires appelée symphyse. Cette
gouttière, qui doit former par la suite autant de ca¬
vités isolées (les alvéoles) qu’il existe de dents,
contient les follicules dentaires que j’ai dit être ren¬
fermés dans les vésicules membraneuses qui ne sont
point encore séparées par les cloisons alvéolaires,
dont on trouve à peine l’empreinte à cette époque
de la vie. .
A la naissance , les follicules des dents de lait,
qui sont au nombre de dix pour chaque mâchoire,
commencent à être séparés par des portions de
cloisons, remarquables surtout pour les incisives
dont la couronne est déjà ossifiée 5 les cloisons al¬
véolaires de la mâchoire supérieure sont générale¬
ment plus distinctes à la naissance que celles de
l’inférieure. On n’aperçoit encore aucune trace des
dents de remplacement et de complément, ou dents
de la seconde dentition.
A mesure que les dents de lait s’ossifient et qu elles
tendent à faire éruption , les cloisons alvéolaires
achè vent de se former, et l’on rencontre un sixième
alvéole de chaque cê té des mâchoires , dans lequel
est renfermée la première grosse molaire dont le
travail osseux.^, ainsi que celui des dents secondai¬
res, est assez avancé; ces dernières sont contenues
dans des, cavités situées au dessous des dents de la
première dentition, pour la mâchoire inférieure, et
( 85 )
au-dessus , pour la supérieure ; ces cavités doivent ,
dans la suite, former de nouveaux alvéoles qui
subsistent j usqu’à la vieillesse.
Lorsque les dents de lait, de même que la pre¬
mière de complément ou première grosse molaire ,
ont fait éruption,les dents de remplacement se dé¬
veloppent alors d’une manière rapide, et poussent
devant elle les dents de la première dentition en
faisant disparaître lés alvéoles qui les contenaient.
Les dents secondaires, qui, à leur origine, sont
contenues dans des sacs membraneux situés au-des¬
sous et pour ainsi dire dans les mêmes alvéoles que
les dents de lait, sont au nombre de dix à chaque
mâchoire, et placées dans l'épaisseur des os maxil¬
laires de la manière suivante. '
Mâchoire inférieure. Les incisives de rempla¬
cement de la mâchoire inférieure sont situées der¬
rière les alvéoles dès racines des dents de lait,
qu’elles poussent en haut et en avant, lorsqu’elles
tendent à faire éruption , et de manière à percer
la partie supérieure de la paroi postérieure du bord
alvéolaire, qui est très minoéj alors la chute
des incisives de lait a lieu , et leurs alvéoles dispa¬
raissent. Les incisives moyennes de remplace¬
ment, qui se montrent les premières sur le bord
alvéolaire, sont placées dans leur» cavités maxil¬
laires un peu plus haut que les incisivesdâtérales.
( 86 )
Les canines, situées très bas dans l’épaisseur de la
mâchoire inférieure, sont pour ainsi dire enclavées
entre les incisives latérales et les premières petites
molaires qui leur sont supérieures 5 elles font érup¬
tion de bas en haut et de dehors en dedans, de sorte
qu’elles détruisent les alvéoles des dents de lait en
les refoulant d’arrière en avant.
Les premières petites molaires , placées au-dessus
des canines et un peu plus bas que les incisives,
sont moins grosses que les molaires de lait au-
dessous desquelles elles se trouvent. Lorsqu’elles
tendent à sortir de leurs alvéoles, elles forcent ces
dernières à tomber en les chassant devant elles , et
en détruisant le fond de leurs alvéoles 5 elles font
en même temps disparaître les cavités de leurs
racines par une pression latérale.
Les secondes petites molaires sont presque de
niveau avec les premières \ leur* éruption s’opère de
la même manière.
Mâchoire supérieure . Les incisives supérieures
sont situées derrière les incisives de lait, quelles
chassent en les poussant en bas et en avant, et en
tendant à percer la paroi postérieure du bord alvéo-r
laire; les incisives moyennes sont placées plus bas
que les incisives latérales. Ces dents croissent, de
même que les autres dents de cette mâchoire, de
haut en bas.
f 87 )
Les canines sont situées beaucoup plus haut que
les incisives latérales et les petites molaires, entre
lesquelles elles sont enclavées.
Les petites molaires, placées un peu plus haut
que les incisives , mais beaucoup plus bas que les
canines, font leur éruption comme les petites mo¬
laires inférieures.
Je dois rappeler ici que les canines de là mâchoire
inférieure se trouvent situées beaucoup plus bas
que les autres dents de* cet organe osseux, tandis
que les canines supérieures le sont beaucoup plus
haut que les autres dents de la mâchoire supérieure,
dont elles occupent une partie des apophyses mon¬
tantes.
Pendant le temps que s’opère l’éruption des dents
de la première dentition, les premières grosses mo¬
laires, qui paraissent avant le renouvellement des
dents de lait pour rester jusqu’à la vieillesse, se
développent d’une manière sensible : d’après leur
volume, jelles occupent un plus grand espace dans
les mâchoires que les dents précédentes.
A mesure que les dents de la seconde dentition
ont fait éruption, on voit s’opérer le développement
des deuxièmes grosses mol aires de chaque mâchoire,
à peu près de niveau avec les premières ; bientôt
celui des troisièmes et dernières grosses molaires se
fait sentir.
( 88 )
Les racines des dents ne se forment qu’au furet
à mesure que leur couronne fait éruption à travers
les gencives.
Les dents de lait, à l’exception des petites mo¬
laires, étant plus petites que les dents de rempla¬
cement , leurs alvéoles sont aussi moins grands. Il
résulte de là que, pour la mâchoire inférieure, l’in¬
cisive .moyenne de remplacement se trouve en rap¬
port direct avec la cavité alvéolaire de la pre¬
mière incisive de 3 a.it , ainsi qu’avec la cloison qui la
sépare de la seconde; que l’incisive latérale occupe
un espace correspondant à la cavité alvéolaire de
f incisive latérale de lait, à celle de la canine et à la
cloison qui sépare cette dernière de la première;
que la canine de remplacement répond à lacloison
qui sépare la canine de lait de la première, petite
molaire, ainsi qu’à une portion de sa cavité alvéo¬
laire. Quant aux dents petites molaires de rempla¬
cement, elles correspondent immédiatement. au-
dessous du corps des petites molaires de lait, dont
elles percent le fond des alyéoles qui les contiennent.
On voit d’après la disposition de ces dents que
les incisives el les canines de lait sont pressées
d’arrière en avant par celles de remplacement qui
les chassent de leurs alyéoles ; au,lieu que les petites
molaires sont directement poussées en, haut ou en
bas, selon qu’elles appartiennent à la mâchoire
( 8 9 )
supérieure ou à la mâchoire inférieure. Il n’est point
étonnant ? d’après ces, divers genres de pression, de
voir les dents de lait rester si souvent sur le bord
libre des mâchoires et former une double rangée,
lorsqu’on n’a point eu la précaution de les arracher.
Quant aux petites molaires de lait, si elles restent
sur les bords alvéolaires , c’est que leurs racines se
. trouvent pressées latéralement par la couronne des
dents de remplacement qui est située entre elles.
La disposition des dents de la mâchoire supé¬
rieure est à peu près la même, par rapport aux
dents de Jait, que pour celles de la mâchoire infé¬
rieure. On doit cependant, en excepter les incisives,
qui se dirigent plus obliquement d’arrière en avant j
d’où il arrive que, si elles rencontrent; un obstacle
dans leur progression, elles. tendent à descendre
perpendiculairement, et apercer la voûte palatine,
comme on en voit des exemples.
De Véruption, des dents.
: lorsque les dents, dont il n’existe à l’origine que
la couronne;, tendent à sortir de leurs alvéoles, elles
poussent devant elles, la membrane gencive y qu’elles
usent et finissent par ; percer. Li’érùptiom est d’au¬
tant plus facile, que les gencives ofirént moins? de
résistance,;Oriestprévénude leur prochaine appari¬
tion parla blancheur des gencivés, et les saillies que
( 9 ° )
forme la couronne de ces corps osseux. Lorsqu’elles
commencent à percer les gencives , on n’aperçoit
d’abord que les aspérités ou tubercules, qui, à cette
époque sont très aigus ; bientôt la gencive est en¬
tièrement détruite, et les dents sortent au fur et
à mesure de leurs alvéoles jusqu’à leur collet. Pen¬
dant ce temps, les racines se forment petit à petit,
■et-ne parviennent à leur .entier développement que
lorsque les couronnes des dents occupent dans la
boucbe l’espace qu’elles doivent conserver jusqu’à
la vieillesse.
Comme il existe deux dentitions, il y a par con¬
séquent deux éruptions à considérer. La première
comprend les dents de lait ou de l’enfance ; elles
ont été nommées ainsi parce qu elles se développent
pendant la lactation , et qu’elles servent à la mas¬
tication jusqu’à l’époque de sept ans et plus. La
seconde éruption comprend les dents de l’adulte;,
qui restent jusqu’à la vieillesse.
Les dents de la première dentition sont au nombre
de vingt, dix à chaque mâchoire; savoir, huit in- *
cisives, quatre canines et huit petites molaires.
D’après l’ordre établi par les physiologistes,
l’éruption des dents commence ordinairement par
la mâchoire inférieure, et suit la marche suivante :
i° les incisives moyennes de la mâchoire inférieure;
a° celles de la mâchoire supérieure ; 5° les inci-
( 9 1 )
sives latérales inférieures, puis les supérieures ; A? les
canines inférieures, qui sont suivies des supérieures 3
5° enfin les petites molaires inférieures et supérieures
qui complètent la seconde dentition.
Une observation digne de remarque quant aux
canines, c’est qu’elles ne font très souvent éruption
qu’après les petites molaires. Ce phénomène dépend
sans doute de la difficulté qu’elles éprouvent pour
sortir de leurs alvéoles, par la raison qu’elles se
trouvent situées très profondément dans l’épaisseur
des mâchoires, où elles sont enclavées entre les
incisives et les molaires: aussi doit-on s’étonner,
d’après cette situation , qu’il ne survienne pas
d’accidens plus fréquens pendant le travail de la
dentition.
Les dents de la seconde dentition sont en plus
grand nombre que celles de lait j ; on en compte
trente-deux : savoir , vingt de remplacement, et
douze de complément. J’appelle dents de rempla¬
cement celles qui correspondent aux dents de lait :
telles sont les incisives, les canines et les'petites
molaires, auxquelles font place les dents de lait, après
avoir été expulsées de leurs alvéoles. Celles que je
nomme de complément sont les grosses molaires,
dont le développement n’a lieu qu après les dents
de remplacement, pour achever de garnir les mâ¬
choires : ces dernières prennent d’autant plus d’ac-
( 9 2 )
croissèment, que le travail dentaire fait plus de
progrès.
L'éruption des dents de remplacement suit le
même ordre que celle des dents de lait, qui tom¬
bent au fur et à mesure que les premières tendent
à sortir de leurs alvéoles.
Les dents de complément sont au nombre de
douze j six à chaque mâchoire, trois de chaque côté:
on les distingue par les noms numériques de pre¬
mières , secondes et troisièmes.
Les premières grosses molaires, improprement
.nommées dents de lait , peuvent s’appeler avec plus
de raison dents permanentes de l’enfance, parce
quelles restent jusqu’à la vieillesse. Celles de la
mâchoire inférieure sortent les premières de
leurs cavités alvéolaires, "mais avant le renouvel¬
lement des vingt dents de lait; elles sont peu de
temps après; suivies de celles de la mâchoire supé¬
rieure.
A près le renouvellement des dents de la seconde
dentition apparaissent les secondes grosses molaires
de la mâchoire inférieure , qui précèdent celles de
de la supérieure. À une époque plus ou moins re¬
culée de la puberté, sortent les troisièmes et der¬
nières grosses molaires de la mâchoire inférieure ,
qui sont suivies dés grosses ^molaires supérieures
-lesquelles forment le complément de la seconde
( 93 )
dentition : ces dernières grosses molaires sont ap¬
pelées dents de sagesse.
D’après ce qui Vient d’être dit, on pourrait croire
que l’éruption des dents suit une marche constante y
mais rien au contraire ne présente plus de variété :
sur un très grand nombre d’enfans soumis à mon
examen , je n’ai jamais vu les dents sortir de leurs
alvéoles dans l’ordre exact indiqué ci-dessus.
De l’âgé oh les dents font éruption.
Les différentes époques de la vie où les dents font
éruption sont si incertaines , qu’il est impossible de
pouvoir les préciser. J’admettrai cependant comme
époques directes celles où leur apparition a lieu le
plus ordinairement.
La nature est parfois très bizarre dans sa marche :
on cite des enfans nés avec des dents , témoin Louis
xiv, le protecteur des arts , qui vint au monde avec
deux dents incisives : d’autres au contraire n’en ont
que très tard; mais ces cas sont fort rares. L'érup¬
tion des dents commence généralement entre le
sixième et le quatorzième mois ; celles qui parais¬
sent alors sont les incisives et les canines.
• Du quatorzième mois à deux ans se montrent
les petites molaires, qui élèvent le nombre des dents
à vingt-deux ; c’est le complément de la première
dentition.
t 94 )
De quatre à cinq ans sortent les premières grosses
molaires, qui, avec les dents de lait, forment vingt-
quatre dents pelles complètent la dentition de l’en¬
fance.
Entre six et sept ans, les vingt dents de lait com¬
mencent à tomber les unes après les autres, en sui¬
vant l’ordre dans lequel elles sont venues. Ces dents
sont remplacées par celles de la seconde dentition
ou de remplacement.
Le renouvellement des dents de lait est terminé
à l’âge de huit à neuf ans, époque à laquelle on voit
sortir les secondes grosses molaires, qui donnent
vingt-huit dents.
Enfin, à partir de l’âge de seize ans, paraissent sur
les bords alvéolaires les dernières molaires ou dents
de sagesse, qui achèvent la dentition. Les dents,
alors au nombre de trente-deux, restent jusqu’à la
vieillesse, à moins qu’une cause accidentelle ne les
fasse tomber prématurément.
j Du développement des racines des dents.
Les dents sont composées de deux parties, qui se
développent l’une après l’autre : la première, qu’on
appelle couronne, se forme dans l’intérieur des mâ¬
choires avant de faire éruption ; et la seconde, qui
est la racine, se forme de même dans l’épaisseur des
( 9 5 .)
os maxillaires, mais pendant et après l’éruption de
la couronne.
J’ai déjà dit que , lorsque les dents étaient sur lè
point de sortir de leurs bords alvéolaires , leurs
couronnes étaient entièrement formées et composées
de deux substances dures, l’une appelée émail, et
l’autre éburnée ; qu’en outre elles étaient creusées
par une cavité que remplit la pulpe dentaire , dans
laquelle rampent les nerfs et les vaisseaux qui leur
donnent la vitalité. C’est alors que le développe¬
ment des racines commencé à s’effectuer de la ma¬
nière suivante.
A cette époque de la dentition, les couronnes des
dents sont situées si près du nerf dentaire, que la
substance pulpeuse dont leurs cavités sont remplies
le touche pour ainsi dire immédiatement ; à me¬
sure qu’elles s’en éloignent , la substance éburnée,
qui était de niveau avec l’émail, s’alonge sous la
forme d’une lame osseuse très mince, pour achever
la formation du corps des dents d’où partent les
racines.
Lorsque les dents n’ont qu’une racine, la por¬
tion éburnée qui doit la produire s’alonge en se
rétrécissant insensiblement de la base à son sommet.
Pour les dents à plusieurs racines, la substance
éburnée du corps, qui est très mince, se replie vers
son centre sous la forme de languettes osseuses,
( 96 )
lesquelles finissent par se toucher et se réunir :
lorsque ces languettes sont soudées, elles laissent
deux écartemens, qui sont les orifices internes des
racines, auxquelles ils donnent naissance en s’a-
longeant. Ces orifices sont séparés par une rainure
formant le premier rudimeut de l’espace ou écarte¬
ment qu’on remarque entre les racines des dents,
quand elles sont entièrement développées et quelles
n’ont que deux racines. Si les dents ont plus de deux
racines, telles que lès grosses molaires où l’on en
trouve quelquefois jusquà cinq, chaque orifice ra¬
dical se rapproche et se soude vers sa partie moyen¬
ne, dé manière à former deux ouvertures d’où par¬
tent les racines, dé même que pour les dents qui.
n’en ont que deux ; elles sont seulement plus pe¬
tites. Il résulte de là que, quand les dents n’ont
que deux racines, celles-ci sont à peu près égales
en grosseur y lorsqu’elles en Ont trois, il y en a
une plus grosse que les attires ; et quand il y en a
quatre ou cinq, elles sont très petites : en général,
plus les racines se multiplient, moins elles sont
grosses.
Tant que les dents ne sont pas entièrement for¬
mées,Tes parois des racines restent très minces et
largémént creusées : ce n’est qu’après leur entier
développement qu’elles s’épaississent à l’intérieur,
et que leur cavité sé réduit au volume d’un tube
i 97 X
capillaire, qui finit par s’oblitérer. L’extrémité dü
corps se rétrécit aussi, mais moins que lé canal qui
parcourt les racines.
Chute naturelle des dents.
La chute des dents de lait s’effectue dans le même
ordre que celui de leur éruption 5 elle est détermi¬
née par le développement des dents de la seconde
dentition.
Lorsque l’enfant est parvenu à l’âgé dé six J i sept
ans, les incisives moyennes infériè'üiës, qui sont
bientôt suivies des supérieures, abandonnent léuxs
alvéoles} viennent ensuite les inéiëivës ffiëralésifi^
férieures y èt, après elles , les incisives supérieures.
La chute; des canines, qui peut arriver apres celle
des incisives , n’a lleit lé piUs séu^éSît’ quê lorsque
les petites molaires sent tombées. Le phénomène
provient sans* doute de la situation dèiü canines Sé-^
eondaires qui sont pour ainsi dire enclavées entre
les incisives êf les petites; molàires. Les peiïtès mo¬
laires de Mt, étantplùSîgrOssës 1 que les Sécôndâires ,
mettenfesU^utobstaêleàlapOUs^îd'eFèaiiihëSsê-
eondaires, et par cette raison^ la chuté dés dénlîs
de la première dentition.
Dans la‘ vieillesse ,' les dettts quittent leurs al¬
véoles par cause de décrépitude ou inertie de partie;
elles commencent d’abord par sfe' déchausser, èn-
7
C 98 )
suite vaciller, et enfin tomber. Dans cet état,
elles semblent s’alonger 5 mais cette apparence
est due à ce que les alvéoles reviennent insensi¬
blement sur eux-mêmes à mesure que les dents
chancellent.
Différences entre les dents de la première
dentition et celles de la seconde .
Les dents de lait diffèrent des dents secondaires
par leur volume et par leur forme.
Les incisives et les canines de la première denti¬
tion n’offrent de variété avec celles de la seconde
que par leur volume.
Les petites molaires de lait diffèrent essentielle¬
ment des ; petites . molaires , de remplacement. Elles
sont plus grosses, et ^affectent la forme des grosses
molaires ,J auxquelles elles : ressemblent parfaite¬
ment , excepté qu’elles sont: plus petites. La figure
de ces dents est à peu près quadrilatère 3 leur som¬
met est surmonté ; de quatre tubercules,, et leurs
racines sont au nombre de trois pour celles de la
mâchoire supérieure , et de deux pour celles de l’in¬
férieure. La première de ces molaires est plus pe¬
tite que la seconde. : :
Les petites molaires de la seconde dentition sont
moins grosses que celles;de la première y elles n’ont
a leur sommet que deux tubercules, et leur racine
( 99 )
est unique où double. Ces dents sont à peu près
égales en grosseur. '
Dans l’ënfarieé, âge où 5 ; les mâchoires sont ; dé¬
pourvues de grosses môlaires, il était- nécessaire y
pour que les alimens fussent broyés convenable¬
ment, que les petites molaires ressemblassent aux
grosses molaires de l’adulte.
-Les dents de lait sont beaucoup plus friables que
les dents secondaires, et tombent souvent avant
que leurs racines soient entierèmènt développées \
alors on aperçoit au sommet de cés dernières Une
espèce d’échancrure évasée. Certains praticiens ont
prétendu que ce ^phénomène vient de Fusure du 5
sommet des racines, produite-par le frottement dés
dents secondaires , ou bien d’une espèce de résorpi-
tion qui s’opère pendant le travail de la dentition.
Je croirais plutôt devoir en attribuer la cause à ce
que la nutrition des dents de lait né se fait qu’im-
parfaitement, et qu’elles sont arrêtées dans ; leur
développement, lorsque les dents secondaires^ ten¬
dent à faire éruption : leur friabilité provient sans
doute du défaut de nutrition ; ce qui les rend sus¬
ceptibles de se carier et de se nécroser.
Texture. et composition chimique des dents»
Les dents sont composées de deux substances
distinctes j l’une, appelée éburùée, qui en forme le
. 7-
C -10° )
corps ©Lia racine ; et l’autre, émaillée, qui recouvre la
surface externe de leurs couronnes, telle qu’une cou¬
che de cire qu’on y aurait étendue en l’amincissant
insensiblement depuis le sommet jusqu’au collet.
L.a ; substance osseuse ou éburnée est d’une cou¬
leur jaunâtre) elle diffère des autres.os ; par la dureté
de son tissu, sur lequel agissent très.faiblement.les
instrumens tranchans : aussi les dents résistent-elles
pendant un laps de temps considérable aux causes
qui amènent la destruction des autres parties os¬
seuses du corps humain.
La substance émaillée est blanche et très dure;
elle est , ainsi que-la substance éburnée , composée
de phosphate et; de carbonate calcaires contenus
dans un tissu fibreux beaucoup plus fin que celui de
la dernière substance,.ce qui la rend plus friable.
Lorsque. des-dents sont mises en macération dans
l’acide nitrique affaibli , les sels calcaires se -séparent
de la portion'fibreuse ; et, au moyen d une analyse
chimique, on trouve dans l’eau de macération le
phosphate et le carbonate calcaires.
Articulations des dents avec les mâchoires.
L’articulation des dents avec les mâchoires est
une gomphose qui résulte de ce que leurs racines,
par, leur forme pivotante,. sont reçues dans des ca¬
vités, nommées. alvéoles-,, où elles se: trouvent cm-
C *01 )
brassées de toute part. La figiire conique dés racines ,
en leur faisant toucher les parois alvéolaires de façon
que tous les points de leur étendue supportent l’ef¬
fort produit par les corps placés entre les arcades
dentaires / modifie la force de pression , qui, autre¬
ment, agirait d’une manière trop directe sur le fond
des alvéoles.
Ce mode d’articulation empêche que les dents ne
puissent par elles-mêmes faire aucun mouvement,
en les tenant fortement fixées sur les mâchoires:
aussi ne doit-on les considérer que comme des ins-
trumens Iranchâns et contondans, qui servent à
diviser les substances alimentaires lorsqu’on fait
mouvoir les mâcho ires.
Les dents sont en outre maintenues dans leur
situation naturelle par la membrane gencive qui
s’attache autour de leur colletd’où l’on 'peut les
regarder Cômmé formées de deux parties distinctes ;
l’une libre, qui opère la mastication (la couronne ) ?
et l’autre adhérente, qui leur sert de point d’appui
et de point fixe (la racine).
De Vengrènement des dents.
Les dents du bord alvéolaire de chaque mâ¬
choire forment deux arcades , Inné supérieure
l’autre inférieure;elles décrivent chacune un deitfi-
Ovale dont la convexité est tournée en aYatfl, tet
' ( 102 )
la concavité en arrière. La réunion de ces deux
portions d’ovale produit un ovale entier, qui se replie
sur lui-même à l’instar d’une charnière. Chaque
arcade dentaire présente une portion .moyenne
mince et tranchante vers son bord libre, qui est
tournée en bas pour la mâchoire supérieure, et en
haut pour la mâchoire inférieure ; et deux portions
latérales et postérieures qui sont larges et épaisses.
La première portion est formée par les incisives et
les canines , et les deux, autres par les molaires.
Lorsque la bouche est fermée, les dents s’entre¬
touchent de manière que les incisives et les canines
supérieures passent devant , les inférieuresglis¬
sent les unes sur les autres, et ne s’appuient que
légèrement. Les molaires , qui sont surmontées de
tubercules séparés par des rainures transversales,,
savoir, deux pour les petites , molaires et quatre
pour les grosses, se; rencontrent de telle sorte, que
les tubercules externes, des molaires supérieures
passent deyant; ceux des molaires inférieures, tandis
que les tubercules internes appuient sur la, rai¬
nure qui sépare ceux des molaires inférieures. L’in¬
verse de cette disposition a lieu pour la mâchoire
inférieure, c’est-à-dire que les molaires Croisent
en ; dedans les tubercules internes , de la. mâchoire
supérieure. Il résulte de là que toutes ,les clents su,-
j périeures croisent la direction de toutes les infé-
C io3 )
rieures en dehors , et vice versa pour l’arcade den¬
taire inférieure.
Les dents de la mâchoire supérieure et celles de
l’inférieure se correspondent chacune de la ma¬
nière suivante , lorsque les arcades dentaires se
rencontrent ,: les incisives moyennes supérieures
passent devant les incisives moyennes et la moitié
des incisives latérales inférieures ; les incisives
latérales supérieures répondent à la moitié des
incisives latérales inférieures et à la moitié des
canines; les canines supérieures passent devant
la moitié des canines et des premières petites
molaires inférieures ; les premières petites molai¬
res supérieures correspondent à une partie des pre¬
mières molaires inférieures et à la plus grande par¬
tie des secondes, sur lesquelles elles appuient; les
deuxièmes petites molaires supérieures répondent,
à une portion des: secondés inférieures et à la moi¬
tié environ des premières; grosses molaires ; lés pre¬
mières grosses molaires supérieures , au-k premières
et aux secondes grosses molaires inférieures ; les
secondés grosses molaire^ supérieures, aux secondes
et aux troisièmes inférieures ; enfin'les troisièmes
grosses molaires supérieures , aux dernières grosses
molaires inférieures, qu’elles dépassent plus ou
moins en arrière.. L’engrènemënt des dents de lait
se fait, à peu de chose près , de la même manière.
( so4 )
Il était nécessaire que les dents s’engrènassent ainsi,
afin de faciliter la section et la trituration des subs -
tances alimentaires.
Je prie le lecteur de faire attention que je ne parle
ici que de l’arrangement, des dents que l’on-observe
le plus généralement dans la nature., laissant de
coté les çxceptions, qui, loi» de détruire la règle
générale , ne,servent au contraire qu’à la confirmer.
Ç’est ce dont l’élève doit bien se pénétrer en étudiant
toid ce , qui a rapport à l’art du dentiste.
Usage des dents.
Les dents ne contribuent, jars seulement à L’orne-
ment de la bouche et du visage ; elles servent encore
à la prononciation;, et à empêcher la salive de cou¬
ler sur les lèvres àniesiire quelle est secrétée par lés
glandes salivaires.: Leur usage principal est d’exéé
cuter la mastication des alimens^ Ionctiondigcslivc
qu’il nous importe de biçn connaître, et que je dé¬
crirai per, la suites !
Remarques relatives à la nature des dents ....
, Lç^-: dents sont. des organes, tenant de la nature
des os.par les^bOspbatesüet les caTbouates calcaires
qui entrent dans leur texture et dans leur compo¬
sition chimique*: mais elles en difïèrent essentielle-
ment : par leur tissu I, leur substance fibreuse qui
( io5 )
contient les sels calcaires, leur développement,
leur mode de vitalité, ainsi que par leurs usages.
Les dents sont composées de deux parties, dont
l’une est tout-à-fait différente de l’autre. La pre¬
mière, appelée éburnée, est très dure et jaunâtre ;
la seconde, connue sous le nom d’émail, est plus
dure encore et blanche, et noccupe que la face
externe de la couronne. Quant au tissu fibreux, il
est plus dense et plus serré que celui des autres os,
ce qui lui donne l’apparence d’un cartilage lorsqu’il
a été macéré dans un acide affaibli.
Le développement des dents suit une autre
marche que celui des os; elles commencent d’abord
à se former dans des cavités osseuses ( les alvéoles ),
puis elles percent des parties molles (les gencives)
pour former les arcades dentaires, et ne finissent
leur éruption que lorsque leur couronne est entière¬
ment formée. A cette époque elles ont acquis le
volume qu’elles doivent conserver après leur sortie
des mâchoires. Lés rudimens des racines n’appa¬
raissent qu après et pendant l’éruption des cou¬
ronnes : ce qui constitue deux temps pour la for¬
mation entière des dents; le premier, qui comprend
celle de la couronne; et le second, celle de la racine.
L’articulation des dents j qui a lieu par gomphose,
est la seule que l’on rencontre d’une manière aussi
marquée dans F écopiomiè. ;. : • ■ '
(.io6 )
Le mode de vitalité des dents différé surtout de
celui des autres os, par les nerfs volumineux qui
s’y distribuent: aussi jouissent celles d’une très
grande sensibilité lorsqu’elles sont en contact avec
le froid ou le chaud j ces nerfs, accompagnés de
vaisseaux, pénètrent dans les cavités dentaires, qui
sont dépourvues de moelle et tapissées par une
membrane fibreuse dans laquelle ils se ramifient.
Elles ne s’exfolient point comme lés autres os à
l’air libre , quand même l’émail serait usé. Lés corps
extérieurs, à l’exception des acides, ont sur elles
très peu d’action. Après la mort , elles résistent
plus long-temps aux causes susceptibles d’amener la
destruction dés débris humains.
Les : usages des dents sont bien opposés à ceux
des autres os, et servent particulièrement à la
mastication, à la prononciation, etc,
Observations sur le développement des mâ¬
choires pendant le travail de la. dentition.
Les mâchoires sont formées avant les germes
dentaires, ou du moins ces derniers ne sont per¬
ceptibles à nos r sens que lorsque les mâchoires sont
parvenues a un certain, degré d’ossification.
A- la naissance, les mâchoires sont dépourvues
de dents, et se touchent immédiatement. La courbe
formée par le corps de la mâchoire inférieure affecte
( 107 )
à cette époque de la vie une sorte d’angle dont le
sommet est tourné en avant, où il. détermine, vers
la symphyse du menton , une saillie remarquable :
ses condyles sont situés au-dessous des apophyses
coronoïdes, au-dessus des angles inférieurs, et diri¬
gés en arrière, de manière à se trouver presque de
niveau avec le bord alvéolaire.
Après la naissance, les maxillaires présentent
une conformation toute différente de celle qu’ils
doivent avoir par la suite ; ils ont une très petite
étendue, et achèvent leur développement avec
celui des dents. Les parties les plus remarquables
des maxillaires pendant la dentition sont , pour
l’inférieur, les condyles,; les angles et les apophyses
coronoïdes, et pour les supérieurs, les apophyses
montantes et les sinus.
A mesure que les dents se développent et font
éruption, les condyles de la mâchoire inférieure se
redressent sur son corps, les branches commencent
à devenir apparentes, et forment un angle très
obtus : enfin lorsque la dentition est terminée , ces
branches se rapprochent de l’angle droit, et les
condyles sont, à peu de chose près, à la même hau¬
teur que les apophyses coronoïdes.
Les maxillaires supérieurs, au terme de la con¬
ception, n’existent en quelque sorte que par. leur
bord alvéolaire et leur. apophyse montante : : oh
( io8 )
aperçoit à peine la trace des sinus maxillaires. C©,
n’est que pendant que s’opère le travail dentaire •
que ces os acquièrent une étendue considérable, et
que la capacité des sinus augmente.
De Vusure des dents, et de l’âge approximatif
qu on peut en conjecturer.
Lorsque les dents ont fait éruption et qu’elles ont
formé les areades dentaires , elles restent sur les
mâchoires jusqu’à la vieillesse, à moins qu’une cause
accidentelle n’en produise la destruction.
Après leur éruption, les dents sont ordinairement
d’un blanc perlé 5 leurs couronnes sont surmontées,
pour les canines et les molaires, de tubercules aigus
et tranchans qui s’engrènent exactement pour di¬
viser les alimens ; les canines n’ont qu’un tubercule,
les petites molaires deux , et les grosses quatre. Le
sommet des incisives est droit et présente des petites
pointes aigues.
A mesure que le sujet avance en âge , le sommet
des couronnes s’use par le frottement, et les tuber¬
cules finissent alors par disparaître. L’usure com¬
plète des dents chez le cheval leur fait donner ,
dans l’art vétérinaire, le nom de dents rasées: ou
dit al ors que le cheval a rasé, c’est-à-dire qu’il ne
marque plus pour l’âge, Le même phénomène ayant
lieu chez l’homme, on peut reconnaître approxima-
( m )
iivement son âge au degré d’usure des dents. Il est
à remarquer que le développement et la conforma¬
tion; des mâchoires peuvent aussi servir à ce dia¬
gnostic. On s’imaginerait, au premier abord, que
la connaissance de l’âge par ce moyen est une chose
peu utile et de pure; curiosité; cependant il y a
certains points de médecine légale où l’on est obligé
de prononcer sur l’âge des individus morts ou vi-
vans, et qu’on ma pu résoudre faute de la connais¬
sance la plus, exacte possible de l’usure des dents.
Avec le temps l’émail s’use insensiblement j us-
qu’à la substanceéburnée, qui remplit alors les fonc¬
tions masticatoires jusqu’à Fen±ière destruction des
dents. Plus les sujets sont: jeunes;, plus l’émail ré¬
siste auxfrottemens,parce que, dans la jeunesse, les
vaisseaux et les nerfs qui; set distribuent : dans les
cavités dentaires en pénètrent encore le tissu, et
donnent aux dents une; grande vitalité : on prétend
même qu'à; cette époque: de la vie L’émail est suscep¬
tible; de; se régénérer. Chez ceux au contraire qui
s’éloignent de la jeunesse, les dents perdent de leur
vitalité par; l’oblitération des vaisseaux et l’anéan¬
tissement des nerfs: dentaires ; elles deviennent alors
plus friables, et par conséquent très faciles à s’user,
surtout chez: les vieillards , ou: les sels calcaires
abondent. Les dentsidelamâchoireinférieure^usent
plus: promptement que celles de. la mâchoire; supé-
(no )
rieure, parce que le corps qui frappe s’use toujours
plus que le corps qui est frappé. Je fais ici abstrac¬
tion des causes accidentelles de l’usurè;des dents,
telle que la pipe chez les fumeurs, etc. ;
C’est toujours par leur sommet que le§ dents
commencent à s’user. L’usure des incisives supé¬
rieures se fait en sens inverse de celle des infé¬
rieures ; c’est-à-dire que, pour les supérieures, c’est
la table interne' ou postérieure, et, pour les infé¬
rieures, la table externe ou antérieure. II en lest de
même des canines. Quant aux molaires, à mesure
que les tubercules qui les surmontent disparaissent,
leur sommet s’aplanit à: un tel; point :, que les ali-
niens sont - plutôt pressés que divisés pendant la
mastication. • _
Pour ce: qui regardela mamièrede reconnaître Page
à l’usure dés dents, je me bornerai à rassembler ici
différons phénomènes naturels, d’après lesquels on
peut reconnaître dnne manière approximative
l’âge des. individus ; conseillant aux, chirurgiens
dentistes de recueillir à ce sujet lé plus d’observa¬
tions possibles, - attendu, qu’elles : pourront par ; la
suite être d’iine grande utilité pour la médecine
légale, /: yjj'. ■ . V ; 1 jrrMuv :• • ; . ; t.
Les' mâchoires du fœtus ne contiennent que des
follicules membraneux renfermés dans des petites
poches vésiculeuses. Celles du fœtus à terme con-
( uO
tiennent les germes des dents de lait, dont les inci¬
sives et les canines sont légèrement ossifiées.
Depuis la naissan ee jusqu’à six mois , on pourra
reconnaître I:âge d’après le degré plus ou moins
avancé de l’ossification des dents de la première den¬
tition , dont les incisives sont sur le point de faire
éruption. : ; ;
Du sixième au quatorzième mois , on jugera de
l’âge d’après la sortie successive des dents incisives,
canines et petites molairesce qui complète le nom¬
bre de vingt dents, qui reste le même jusqu’à quatre
ans. On peut encore ^ depuis le quatorzième mois
jusqu’à quatre ans, tirer des inductions du dévé*
lpppement des dents secondaires et des premières
grosses molaires.
Entre quatre et cinq ans apparaissent les pre¬
mières grosses molaires' ^ lèsquèlles dëmeürent jus¬
qu’à la vieillesse, et achèvent la série des dents de
l’enfance. On pourrait aussi obtenjr une apprécia¬
tion approximative de l’âge entre; çinq ; et sept ans ,
par les progrès de l’ossification des dents de rempla¬
cement et des deux dernières grosses molaires.
Le renouvellement des dents de lait" s’opère de
sept à huit ans y, Les, secondes grosses molaires ap¬
paraissent ordinairement de huit à neuf. La seconde
dentition , qui est alors achevée, porte le .nombre
des dents à vingt-huitji et il n’en paraît plus après
( 113 )
la puberté que quatre grosses appelées de sagesse ;
ce qui donne trente-deux dents, c’est-à-dire le com¬
plément des dents de l’adulte. À partir de la pu¬
berté jusqu’à la vieillesse, l’usure plus ou moins
avancée des dents fera reconnaître à peu près l’âge
du sujet ; leur alongèment et leur vacillement sur
les bords alvéolaires caractérisent la vieillesse. Enfin
la décrépitude se reconnaît à l'absence totale des
dents, à l’oblitération des alvéolés, à Famincisse-
ment des bords alvéolaires et à la dureté de la mem¬
brane gencive qui les recouvre èt y adhère forte¬
ment. D’après ce que je viens de dire, on doit voir
combien est importante la Connaissance parfaite des
dents; j puisque c’est elle qui nous aide à distinguer
les principales époques de la vie.
BU MÉCANISME DES ORGANES MASTICAT.EU.RSi
H J’entends par lé mécanisme des organes masti-
eateurs les moüVemens des mâchoires, et la divi¬
sion dès corps placés entre lés arcades dentaires;
exécutée par la contraction des muscles.
ConsijçlércçtiQnsgénémiçs,suri&bouche*
L’agrément delâr physionomie 1 résulte dé l’har¬
monie des traits du visage, et de la concordance
dès organes qui appartiennent à la tête* Au nombre
dé ceux-ci se trouve la bouche, qui a trait à
- ( n 3 )
mon sujet ^ et sur laquelle je vais donner quelques
détails.
La bouché est une cavité située au milieu dé la
face j qui commence antérieurement par mie ouver¬
ture transversale , placée entre le nez et le menton 5
elle est composée d’os, de muscles 5 de vaisseaux,
dé nerfs, de glandes et dé membranes. De la com¬
binaison de toutes Ces parties anatomiques résulte
la division de la bouche en deux portions dis¬
tinctes $ savoir la mâchoire supérieure et la mâ¬
choire inférieure où sont implantées les dents, et
de plus une ouverture antérieure formée par lés
lèvres f lesquelles se continuent avec lès joués qui
en sont les parties latérales ; et enfin une ouver¬
ture postérieure que l’on appelle gutturale ou isthme
du gosier.
Lorsqu’on ouvre la bouche , les mâchoires s’éloi¬
gnent l’une de l’autre, cè qüi donne lieu à une
ouverture plus ou moins grande, selon qu’elles Sont
diversement conformées , c’est-à-dire selon que
les branches de la mâchoire inférieure sê rappro¬
chent plus ou moins de l’angle droit* Les angles que
décrivent ces branches avec son corps sont droits
ou obtus. L’angle obtus est plus ou moins marqué
à differentes époques de la vie* A la naissance , les
coudylés de la mâchoire sont presque de niveau
avec son corps, et décrivent un angle de cent
8
( n4 ) -
quatre-vingt degrés environ ou la moitié de la cir¬
conférence du cercle. A mesure que le sujet s’éloigne
de l’époque ou il a vu le jour, les condyles se rap¬
prochent de l’angle droit , qui est de quatre-vingt-
dix degrés ou le quart de la circonférence du cercle.
Plus les angles de la mâchoire sont obtus, moins
l’ouverture delà bouche est grande3 d’où il résulte
qu’elle ne peut avoir autant d’étendue chez les en-
fans lorsqu’ils écartent les mâchoires.
Le centre de mouvement du maxillaire inférieur
sur les supérieurs est situé dans les articulations tem-
poro-maxillaires. Ce mouvement s’exécute de la
manière suivante. Les condyles tournant de haut
en bas et d’arrière en avant sur l’apophyse trans¬
verse zygomatique, comme sur un axe , le corps
de la mâchoire décrit un arc de cercle qui déter¬
mine l’ouverture de la bouche. Cette ouverture a
quinze à seize lignes d’étendue à sa partie anté¬
rieure , tandis qu’à sa partie postérieure, où se trou¬
vent les grosses molaires, elle n’a que six à sept
lignes. L’écartement postérieur est moins grand que
l’antérieur, parce que le corps de la mâchoire est
dans cet endroit très près du centre du mouvement.
Lorsque la mâchoire inférieure est abaissée, elle
est ramenée à sa situation naturelle par un mouve¬
ment opposé à celui de son abaissement, qu’on ap¬
pelle élévation.
-Des mouvemens des mâchoires.
D’après le mode d’articulation des mâchoires, les
mouvemens dont elles sont susceptibles s’exécutent
toujours en sens inverse , c’est-à-dire que l’une
s’abaisse tandis que l’autre s’élève.
La mâchoire supérieure, vu son peu de mobilité-
peut être comparée, relativement à l’inférieure, à une
enclume sur laquelle cette dernière vient frapper,
pour opérer la division des alimens.
Les temporaux, qui appartiennent au crâne, sont
les points de réunion des mâchoires : l’articulation
qui en résulte, et qu’on appelle temporo-maxillaire,
est formée par la réception des condyles maxillaires
dans les fosses glénoïdes, ainsi que par leur contact
avec les apophyses articulaires transverses de l’arcade
zygomatique; Ce qui constitue deux articulations qui
exécutent leurs mouvemens simultanément. Les
fosses glénoïdes et les condyles sont encroûtés de
cartilages, et séparés par un ligament interarticu¬
laire fibro-cartilagineux qui recouvre aussi l’apo¬
physe transverse zygomatique. La souplesse et l’élas¬
ticité de ce fibro-cartilage peuvent le faire compa¬
rer à une espèce de coussinet, qui, en rendant les
mouvemens des mâchoires doux et faciles, s’oppose
à une pression trop directe, et prévient l’inflamma¬
tion et l’usure des parties articulaires que produirait.
( n 6 )
s 3 il en était autrement, le frottement continuel des
eondyles sur les temporaux. L’articulation temporo-
maxillaire est lubrifiée par une humeur synoviale
qui en facilite la mobilité.
Chaque articulation des mâchoires est affermie
par une capsule synoviale et deux ligamens laté¬
raux^ dont l’un est externe et l’autre interne : on
en admet encore deux autres appelés stylo-maxil¬
laire et inter-maxillaire ; mais ces espèces de
ligamens servent moins à fixer l’articulation des
mâchoires qu’à multiplier des surfaces sur lesquelles
s’implantent des fibres musculaires. A ces ligamens
il faut joindre les muscles élévateurs du maxillaire
inférieur, comme étant les parties qui tiennent les
mâchoires le plus fortement réunies.
Les articulations temporo-maxillaires sont deux
arthrodies, c’est-à-dire qui permettent des mou-
vemens en tout sens ; ces arthrodies ne peuvent
se mouvoir l’une sans l’autre. Les mouvemens diar-
throdiaux exécutés par les mâchoires sont l’abais¬
sement, l’élévation, les mouvemens horizontaux
en avant et en arrière, et les mouvemens latéraux
ou diducteurs par lesquels l’os maxillaire inférieur
est porté à droite et à gauche. Avant de parler des
mouvemens des mâchoires, il est nécessaire de
donner quelques notions sur la théorie du mouve¬
ment.
( m )
Les articulations mobiles servent à nous trans¬
porter d’un lieu dans un autre , à nous approcher
ou à nous éloigner des corps environnans selon
notre volonté, à saisir les objets qui frappent nos
sens, ou à nous en dessaisir. On rencontre toujours
dans l’exécution des mouvemens une force appelée
puissance, qui lutte sans cesse, contre une autre
force appelée résistance : de là découle la théorie du
levier ( voyez l’article, levier ), qu’on met chaque
jour en usage pour vaincre des résistances qui sont
au-dessus des forces humaines. Ce même levier se
remarque dans la construction du squelette des
animaux.
Chez l’homme, le levier qu’on rencontre le plus
généralement est celui du troisième genre, où la
puissance se trouve entre le point d’appui et la ré¬
sistance; ce levier, quoique le plus défavorable
pour la force, est celui que la nature a choisi de
préférence aux autres, parce qu’il s’adapte mieux à la
forme et à l’étendue des parties qui constituent le
corps humain. Comme l’os maxillaire inférieur est
composé de deux leviers coudés du troisième genre,
dont la réunion sé fait à la symphyse du menton,
nous avons trois parties bien distinctes à considérer
pendant la mastication. La première est le corps de
la mâchoire inférieure formé de la réunion des deux
leviers , où se trouve la résistance ; la seconde est
C i '8 )
le contact des condyles avec les temporaux, où
existe le point d’appui qui est mobile 5 enfin la
troisième est l’action des muscles, qui s’exécute
entre le point d’appui et la résistance 5 ils consti¬
tuent la puissance.
Pour se former une juste idée des mouvemens
de la mâchoire inférieure , il faut avant tout la con¬
sidérer dans son état de rapprochement avec la
supérieure 3 elle se trouve alors maintenue par les
muscles élévateurs, qui sont plus que dans une
demi-contraction3 ses condyles sont cachés dans
les fosses glénoïdes, et placés derrière l’apophyse
transverse de l’arcade zygomatique.
^Abaissement. Avant d’étudier les difierens mou¬
vemens d’une partie mobile quelconque de l’écono¬
mie , il faut se rappeler que les muscles se raccour¬
cissent pendant leur contraction, et s’alongent
pendant leur relâchement 3 qu’ils ont tous des anta¬
gonistes ou opposans , de sorte qu’aussitôt que les
uns entrent en contraction, les autres tombent dans
le relâchement, et vice versa.
Lorsque la mâchoire inférieure s’abaisse, les
muscles élévateurs se relâchent peu à peu, et elle
tend à s’éloigner de la mâchoire supérieure par
son propre poids. L’abaissement complet de cet
organe osseux est surtout opéré par la contrac¬
tion des muscles peauciers , omoplat-hyoïdiens,
( )
digastriques , les mylo et génio-hyoïdiens , etc-.,
La mâchoire inférieure, en s’abaissant, se porte en
bas et en arrière, et décrit un arc de cercle y pendant
ce mouvement les condyles se portent en avant et en
bas, en glissant au-dessous de l’apophyse transverse
zygomatique qu’elle tend à abandonner; lorsque
les condyles qüitlent l’apophyse transverse , la mâ¬
choire est abaissée outre mesure, et produit le dépla¬
cement ou la luxation temporo-maxillaire. Quand la
mâchoire est très abaissée, les apophyses coronoïdes
forment une saillie sensible au-dessous des pom¬
mettes , dans les fosses zygomatiques; ses angles
inférieurs sont directement portés en arrière.
Ce qui est digne de remarque, c’est que les
muscles abaisseurs de la mâchoire inférieure sont
attachés pour la plupart à l’os nyoïde, et forment
deux séries bien distinctes; l’une, supérieure, dont
les muscles se rendent du maxillaire à l’hyoïde;
et l’autre , inférieure, dont les muscles situés à la
partie antérieure du cou se dirigent du sternum et
autres parties osseuses à la partie inférieure de
l’hyoïde; de manière que, quand le maxillaire est
abaissé, l’hyoïde l’est en même temps par les muscles
qui s’attachent à sa partie inférieure.
Élévation. Lorsque la mâchoire inférieure
s’élève, elle se rapproche de la supérieure en décri¬
vant un arc de cercle opposé à celui qui a eu lieu
( 120 )
pendant son abaissement -, de sorte que ses condyles
rentrent dans les fosses glénoïdes , en glissant
d’avant en arrière sur l’apophyse articulaire trans-
verse de l’arcade zygomatique. Les muscles qui sont
chargés d’exécuter l’élévation de la mâchoire infé¬
rieure sont les masseleys, les ptérigoïdiens internes
et les temporaux. Çes muscles sont congénères ,
c’est-à-dire qu’ils se contractent tous à la fois.
La force contractile des muscles élévateurs de la
mâchoire inférieure est beaucoup plus grande que
celle de se,s abaisseurs (çet os ayant de la tendance
à s’abaisser par son propre poids), parce qu’ils sont
par leur nature chargés de presser fortement, les
mâchoires l’nne contre l’autre, pour opérer la divi¬
sion des corps qui offrent une extrême résistance:
aussi n’avons^nous pas d’exemples d’action muscu¬
laire aussi prononcée dans les autres parties de
réconomie. Cette, augmentation de force dépend
encore de h action simultanée de deux, leviers réunis.
Mouvement en avant- La mâchoire inférieure
ne peut se porter en avant sans s’abaisser un peu :
pendant ce mouvement, qui est déterminé parla
contraction des ptérigoïdiens et mylo-hyoïdiens,
les condyles abandonnent en partie les cavités glé¬
noïdes, et sg dirigent d’arrière eri avant, en tour¬
nant autour de l’apophyse transverse zygomatique.
Mouvement en arrière. La mâchoire inférieure
( >21 •)
ne se meut eu arrière qu’après avoir été portée en
avant } mouvement opéré par la contraction des
temporaux et des digastriques. Cette mâchoire ne
peut être ramenée en arrière san s s’élever un peu.
Mouvemens latéraux;. Ces mouvemens latéraux
ne peuvent s’exécuter sans que la mâchoire soit un
peu abaissée. Les muscles qui les opèrent sont prin¬
cipalement les ptérigoïdiens externes. Pendant la
contraction de ces muscles, la mâchoire est portée
à droite ou à gauche , et^ contuie l’observe fort ju¬
dicieusement M. le professeur Jh>yer,; lorsque le
menton regarde à gauche, le condyle du même côté
s’enfonce dans la cavité glénoïde •; tandis; que le
droit glisse d’arrière en avant, de dehors en dedans,
et au dessous de F apophyse transverse zygomatique,
la niâçhoire tournant sur le condyle gauche comme
sur un axe. Une action inverse a lieu lorsque le
menton est dirigé à droite.
Mouvemens de la mâchoire supérieure , Les
mouyenaeos de la mâchoire supérieure se bornent à
l’élévation et à 1 abaissement. Les maxillaires supé¬
rieurs étant immédiatement unis aux os du crâne ,
ils ne peuvent, se mouvoir qu’avec toute la tête 5
leurs mouvemens sont à peine sensibles. L'élévation
de la mâchoire supérieure n’a lieu en conséquence
qu’au moyen de la contraction des muscles qui
portent la tête en arrière , ainsi que des muscles di-
( 122 )
gastriques et stylo-hyoïdiens dont l’action est très
bornée. La mâchoire supérieure est abaissée par
tous les muscles qui élèvent l’inférieure.
Les dents, en se rencontrant de diverses ma¬
nières , exécutent la division et le broiement des
substances alimentaires ; cette opération est due aux
mouvemens variés des mâchoires.
Mouvemens de la tête su?' la colonne vertébrale.
La mâchoire supérieure, par son union immé¬
diate avec les os du crâne, ne pouvant faire aucun
mouvement sans que la tête n’y participe, j’ai cru
nécessaire, pour plus d’éclaircissement, de donner
quelques détails sur ceux que cette dernière exécute
sur la colonne vertébrale.
La tête s’articule avec les masses latérales de la
première vertèbre du cou ou l’atlas au moyen des
condyles de l’occipital. Cette articulation, affermie
par une capsulé et deux ligamens, dont l’un est an¬
térieur et l’autre postérieur, est une double ar-
throdie.
Lés mouvemens exécutés par l’articulation occi-
pito-atloïdienne sont la flexion, l’extension , et l’in¬
clinaison à droite et à gauche ; mais ces mouvemens
sont si bornés , qu’ils ne deviennent apparens que
lorsque les vertèbres cervicales contribuent à les
déterminer.
( 'M )
Mastication.
On appelle mastication une opération par la¬
quelle les alimens, étant sans cesse divisés par les
dents, et humectés par les humeurs de la bouche,
principalement la salive, se trouvent réduits en une
espèce de pâte appelée hol alimentaire, pour être
ensuite portés dans l’estomac au moyen de la dé¬
glutition. Cet acte est la première préparation di¬
gestive qu’éprouvent les substances nutritives avant
leur animalisation, et s’exécute de la manière sui¬
vante.
Les dents et les mâchoires ne sont pas les seuls
organes chargés d’èxécùter Cette fonction5 les lèvres,
les joues et la langue , enfin toutes les parties qui
composent la bouche, contribuent à la mastication.
Lorsque les alimens sont placés entre les arcades
dentaires, ils sont divisés par le serrement des dents
inférieures contre les supérieures , serrement déter¬
miné par la contraction des muscles élévateurs du
maxill aire inférieur.
Quand la bouche est fermée, les arcades dentaires
se rencontrent à l'instar de lames de ciseaux pour
les incisives, et d’étaux pour les molaires 5 ces der¬
nières s’appuient les unes sur les autres , mais se
croisent cependant de manière que les pointes ex¬
ternes des molaires supérieures passent devant celles
( )
des molaires inférieures, tandis que les incisives
glissent seulement lés unes sur les autres.
D’après la forme des dents qui arment les mâ¬
choires, la division des alimens s’opère de diverses
maniérés. Ils Sont coupés parles incisives; déchirés,
lacérés par les canines ; enfin broyés par les mo¬
laires.
Pendan t la mastication, la mâchoire supérieure ,
n’exécutant que des mouvemens très bornés, rela¬
tivement à. ceux: de l’inférieure, peut être considé¬
rée comme un point fixe sur lequel frappe continuel¬
lement le maxillaire inférieur comme sur une en¬
clume. Les secousses, que la mâchoire supérieure
reçoit alors de l’inferieure sont assez violentes , et
pouixaient déranger les dispositions harmoniques
ou la juxi a-position des os de la face, si la nature
(comme l’observe M. le professeur Richerand ) n’a¬
vait prévu cet accident en réunissant les os de la
tête d’une telle manière, que dédoublé effort de la
mâchoire inférieure, qui presse de bas en haut et
vers les cotés l’assemblage des os de la mâchoire
supérieure, se transmet directement au crâne en se
perdant insensiblement.. Yoici comme il s’exprime
dans sa Physiologie, à l’article Mastication :
« Six colonnes verticales, les apophyses mon-
« tantes des os maxillaires supérieurs, la portion
« orbitaire des os de la pommette , et les parties
C 125 )
« verticales des os palatins , supportent et commu-
« niquent l’elFort qui se presse dans le premier sens,
« tandis que les arcades zygomatiques serrent forte-
« ment les os de la face les uns contre les autres,
« et résistent puissamment à ce que ces os se désu-
« nissent en dehors ou sur les côtés. »
La disposition de la mâchoire inférieure formant
un levier coudé double du troisième genre, dont la
puissance, représentée par les muscles élévateurs,
se trouve aux parties postérieures de son corps,
endroit où le levier commencé à se courber, il en
résulte que plus les dents s’approchent de la partie
moyenne du corps du maxillaire inférieur, plus
elles s’éloignent du point d’appui et de la puissance ,
et moins elles ont de force de division. Aussi > comme
le dit fort bien M. Richerand, lorsque nous vou¬
lons briser un corps très dur, nous le plaçons, comme
par instinct, entre les dernières grosses molaires,
et, en raccourcissant de beaucoup le bras du levier
par lequel agit la résistance, nous corrigeons le le¬
vier du troisième genre, qui, bien que le plus em¬
ployé dans l’économie animale, est cependant de
tous le plus désavantageux. Les alimens sont Cou¬
pés, déchirés et broyés à plusieurs reprises pendant
la mastication ; la section et le déchirement s’exé¬
cutent par la contraction des muscles élévateurs, et
le broiement par celle des élévateurs et des diduc-
C «6 )
leurs (les ptérigoïdiens externes), qui font glisser
de dedans en dehors et de dehors en dedans les ar¬
cades dentaires les unes sur les autres.
Quoique les dents opèrent seules là section et la
trituration des alimens, cet acte préparatoire à la
digestion est singulièrement aidé par la contraction
des muscles des lèvres et des buccinateurs, qui rap¬
portent sans cesse de dehors en dedans, entre les
arcades dentaires , les substances alimentaires plus
ou moins broyées: il en est de même de la langue,
qui; en se contractant , refoule les alimens entre les
dents de d edans en dehors, et ramasse avec sa pointe,
entre les mâchoires , les joues et les lèvres, les par¬
celles nutritives qui n’y peuvent être ramenées par
ces dernières.
Les alimens, pendant la trituration, sont humec¬
tés par les humeurs de la bouche, qui les réduisent
en pâte ; telles sont l’humeur transpiratoire arté¬
rielle de la membrane buccale, celle provenant des
cryptes muqueux, enfin celle excrétée par les glandes
buccales et salivaires. Ces dernières fournissent le
plus de liquide, ce qui a fait donner à ce temps de
la digestion le nom d’insalivation.
Lorsque la mastication est achevée, la pâte for¬
mée par les alimens constitue ce que l’on appelle
bol alimentaire, qui est ramassé au centre de la
bouche, sur la base de la langue, et porté ensuite
( I2 7. )
dans l’estomac par le troisième acte de la digestion
nommé déglutition.
La mastication s’opère très bien tant que le nom¬
bre des dents est complet j mais quand elles vien¬
nent à s’user ou à manquer en partie ou en totalité,
cette fonction ne s’effectue plus que difficilement :
aussi cbez les vieillards qui ont perdu leurs dents,
la mastication est-elle très pénible, attendu quelle
ne se fait plus qu’au moyen du rapprochement im¬
médiat des mâchoires, dont les bords libres et min¬
ces sont recouverts par les gencives qui s’endur¬
cissent progressivement ’ } il en résulte qu’à cette
époque de la vie, qui approche de la décrépi¬
tude, on ne peut que mâcher imparfaitement les
substances alimentaires , ce qui rend les diges¬
tions plus pénibles et moins profitantes pour la
nutrition.
CHAPITRE III.
HYGIÈNE DENTAIRE.
L’hygiène est une branche de la médecine qui a.
pour objet la conservation de la santé et la prolon¬
gation de la vie en écartant les maladies. Le but
de l’hygiène dentaire est de conserver la salubrité
de la bouche et des dents.
( )
Comme on divise l’hygiène en trois parties ,
savoir le sujet , la matière et les règles, pour
nous le sujet sera les dents et leurs dépendances;
la matière, les circunrfusâ, lès applicatâ, les in-
gesta et les gesta 5 enfin lés règles , ce qu’il faut
faire ou éviter pour la conservation des dents.
Du sujet de l’hygiène ; de la bouche et ,
des dents .
La supériorité de l’homme sur lés animaux se
manifeste par la délicatesse de ses sens et le jeu de
sa physionomie, qui nous dévoilent les impressions
variées dont il est susceptible. Les passions , le
chagrin, la joie et la douleur s’impriment sur
son visage, qui devient, en se contractant, le ta¬
bleau mouvant de sës agitations intérieures.
Dans cet état, il ne peut se soustraire à l’obser¬
vation: tout ce qu’il ressent au fond de l ame de¬
vient apparent; il est alors aisé de prévoir ses désirs
et sa volonté. Ces diverses émotions sont caracté¬
risées par la contraction simultanée des organes qui
composent la face. De tous les organes qui déter¬
minent le type de la figure humaine, tels que les
yeux , le nez;, la bouche , les dents , etc., je ne
parlerai que des dernières, comme ayant exclusi¬
vement rapport à mon sujet.
Les philosophes qui ont traité des passions ont
( * 39 )
regardé les yeux comme le miroir le plus expressif
de Famé 3 mais, à mon avis, si les yeux font res¬
sortir le jeu et le piquant de la physionomie, la
bouche ne contribue pas moins à en augmenter le
charme-et l’harmonie, lorsqu’elle entre en action.
En un mot, il n’est rien de peu important dans la
conformation de l’homme3 la nature, si sage dans
ses opérations, a tout prévu pour la mettre dans
un parfait accord, et chaque organe pèche par
le défaut d’un autre. Quel attrait peut avoir un
regard favorable, lorsque le sourire n’est point
gracieux ?
Si un regard sémillant et langoureux flatte nos
sens, un sourire aimable ne les charme pas moins.
N’est-il pas aussi agréable de cueillir un doux bai¬
ser sur les lèvres d’une femme qu’on aime, que d’en
recevoir un tendre regard ? Sons le rapport de l’im¬
portance , si les yeux, expriment vivement, la bou¬
che, en articulant des sons, constitue la parole, qui,
par une diction pure et claire , nous anime et nous
transporte.
Lorsque les dents sont saines et bien rangées,
elles ajoutent encore à la beauté 3 leur perte est
toujours sensible, tant parce qu’elle diminue d’une
manière remarquable l’agrément de la physionomie,
que par rapport à la gène plus ou moins grande que
l’on éprouve, soit pour parler, soit pour broyer
9
( i5o )
les alimens. La coquetterie, défaut si naturel aux
femmes, et que nous devons cependant excuser,
fait attacher par ce sexe aimable le plus haut prix
aux organes de la dentition : aussi on ne saurait
trop lui recommander d’en avoir un soin particu¬
lier, de peur que la corruption des humeurs de la
bouche ne donne lieu à l’exhalaison d’une odeur
infecte et repoussante. Examinons présentement
quels sont les inconvéniens qui résultent du peu de
soin que‘l’on prend de la bouche et des dents.
Lorsque les dents sont cariées, couvertes de tar¬
tre et de limon, que les gencives sont sanieuses, etc.,
le dégoût s’imprime sur les lèvres, et l’haleine de¬
venue fétide force de s’éloigner ceux qui nous ap¬
prochent; les dents finissent par se carier entière¬
ment, et peuvent entraîner avec elles la destruction
partielle des mâchoires , dans les cavités alvéolaires
desquelles il se forme des collections purulentes.
La beauté se perd , la mastication devient pénible,
les digestions ne s’exécutent plus qu’imparfaitement,
et la vie est languissante.
Matière et règles de Vhygiène.
La matière de l’hygiène étant immédiatement
•suivie de ses règles, on me permettra de donner;
T application des dernières en même temps que jé
traiterai de là première ; c’est le moyen d’éviter des
{..1*1 )
complications de divisions, qui deviendraient fas¬
tidieuses dans un ouvrage élémentaire. Je parlerai
dans ce chapitre* i°des circumfusa, 2° des applicata_,
5 ° des ingesta, 4 ° des gesta.
Des circumfusa.
On entend par circumfusa une division de l’hy¬
giène générale, dans laquelle bn traite de tous les
corps qui nous environnent , et au milieu desquels
nous sommes pour ainsi dire plongés. Au nombre
de ces corps se trouvent l’air, le ciel, la terre, etc.,
enfin tous les élémens combinés et réunis qui cons¬
tituent l’univers.
L’air est un fluide élastique formé de vingt et une
parties d’oxigène, de soixante-dix-neuf d’azote,
d’un atome d’acide carbonique, et d’üne très petite
quantité de vapeur d’eau. Ces gaz , funestes à l’hu¬
manité lorsqu’ils sont répandus isolément dans
l’atmosphère, deviennent, étant réunis,la base de
la vitalité en servant à la sanguificâtion, au moyen
de l’acte respiratoire.
L’air pur, c’est-à-dire, formé d’oxigène et d’azote
d’après des proportions données par la nature, ne
nuit à la santé que lorsqu’il est vicié par des gaz ,
ou des miasmes délétères, en se dégageant des corps
avec lesquels ils étaient combinés} il est alors né¬
cessaire de connaître dans quelles circonstances les
9 ‘
( r3 2 )
dents peuvent être impressionnées par le contact de
ce gaz, lorsqu’ils sont en suspension dans l’air vital.
Les fluides élastiques et autres corps qui se mêlent
à l’air et en altèrent la pureté, sont le gaz acide
carbonique, le gaz hydrogène carboné, phos-
pboré et sulfuré, les émanations arsenicales, satur¬
nines ou de plomb , etc.3 enfin les miasmes, qui sont
des corpuscules qui se détachent des matières végé¬
tales et animales en putréfaction. Le danger de ces
gaz, quand ils se répandent dans l’atmosphère, est
trop connu pour que je donne ici le conseil de s’en
garantir 3 un instinct naturel nous porte à les éviter,
lorsque leur dégagement est assez lent pour nous
laisser le temps de la réflexion ; autrement on serait
asphyxié. Les émanations arsenicales, mercurielles,
saturnines ou de plomb, sont très nuisibles aux
dents : aussi remarque-t-on que chez la plupart des
ouvriers qui, par leurs travaux., se trouvent jour¬
nellement exposés à l’action immédiate de ces éma¬
nations, les dents se noircissent, vacillent parfois
dans leurs alvéoles, se déchaussent et sont sujettes
à se carier.
D’après Guyton de Morveau , on purifie l’air par
le dégagement du chlore : on met dans un vase de
verre ou de grès soixante-dix grammes d’oxide de
manganèse et deux cent cinquante de sel marin ,
où hydrochlorate de soude, bien pulvérisés et mêlés 3
( i53 )
on verse cent vingt-cinq grammes d’acide sulfu¬
rique étendu de cent vingt-cinq grammes d’eau,
et on chauffe, les portes et les fenêtres étant fer¬
mées. Vingt-quatre heures après, le chlore dégagé
purifie l’air entièrement. On dégage encore le chlore
en versant cinq parties d’acide hydrochlorique suf¬
fisamment étendue d’eau sur une partie d’oxide de
manganèse ; puis on chauffe.
La température de l’air étant susceptible de va¬
riation , ce fluide élastique peut nuire aux organes
de la dentition en déterminant des douleurs odon-
talgiques, surtout chez les personnes, sujettes aux
maux de dents. Cet accident a ordinairement lieu
lorsque, quittant un endroit très chaud, on s’expose
à un air vif et frais. Aussi quand on est obligé de
sortir par un froid rigoureux, on place un mouchoir
devant sa figure, afin que l’air n’arrive point direc¬
tement dans la bouche, et puisse se réchauffer en
traversant les fosses nasales.
Lorsqu’au froid se joint l’humidité, l’air devient
la source d un grand nombre de maladies, parmi
lesquelles se trouve le scorbut 5 affection qui porte
particulièrement ses ravages sur les dents et les
gencives, et que, pour cette raison, le chirurgien
dentiste doit surtout étudier.
Les lieux et les eaux peuvent aussi contribuer
à la destruction des dents, comme on en remarque
( i34 )
des exemples dans certaines contrées de la France
et autres nations, dont la plupart des habitans ont les
dents gâtées : cette maladie endémique tient prin¬
cipalement à la mauvaise qualité des eaux dont on
fait usage. Pour se soustraire à cette pernicieuse
influence,~ il faudrait changer de climat; mais il
arrive souvent que cette affection s’identifie telle¬
ment avec les habitans de ces contrées, que, malgré
le changement de lieux, les dents finissent tôt ou
tard par se gâter : cette maladie devient même par¬
fois héréditaire.
Je ne m’étendrai pas davantage sur cette partie
de l’hygiène, mon intention n’étant que de faire
entrevoir aux élèves que toutes les sciences médi¬
cales sont si bien liées entre elles, qu’elles peuvent
rendre d’importans services à la chirurgie dentaire,
branche pour ainsi dire isolée de l’art de guérir.
Des applicata .
Sous le nom d’âpplicata se trouve compris tout
ce qui a rapport à la propreté de la bouche et des
dents. Cet article concerne la toilette.
L’entretien de la bouche et des dents a pour
but de prévenir la carie et l’amas du phosphate de
chaux , vulgairement appelé tartre; de conser¬
ver lèur blancheur, et d’empêcher l’haleine d’être
fétide.
( i35 )
Les moyens que l’on emploie le plus générale¬
ment pour cet objet sont des frictions àvec'des
brosses et des substances réduites en poudre, telles
que le corail , la crème de tartre, le charbon , le
quinquina et des gargarismes d’eau pure ou aiguisée
avec des acides végétaux non concentrés : il faut
surtout proscrire les préparations minérales , parce
qu’elles tendent à ramollir et à détruire les dents, et
ternissent à la longue leur blancheur. Je conseillerai
aussi les teintures spiritueuses aromatiques, qui,
étendues d ? eau , raffermissent le tissu des gencives,
et rendent la bouche fraîche : les cure-dents font
aussi partie des applicata.
On doit éviter dé faire un Usage journalier des
poudres èt des acides, parce que ces substances
finissent par altérer le tissu des dents. Il est bon de
ne s’en servir que lorsque la blancheur de ces
organes est diminuée par la malproprété. Les acides
purs et concentrés sont à rejeter, ainsi que les
poudres qui ont trop d’âpreté et de mordant5 le
corail lui-même, à cause de sa dureté, userait
l’émail des dents, s’il n’était finement pulvérisé, et
surtout si on l’employait fréquemment.
Pour entretenir la propreté des organes de la mas¬
tication , il faut tous les matins se gargariser et se
laver la bouche avec de l’eau fraîche, ou légèrement
aiguisée avec un acide végétal, afin d’enlever le
( »56 )
limon qui pourrait se déposer sur la surface des
dents, et particulièrement entre leur collet et les
gencives. Souvent il arrive qu’en mangeant, des
parcelles alimentaires s’interposent entre les dents *
et comme leur séjour pourrait rendre l’hâleine fétide,
on aura soin de les ôter avec tin cure-dent flexible
et élastique, c’est-à-dire un corps moins dur que
le tissu dentaire, tel que la corne, la plume ,
l’écaille, l’ivoire, etc. Après le repas, il faut se_
rincer la bouche.
Quand le limon s’épaissit de manière à favoriser
le dépôt des sels calcaires, les brosses deviennent
alors nécessaires ; mais les crins qui les composent
me doivent point être trop rudes, de peur de dé¬
chausser les dents et d’occasionner de l’irritation.
Si les. gencives sont blafardes et relâchées dans
leur tissu, on peut se servir de brosses rudes, afin
de les stimuler et de les rendre plus vermeilles.
Lorsqu’elles sont trop gorgées de sang, l’emploi de
ces brosses en amène le dégorgement; on peut
y joindre l’usage des poudres lorsque le tartre conn
mence à les recouvrir.
Souvent les sels calcaires sont en si grande abon¬
dance, que les moyens indiqués ci-dessus devien¬
nent infructueux ; alors le meilleur conseil que
j’aie à donner est de recourir à un dentiste habile
qui les enlève sans ébranler les dents.
( î% )
Des ingesta.
On appelle ingesta toute espèce d’aliment qui,
introduit dans le canal intestinal, sert à notre con¬
servation en s’assimilant à notre propre substance,
après avoir été animalisé par l’acte de la digestion.
Je parle des ingesta dans cet ouvrage , parce que
tout ce qui est porté dans les voies digestives a
été mis auparavant en contact avec la bouche et
les dents.
Les aliméns sont solides ou liquides, simples ou
composés, selon qu’on lès emploie tels qu’ils sont
fournis par la nature, ou qu’ils ont subi quelques
préparations.
Les aliméns solides sont tirés du règne animal
et du règne végétal.
La chair des animaux dont Thommé fait habi¬
tuellement usage est choisie parmi les quadru¬
pèdes , les oiseaux ét les paissons, tels que le bœuf,
le poulet, le saumon, etc. Les racines, les tiges,
les feuilles, les fruits et les céréales sont les par¬
ties des végétaux dont il se nourrit journellement,
comme les racines potagères , les cardons, les
choux, les abricots, les amandes, les noix , le
froment, etc.
Les aliméns liquides sont l’eau, substance natu¬
relle, et les boissons fermentées, telles que le vin ,
( i58 )
le vinaigre étendu d’eau , la bière , le cidre , le
poiré, l’hydromel, et les liqueurs alkooliques,
l’eau-de-vie j le rum, etc.
La plupart des alimens, avant de servir à notre
nourriture, subissent diverses préparations qui en
facilitent la digestion, et nous mettent en état de
lutter contre les causes débilitantes extérieures.
C’est ainsi que, dans les pays méridionaux, où la
chaleur est excessive et accablante , les naturels
aiment de préférence les mets très épicés et les bois¬
sons spiritueuses très fortes : il en est de même des
contrées septentrionales, dont les habitans ont sans
cesse à combattre l’impression engourdissante d’un
froid rigoureux. De l’abus des assaisonne mens, au
nombre desquels sont le set , le poivre , le pi¬
ment , etc., il peut résulter des maladies de bou^-
che, surtout dans les climats tempérés, et chez les
personnes sujettes aux inflammations.
La préparation des alimens doit être appropriée'
à l’état présent du malade. C’est pourquoi, lorsque
les dents seront douloureuses et vacillantes, on
aura soin de défendre l’usage de ceux qui sont dif¬
ficiles à broyer, et dé recommander les potages au
pain, à la semoule, au vermicelle, à la fécule,
cuits et délayés dans l’eau. Parmi les alimens tirés
du règne animal, on choisira la chair dés animaux
d’une mastication facile j elle devra être tendre,
( «9 )
bien cuite, et même réduite en hachis, si cela est
nécessaire. Quant au pain , qui forme la base de
notre nourriture, on n’en mangera que lamie dans
sonetat naturel, ou plus ou moins humectée. Il fau¬
dra surtout faire attention au degré de température
des alimens, de peur que la sensibilité des nerfs den¬
taires , se trouvant trop exaltée par l’impression du
chaud ou du froid, ne déterminé une odontalgie
plus ou moins aiguë. Ce régime convient également
aux vieillards pour qui la privation des dents rend
la mastication très difficile.
Ce qu’il nous importe de bien connaître, c’est
l’action des liquides sur les dents.
L’eau, boisson universellement en usage, est
formée de deux gaz, l’oxigène et l’hydrogène j le
premier dans la proportion de 88 parties, 29 , et
le second dans celle de 11 parties , 71, pour
1000. Pour quelle soit salubre, il faut que, dé¬
gagée de sels calcaires et de toute espèce dimmon-
dicés, elle contienne dé l’air et de l’acide carbo¬
nique: par ce motif, on emploiera de préférence,
pour breuvage et pour la propreté de la bouche ,
l’eau de rivière ou de fleuve j qui coule sur un lit
de sable ou de matière insoluble.
Quand l’eau contient des sulfates , des carbo¬
nates, des nitrates de chaux , de potasse et de
soude, ou des débris de matières végétales et ani-
( i4° >
males en putréfaction, elle peut nuire aux dents
en déposant sur elles une espèce de couche calcaire,
comme on en voit des exemples dans certains pays,
dont la plupart des hahitans ont les dents gâtées
par l’usage des eaux de puits, de marais, de ci¬
terne, etc. Lorsque l’on est obligé de boire de ces
eaux, il faut les purifier par la distillation qui les
dégage de tout corps hétérogène, puis les agiter à
l’air libre. Prescrire l’eau bien pure pour la pro¬
preté de la bouche est le meilleur conseil que l’on
puisse donner.
Les vins sont le produit du suc du raisin fer¬
menté. Ils contiennent de l’eau, de l’alkool, un
ou plusieurs acides, du tartrite acidulé de potasse
( ou surtartrate acidulé de potasse ) 5 une matière
extractive colorante et de l’arome. Plus les vins
sont vieux, plus ils conviennent à la santé et
à la propreté de la bouche , parce qu’ils ont perdu
leur goût acerbe ou leur verdeur, et qu’ils se sont
dépouillés de l’acide tartarique, ainsi que de leur
matière colorante , qui pourrait s’attacher à la
surface des dents.
Les autres boissons fermentées , telles que la
bière, le cidre, le poiré , l’hydromel, etc.lors¬
qu’elles sont prises avec excès, nuisent à la pro¬
preté de la bouche par la quantité plus où moins
grande de limon quelles peuvent déposer entre les
( )
dents et les gencives, quand elles ne sont pas bien
clarifiées.
Les boissons alkooliques que l’on obtient par
le moyen de la distillation des liqueurs fer¬
mentées et des substances mucoso-sucrées, prises
avec excès, sont susceptibles d’irriter et même
d’excorier la membrane muqueuse qui tapisse la
bouche.
Les acides végétaux, tels que le citron, le vi¬
naigre, etc., ayant la propriété de ramollir le tissu
des dents, doivent être employés avec réserve. Quant
aux fruits acidulés et acerbes, comme les groseilles,
le verjus, l’épine vinette, etc., il faut en éviter
l’excès, parce qu’ils agacent les dents, et peuvent
à la longue les ramollir.
Des gesta.
On entend par gesta les exercices variés des par¬
ties mobiles du corps humain, plus ou moins favo¬
rables à l’entretien de la santé. Je n’en parlerai ici
que sous le rapport des efforts qui peuvent résulter
de la division de corps durs placés entre les dents,
et sous celui des différens degrés d’écartement des
mâchoires, occasionné par l’introduction de corps
volumineux dans la bouche.
J’ai déjà dit que les mouvemens de la mâchoire
inférieure sur la supérieure sont l’élévation, l’a-
( 14*2 )
baissement, les mouvemens en avant, en arrière, et
latéraux.
Lorsque les mâchoires sont rapprochées subite¬
ment, les dents s’appuient les unes sur les autres,
la mâchoire inférieure se portant en arrière, d’où
il résulte, par le frottement des dents, une sensation
désagréable que l’on appelle grincement. Le trismus,
ou serrement spasmodique des mâchoires dans le
tétanos, est ordinairement accompagné d’un craque¬
ment de dents, suite de leur pression, qui fait
éprouver un sentiment pénible à ceux qui envi¬
ronnent le malade. Certaines personnes s’amusent
parfois à déterminer un craquement semblable \
mais il est toujours nuisible,parce que la couronne
des dents peut se briser partiellement, et qu’il
donne lieu à une usure proportionnée à la violence
du frottement.
La force prodigieuse des mâchoires , lorsque les
muscles élévateurs de l’inférieure se contractent,
nous procure le moyen de briser avec les dents des
corps d’une grande résistance 5 et nous les plaçons
instinctivement entre les grosses molaires , parce
que, ces dents étant situées près du point d’appui ,
leur force est augmentée par le raccourcissement
du bras du levier du troisième genre. Les molaires
sont en outre , par leur conformation et leur vo¬
lume , plus capables de supporter les efforts de près-
( 143 )
sion que les autres dents. Si l’on plaçait un corps
solide entre les incisives, leur éloignement du point
d’appui et leur peu d’épaisseur concourraient à les
fracturer; c’est pourquoi il faut éviter de chercher
à vaincre avec elles la moindre résistance.
Certains jongleurs, pour prouver la force de
leurs mâchoires, portent entre leurs dents des far¬
deaux considérables ; mais ce genre d'exercice est
d’autant plus dangereux, qu’il peut occasionner des
accidens graves, tels que la fracture et la luxation
des dents, qui sont entraînées en avant par l’énorme
pesanteur des poids, ainsi que la pression des nerfs
dentaires par le refoulement de ces organes dans
leurs alvéoles.
Lorsque l’on veut introduire des corps trop volu¬
mineux dans la bouche, la mâchoire inférieure peut
se luxer par son trop grand abaissement. Je ferai
remarquer, en passant, que plus les corps sont vo¬
lumineux, moins ils sont susceptibles d’être divisés,
parce qu’ils mettent obstacle au rapprochement
des mâchoires, et conséquemment à la force motrice
des muscles , en arrêtant leur contraction.
( >4i )
DEUXIÈME PARTIE.
La seconde partie de cet ouvrage comprend les
maladies des organes de la mastication, et le trai¬
tement qui leur est approprié. Les unes entrent dans
le domaine de la pathologie l’autre appartient à la
thérapeutique.
CHAPITRE L
PATHOLOGIE.
La pathologie est une branche de îa médecine qui
traite de la nature des maladies : on la divise en
générale et en spéciale ou particulière.
La première, pathologie générale, nous apprend
à connaître . i° le nom et la classification des ma¬
ladies ( nosologie), 2 0 les causes qui les produisent
( étiologie), 3 ° les symptômes qui les caractérisent
(symptomatologie), 4° les signes (séméiologie).
La seconde , pathologie spéciale ou particulière,
nous fait distinguer si les maladies sont internes
(pathologie interne ou médecine) , ou bien si elles
sont externes ( pathologie externe ou chirurgie).
( 145 )
Les maladies qui attaquent les organes de la masti¬
cation appartiennent spécialement à la pathologie
externe ou chirurgie.
Comme l’inflammation accompagne très souvent
les maladies des dents, il est nécessaire que celui
qui veut s’adonner à l’exercice de la chirurgie den¬
taire l’étudie avec soin, ainsi que certaines affec¬
tions locales de la bouche dépendantes d’un vice
général qui parfois complique et même détermine
les symptômes morbifiques des organes mastica¬
teurs. C’est pourquoi je commencerai par tracer
le tableau de l’inflammation, et parler succincte¬
ment de quelques maladies de la bouche, avant de
décrire celles qui sont du ressort de la chirurgie
dentaire.
De Vinflammation.
L’inflammation peut se définir par une exalta¬
tion des propriétés vitales dans un tissu quelconque
de l'économie, provenant d’une cause excitante qui
détermine l’irritation des parties et l’afflux des hu¬
meurs circulatoires dans les vaisseaux capillaires.
Elle est caractérisée par la douleur, la rougeur, la
tumeur et la chaleur de l’organe.
Tous les tissus animaux, à l’exception des poils
de l’épiderme, et des ongles, sont susceptibles d’in¬
flammation j mais comme cette maladie est signalée
par l’accélération des fluides circulatoires dans les
io
( .)
parties qsime» soïa-E le siège , ces tissus de noire éco¬
nomie s’enflamment d’autant plus facilement, qu'ils
reçoivent plus de vaisseaux capillaires et de nerfs,
qui sont les principaux ageïis de la vitalité : telle est
la raison pour laquelle la peau, les membranes
muqueuses et séreuses, les tissus cellulaires et pa¬
renchymateux, qui en reçoivent Un grand nombre,
sont très sujets à s’enflammer; tandis que les os, les
cartilages, les ligametïs, les tendons et lès aponé¬
vroses , que l’on nomme tissus Maries, parce que la
présence des vaisseaux et des nerfs ne s’y manifeste
pas:j en sont très peu susceptibles.
.T’excepterai cependant ici les dents, à cause des
nerfs qui se ramifient dans la membrane dont leurs
cavités sont tapissées, et les douent d’une certaine
sensibilité; ce qui fait qu’elles Surpassent en vitalité
les tissus, osseux^ et fibreux et quelles* sont par cela
même plus aptes à s’enflammer : aussi n’est-il rien
de plus commun que les douleurs odontalgiques et
la éarie des dents.
Qm à donné dilférens noms à l’inflammation ,
scion les tissus et les organes qu elle affecte : on
appelle érysipèle l’inflammation de la peau; phleg¬
mon, celle du tissu cellulaire ; catarrhe,. celle des
membranes muqueuses,, etc. : l’odontalgie est l’in¬
flammation des deia&s..
Causes prédisposantes. Les causes prédispo-
( '^7 )
santés de l’inflammation sont la jeunesse et l’âge
adulte, la première éruption,. le retour ou la cessa¬
tion des règles ,1e tempérament sanguin , la pléthore ,
la saison du printemps, lés exercices- violons,. et
l’exposition prolongée aux variations de l’atmo¬
sphère.
Cotises déterminantes. On appelle causes déter¬
minantes toutes celles qui peuvent produire de l’irrir-
tation, telles que les coups, les chu tes,. le contact
des substances âfcres et irritantes, etc.
Symptômes de Kù^amimÈt'mm Lés symptômes
caractéristiques de l’inflammation sont la* douleur,
la tumeur, la rougeur et la chafenr. Tous ces phé¬
nomènes sont la suite de l’irritation deé p#tiesmar
iades. ’ : v
La douleur est un sentiment ou nue impression
désagréable , qui diffère selon les tissus, 0 et qui
commence toujours avec l’irritation inflammatoire
dans les organes doués d’une grande s en si b ilhté 3 : elle
ne' se manifesté au contraire qu’après- les autres phér
nomènes phlegmasiques, dans ceux; qui sont; peu
sensibles. Les sensations qu’elle fait éprouver- sont
très variables elle est distensive , quand il existe
un sentiment'de tension, comme si l’pn éeartâit les
fibres de la partie affectée; gravâtive , quand ori
ressent de la pesanteur dans l’endroit ou est le mal 5
dilacérante , quand il semble que l’on vous déchire ;
( i48 )
pulsative, quand l’inflammation est accompagnée
de battemens plus ou moins marqués 5 pongitive,
quand la partie est comme percée par un instrument
aigu 5 enfin pertérébrante, quand la douleur paraît
être produite par une tarière, etc.
La tumeur est un gonflement déterminé par
l’afflux des humeurs séreuses et sanguines dans les
parties enflammées. Ce symptôme est la suite de
l’irritation, phénomène qu’Hippocrate, le père de
la médecine, a très bien reconnu, lorsqu’il dit dans
ses Aphorismes, ubifluæus, ibi stimulus. En effet,
il ne peut exister d’irritation sans qu’il y ait aug¬
mentation de vitalité, et par conséquent afflux de
sang et de sérosité.
La rougeur provient de l’accumulation du sang
dans les vaisseaux capillaires les plus déliés, qui
n’admettent, dans l’état sain, aucune molécule
cruorique. Ces vaisseaux, quand il existe une vive
inflammation, se gorgent de sang et se distendent à
un tel point, que l’on peut apercevoir, à travers les
tégumens amincis , la couleur foncée de ce fluide
circulatoire. Souvent les capillaires se rompent et
donnent lieu à des ecchymoses • et l’on voit même
parfois le sang mêlé avec la sérosité s’échapper par
les vaisseaux exhalans.
La chaleur est la suite d’une plus grande acti¬
vité de la circulation dans les organes malades : ce
( *49 )
phénomène ne peut exister sans qu’il y ait augmen¬
tation de caloricité. Souvent le sentiment de la
chaleur est si pénible, que la sensation que l’on
éprouve ressemble à celle que causerait une brû¬
lure : cette sensation est produite plutôt par l’exal¬
tation de la sensibilité que par l’élévation du calo¬
rique , qui n’est jamais que de quelques degrés.
Lorsque l’inflammation devient intense, elle est
accompagnée d’un trouble général des fonctions que
Ton appelle fièvre, et les organes qui en sont le siège
se trouvent gênés dans leur action , ou bien ne les i
exercent plus.
Marche de Vinflammation. La marche de l’in¬
flammation est active, lorsqu’elle parcourt ses pério¬
des avec rapidité 3 passive, lox-squ’elle marche avec
lenteur; aiguë, lorsque la tuméfaction est interrom¬
pue par un obstacle invincible, et qu’elle peut se
terminer par gangrène.
Terminaison de Vinflammation. L’inflamma¬
tion peut se terminer par résolution, délitescence ,
suppuration, induration , et gangrène.
Ta résolution a lieu lorsque les symptômes in¬
flammatoires décroissent progressivement, et que
les parties affectées reviennent à leur état naturel.
La délitescence est la disparition subite du
gonflement inflammatoire , sans apparence de réso®
ution ni de suppuration.
( i5o )
La suppuration est déterminée par la désorga¬
nisation du tissu cellulairej qui se convertit en un
liquide.blanchâtre que l’on appelle pus. La collec¬
tion plus ou moins abondante de ee fluide cons¬
titue les abcès. La formation du pus est annoncée
par des frissons vagues, accompagnés d’une dimi¬
nution d.ans les propriétés vitales , qui avaient été
exaltées par la cause inflammatoire. On reconnaît
sa présence à la mollesse et à la fluctuation que l’on
sent dans le lieu qu’occupait la maladie. La carie
est la suppuration des dents. ;
L induration se reconnaît à l’endurcissement des
parties et à l’indolence de la marche inflamma¬
toire : on pense que la présence d’une matière albu¬
mineuse concreacible, arretée dîmslès vaisseaux ca¬
pillaires et les aréoles du tissu cellulaire, .occasionne
cette terminaison inflammatoire.
La gangrène est l’extinction .des propriétés vi¬
tales de la partie enflammée 5 elle est caractérisée
par la perte de la sensibilité , de la motilité ot de la
caloricité : bientôt il survient une couleur brune,
livide ou npire, ou bien de petites ampoules ou clo¬
ches pleines d’une eau rousse, livide ou noirâtre \
laissant exhaler une odeur toute particulière que J’on
reconnaît toujours , pourvu qu’on ait cté frappé une
fois par son odeur. La nécrose est la gangrène op
la mort des dents.
( *$£ )
Traitement de. Vinfiammatiom Le traitement
consiste à s’opposer aux progrès de jl’infla-mmation ,
et à remédier aux accidens qui en sont trop souvent
la suite.
On arrête les progrès de l’inflammation, lors¬
qu’elle est à «on début, par la saignée loeale;ou gé¬
nérale , le repos , là diète, lés boissons délayantes
ou acidulées l’emploi des réperOussîfs. ;
Lorsqu’elle tend à la suppuration ^ on' met en
usage les émolliens et les anodins, quand il existe
une vive douleur. Aussitôt que le pus est forméy on
lui donne issue avec le bistouri.
Dans l’induration, comme 1 inflammation prend
un caractère indolent, il convient d’employer des
suppuratifs et des excilans, afin de réveiller l’action
dés vaisseaux lymphatiques qui est ralentie.
Quand la gangrène est déclarée, les suppuratifs
et les éxeitans les plus énergiques sont indiqués^ afin
d’activer par l’inflammation et la suppuration la
chute des eschares gangréneuses 3 autrement il faut
l’enlever avec, un instrument tranchant, lorsque le
cercle aréolaire inflammatoire estbiem marqué.
DES MALADIES DE LA BOUCHE qUE LE CHIRURGIEN
DENTISTE DOIT CONNAÎTRE.
Les maladies qui vont nous occuper sont celles
qui attaquent la membrane muqueuse de la bouché :
( i'5a )
les principales sont les aphtes, les ulcères scorbu¬
tiques , et les ulcères vénériens ou syphilitiques.
Des aphtes .
Les aphtes sont des excoriations de la membrane
muqueuse de la bouche, qui se montrent sous l’as¬
pect d’ulcères ; leur Forme est irrégulière et plus ou
moins étendue, leur couleur blanchâtre5 elles sont
superficielles, et font éprouver un sentiment de cha¬
leur brûlante : parfois elles prédominent la mem¬
brane buccale. Leur présence se manifeste le plus
ordinairement à la face interne dés lèvres, vers les
angles de leurs commissures, et sur les bords laté¬
raux de la langue.
Les causes qui les produisent tiennent à une dis¬
position du sujet à l’inflammation, à l’abus des
liqueurs fortes et des substances stimulantes, à l’ir¬
ritation que détermine la fumée de tabac chez les
fumeurs,etc.; elles peuvent encore provenir d’une
cause débilitante. Dans le premier cas, on les com¬
bat par les émolliens et les antiphlogistiques; dans
le second , par les styptiques et les toniques.
Le traitement le plus généralement employé pour
guérir les aphtes consiste à les toucher avec la pierre
infernale ou avec un pinceau de charpie trempé dans
le miel rosat, ou le collyre de Lanfranc ; à faire
rincer la bouche avec le sirop de vinaigre ou l’oxi-
( 153 )
mel étendus dans l’eau : on peut prescrire en même
temps des boissons rafraîchissantes, telles que l’eau
d’orge miellée, la limonade cuite, etc. ; ou bien des
boissons adoucissantes, comme les infusions de
mauve, de violette, etc., édulcorées avec des sirops.
L’usage immodéré des mercuriaux donne lieu à
des apbtes qui diffèrent essentiellement des pre¬
mières, parce que, quoiqu’elles aient à peu près
le même aspect, elles sont toujours accompagnées
du gonflement des glandes salivaires et de saliva¬
tion. Ces apbtes sont très superficielles et causées
par la rupture de l’épiderme qui recouvre la mem¬
brane muqueuse de la boucbe, dont toutes les par¬
ties sont tuméfiées, ce qui empêche de l’ouvrir et
fait éprouver, comme celles dont je viens de par¬
ler, un sentiment de chaleur brûlante. On parvient
à les guérir en suspendant l’usage des mercuriaux,
et en prescrivant des gargarismes émolliens et ra-
fraîchissans.
Des ulcères scorbutiques.
Les ulcères scorbutiques sont de couleur lie de
vin et baveux, et laissent écouler une sanie purulente
et sanguinolente; les gencives ont une couleur li¬
vide , se gonflent, s’amollissent et saignent par, la
moindre pression; les dents se déchaussent, vacillent,
et s’enduisent de tartre et d’un limon jaunâtres; les
( i 54 )
lèvres et la langue prennent une teinte brunâtre , et
l’haleine est très fétide. A ces symptômes il faut
ajouter ceux de l'habitude du corps : le teint est
plombé ; il se manifeste des pétéchies et des ecchy¬
moses qui affectent particulièrement les extrémités
inférieures; les forces du malade diminuent à un
tel point, qu’il tombe dans une faiblesse et une
nonchalance extrêmes. Chez les personnes qui ont
été atteintes du scorbut, les gencives et les dents
reviennent rarement à leur étal naturel; ces der¬
nières finissent presque toujours par se carier ou par
tomber.
Dans le traitement du scorbut, on prescrit les
sues de citron, d*oseille, des crucifères, enfin toutes
les préparations antiscorbutiques ou toniques, séus
forme de vins ^ de sirops^, d’apozèmes, etc. B faut
surtout que le malade respire un air pur, et qu’il
se maintienne dans la plus grande propreté.
Des ulcères vénériens ou syphilitiques.
La syphilis est une maladie importante à con¬
naître “pour le chirurgien dentiste, à cause des
ràvdges çfîrayans quelle exerce Oncore trop fré¬
quemment dans les parties dont se compose la
bouche. . '
Cette maladie, -contagieuse par le contact immé¬
diat , résulte de 4 a présence d’un virus qui a la
Ç *55 )
faculté ,de s’inoculer , et par suite d’infecter toutes
les .parties de l’économie, lorsqu’on ne se hâte point
de la .combattre. Les .symptômes de la syphilis sont
très nombreux, .et se montrent sous différentes
formes,, telles que des pustules, des exostoses, des
ulcères., des caries, etc., etc. Gomme mon sujet ,se
borne aux lésions de la bouche, je décrirai seule¬
ment les ulcères vénériens, et je passerai de suite
à la description de l’ozène, .un des plus horribles
symptômes de cette maladie.
Les ml cènes vénériens primitifs commencent par
une petite pustule, ou par une tache rougeâtre,
accompagnée de prurit, qui devient vésiculeuse
et s’ulcère aussitôt que la vésicule est ouverte.
Lorsque l’ulcère vénérienest formé, ; il s’étend ; en
largeur ou en profondeur , et ses bords sont coupés
droit,; ce signe W fait surtout reconnaître. L/e pus
qui -en découle est grisâtre, couenneux, adhérent ;
et répand un odeur sut generis. Quand ces ulcères
existent sur la peau, ils se propagent à l’infihi,
mais de telle sorte, qudis se; cicatrisent dans un
endroit pour reçaraître bientôt dans un autre. Pour
les syphilis anciennes;, ils se promènent sur la sur¬
face du corpsi, ; de manière: a laisser ,dè très larges
cicatrices qui sont bosselées et disses au toucher.
L’ozène est la: suite, dulpères.vénériens êonsé-
êntifs:, jcleStr-a^dire^-qui n’apparaissent à dâ gorge
( *56 )
qu’à une époque très éloignée du temps où l’on s’est
exposé à contracter le virus vénérien. Cette affec¬
tion a été nommée ozène, à cause de l’odeur fétide
que les malades exhalent par le nez et par labouche.
Au début de l’ozène, les ulcères qui se montrent
à l'arrière-bouche occupent le plus ordinairement
les amygdales, les piliers, la voûte et le voile du
palais. Us sont plus excavés que les ulcères primi¬
tifs, d’une couleur gris sale , souvent brune ou
jaunâtre, et circonscrits par une aréole rouge plus
ou moins foncée ; leurs bords sont inégaux, comme
frangés et coupés perpendiculairement, mais plus
gonflés que les ulcères primitifs.
A mesure que les ulcères du voile du palais
s’étendent et se multiplient, les fosses nasales et la
voûte palatine participent aux progrès de la maladie.
Il survient bientôt dès abcès, suite de la carie des
os, qui amènent la destruction d’une grande partie
de la mâchoire supérieure. Cet accident se recon¬
naît à un pus plus ou moins abondant et mêlé de
fragmens osseux qu’on attire en dehors lorsqu’on se
mouche ou que l’on crache ; peu à peu la cloison et
les os propres du nez se détruisent, ainsi que la
voûte palatine, qui finit par se réduire à un tel
point, qu’il ne reste plus que le bord alvéolaire
dont le rétrécissement progressif amène la chute des
dents. Dans cet état, la figure devient hideuse et
( i5 7 ;)
dégoûtante, à cause de la perte des os propres du
nez et de l’écoulement habituel d’un pus fétide, les
cavités buccale et nasale n’en formant plus qu’une
par suite de la destruction de la voûte palatine et
de la cloison des fosses nasales 5 la voix devient
rauque, et l’articulation des sons ne s’effectue qu’im-
parfaitement. Je conserve la tête d’un vénérien,
dont l’expression physionomique a dû être hor¬
rible. La voûte palatine et la cloison des fosses
nasales sont entièrement détruites, de sorte que la
bouche etle nez ne forment qu’une seule cavité d’une
très grande étendue par la destruction presque
complète de l’éthmoïde, dont il ne reste plus que
les parois orbitaires appelées os planum, et la lame
criblée. La face interne des os maxillaires est si
rongée, qu*on_aperçoit à peine la trace de leurs
sinus 3 et leur bord alvéolaire, entièrement dégarni
de dents, n’offre plus que l’empreinte des alvéoles
des incisives, dont plusieurs sont rongés et à jour
vers leur partie supérieure. Pour compléter l’hor¬
reur de ce tableau, il faut y ajouter la perte des
os propres du nez, qui sont rongés jusqu’à leur in¬
sertion au coronal, celle d’une portion de l’apophyse
montante maxillaire du côté droit, et l’entière dis¬
parition des canaux lacrymaux et des os unguis.
La guérison de la syphilis s’obtient par l’usage
des mercuriaux sagement administrés 3 mais comme
( *58 )
je ne me suis point propose de décrire dans cet
ouvrage les affections vénériennes, et que mon in¬
tention; n’est que de montrer combien le chirurgien
dentiste doit être réservé dans le traitement des ma¬
ladies de la bouche^ afin qu’il ne croie pas pouvoir
les guérir toutes par le secours de remèdes inno-
cens , jerenvoie ceuixqui voudraient avoir une con¬
naissance plus approfondie de ces affections aux
ouvrages qui en traitent spécialement 5 je n’en ai
parlé que parce que le chirurgien dentiste est ordi¬
nairement appelé pour remédier aux ravages de cette
maladie, lorsqu’on est parvenu à en arrêter les
progrès.
DE LA CHIRURGIE DENTAIRE.
La chirurgie dentaire est une branche de l’art
de guérir qui nous apprend à connaître les maladies
dés organes de là mastication ^ et les moyens d’y
porter remède par le secours de la main, armée ou
non armée d’un instrument. Le mot chirurgie est
formé de deux mots grecs, X^h main , et ïp<you, opé¬
ration, ouvrage.
des maladies des organes de ea mastication.
Lés maladies qui sont du ressort de là chirurgie
dentaire pouvant attaquer les gencives , les dents
et les mâchoires, je les diviserai en trois parties 5
( i5 9 )
savoir, celles des gencivesy celles dents, et celles
des mâchoires.
Des maladies des gencives .
Les maladies des gencives sont l’inflammation,
l’ulcération, l’engorgement, la parulie , l’épulie et
le relâchement.
Inflammation. L’inflammation des gencives se
reconnaît ati gonflement, à la rougeur et à la sen¬
sibilité : on combat cette affection par l’usage des
émolliens et des rafraîchissans. Quand l’inflamma¬
tion se termine par suppuration , il se forme Une
petite collection purulente dont on est averti par
un sentiment de fluctuation que l’on éprouve en la
touchant, et par la blancheur et l’amincissement de
la partie qui en est le siège. Les émolliens sont
alors indiqués jusqu’à la maturité de l’abcès, époque
où l’on donne issue au pus avec le bistouri ou
la lancette. Lorsque les gencives sont fortement
enflammées, il est avantageux d’appliquer quelques
sangsues.
Ulcération. L’ulcération des gencives est une
plaie suppurante qui, loin de se cicatriser, tend
toujours à s’agrandir ; elle est ordinairement la
suite de la carie des dents ou des mâchoires , quand
elle ne dépend pas d’une affection générale , telle
que le scorbut ou autre maladie. Lorsque le tartre
( i6o )
s'amasse entre les dents et les gencives ,ces dernières
se gonflent autour du collet et s’ulcèrent 3 cet acci¬
dent disparaît dès que le tartre a été enlevé. Dans
toutes les ulcérations des gencives, il est bon
d’ordonner au malade les infusions émollientes et
détersives pour se rincer la bouche.
Engorgement. L’engorgement, ou la turgescence
des gencives, est caractérisé par une teinte livide 3
elles sont gorgées de sang, qu’elles laissent échapper
par la moindre pression. On remedie à cette mala¬
die en donnant issue au sang par des mouchetures
faites avec la lancette, et en nettoyant les dents, si
elles sont sales et couvertes de tartre. Les lotions
rafraîchissantes , telles que l’eau d’orge acidu¬
lée , etc., produisent un très bon effet. Dans cer¬
taines circonstances, on peut se servir avec avan¬
tage de ventouses scarifiées.
Parulies. Les parulies sont des tumeurs inflam¬
matoires des gencives, qui se terminent assez sou¬
vent par suppuration. Pour ce genre d’aflfection, on
recommandera les émolliens et les détersifs, et l’on
donnera issue au pus, lorsqu’il y en aura de formé.
Epulies. Les épuliès sont de petits tubercules ou
excroissances qui viennent aux gencives. Lors¬
qu’elles sont molles, indolentes et de bon carac¬
tère , on les fait disparaître en les touchant à plu¬
sieurs reprises avec la pierre infernale 3 mais quand
C 161 )
elles sont dures, douloureuses, et qu’elles tendent
à la dégénérescence cancéreuse, il faut lés extirper
et les cautériser avec le cautère actuel 5 autrement 5
elles deviendraient très volumineuses, distendraient
et défigureraient la bouclie, et gêneraient alors la
mastication et l’usage de la parole : de plus, il sur¬
viendrait des accidens très graves par l’ulcératiori.
de cette tumeur qui déterminerait celle des autres
parties de la bouche.
Relâchement. Le relâchement dés gencives a
lieu lorsqu’elles sont molles, baveuses, blafardes ,
et qu’elles ont perdu leur teinte rosée : on doit alors
employer les lotions stimulantes , spiritueüses ou
acides , ; étendues dans un liquide rafraîchissant,
tel que Peau d’orge, de gruau, etc., etc., et se
frotter de temps en temps et légèrement les dents
avec une brosse un peu rude.
Des maladies des dents.
Les maladies des dents sont les accidens de la
dentition, l’odontalgie, la suppuration interne des
dents, la carie, l’érosion, la nécrose , le ramollis¬
sement , l’ébranlement, la fracture, la luxation, la
formation du limon et du tartre.
Accidens de la dentition.
La dentition est une opération naturelle qui, de
même que l’accouchement, ne peut s’effectuer sans
( ’j)
douleur 3 mais il ne s’ensuit pas , de ce que la sortie
des dents s’opère ordinairement avec facilité , qu’il
ne puisse survenir d’accidens graves pendant l’érup¬
tion : car comme , pendant le travail de l'enfante¬
ment, les vides de conformation dubassin ou du fœtus
rendent l’accouchement laborieux et dangereux,
de même la disposition vicieuse des organes de la
dentition doit en rendre le travail pénible et re-,
doutable. En effet, les parties anatomiques des or¬
ganes masticateurs sont disposées de manière qu’elles
prédisposent singulièrement au développement:de
maladies sérieuses : cette prédisposition tient, à la
dureté des parties dans lesquelles les dents,-qui sont,
plus dures encore, sont renfermées ,: à la présence
de nerfs volumineux, et à répaisseur de la mem¬
brane gencivequi. peut opposer plus ou moins de
résistance aux dents à l’époque de leur éruption.
Examinons présentement comment s’opère le tra¬
vail de la dentition* D’abord la couronne des dents
Reforme dans des cavités alvéolaires, et est renfer¬
mée dans un sac membraneux qui reçoit dés filets
nerveux } et, â;mesure que les dents croissent, elles
tendent à percer les gencives et à se montrer sur
le bord alvéolaire. Pendant ce travail, si lès mâ¬
choires ne cèd'ént pas assez, et que les gencives trop
épaisses résistent., des dents deviennent des corps
irrifcans qui déterminent. de la douleur et de fin-
( iSS )
Flammation, aceidens d’autant pins graves, que lés
nerfs dentaires fournis par la cinquième paire , ou
nerf trifacial, participent à l'irritation; ce qui donne
lieu à l’apparition d’un grand nombre de névroses.
Sur trois cadavres d’enfatts de cinq à sept ans,
morts pendant le travail de la seconde dentition ,
paire marqué, par là suppuration qui existait dans
Forcille interne , qu’ils avaient été atteints d’otite,
maladie qui pouvait seule leur donner la mort. Cette
inflammation doit être fréquente à cette époque de
la vie, à cause de la propagation inflammatoire qui
peut avoir lieu dans l’oreille interne par celle de la
trompe d’Eustache. Le système nerveux , vu ses
nombreuses anastomoses , est souvent; affecté si vi¬
vement,; que l’enfant meurt dans les convulsions.
La nature semble , pendant le travail.de la den¬
tition,- concentrer toutes les lofees ; du;Su]et sur le$
organes dentaires : aussi voit-oii alors se'Hrqdbler
les autres fonctions de' l’économie p l’appétit se perd,
les excrétions ne s’exécutent plus comme d’habi¬
tude p l’pnfaut devient morosep criard, irascible, et
perd le sommeil p souvent il est triste, abattu , et
tombe dans un profond assoupissément. Gës symp¬
tômes dépendent pour la plupart d’une action sym¬
pathique nerveuse, qui étend son influence sür les
propriétés vitales.
Lorsque les aceidens résultant de la pousse des
( '«'•< )
dents sont légers et seulement passagers, on n’en
peut augurer aucun mal; la seule chose qu’on ait
à faire est de laisser agir la nature : mais s’ils devien¬
nent violens , alors on a recours à la médecine des
symptômes pour remedier à ceux qui sont le plus
à craindre; ne perdant point de vue qu’il faut que
l’éruption ait lieu, et qu’on doit toujours la favo¬
riser autant qu’il est possible, sans néanmoins ces¬
ser de combattre les maladies qui viennent la com¬
pliquer. Pour y parvenir, il est nécessaire de bien
observer l’état de l’enfant, et de saisir les symp¬
tômes les plus fâcheux.
Les causes qui mettent obstacle au travail den¬
taire, sont, comme je l’ai déjà dit, la situation
vicieuse des dents renfermées dans l’intérieur des
mâchoires, l’épaisseur de la membrane gencive, et
là persistance des dents de lait dans leurs alvéoles,
lors de l’éruption des dents de la seconde dentition.
A ces Causes il faut joindre la débilité ou la trop
grande irritabilité du sujet.
Chez les enfans bien constitués et bien portans ,
la sortie des dents ne détermine qu’une légère irri¬
tation des membranes nasale et buccale; incom¬
modité que l’on reconnaît aux gestes de l’enfant
qui cherche à mordre tout ce qui est à sa portée, et
se frotte souvent le bout du nez. A mesure que
l’enfant s’éloigne de l’époque de la naissance, l’é-
( i«6 )
ruption des dents s’opère moins difficilement, parce
que, ayant plus de force et de connaissance, il est en
quelque sorte distrait de la douleur par les objets
environnans qui attirent et captivent sans cesse son
attention.
Chez ceux au contraire dont la dentition se fait
avec difficulté, il apparaît des symptômes plus ou
moins alarmans, qui varient selon leur tempéra¬
ment. Ainsi les enfans lymphatiques, pour lesquels
le défaut de réaction des forces vitales est à craindre,
deviennent plaintifs et languissans j la prostration
des forces ne tarde pas à se manifester, et ils finissent
par mourir. Lorsqu’ils sont nerveux ( et ils lé sont
pour la plupart à cette époque de la vie), la sensi¬
bilité est si grande , que, pour peu que les douleurs
dentaires soient vives et permanentes, ils deviennent
très irritables, et perdent l’appétit et le sommeil ;
l’estomac est soulevé par le vomissement, la fièvre
se déclare ; et s’il arrive que l’irritation se propage
au système nerveux, il survient diverses inflamma¬
tions névralgiques, et enfin des convulsions qui
terminent leur existence.
Le mode curatif approprié aux accidens qui
accompagnent l’éruption des dents consiste à sai¬
gner, à purger, à dériver, enfin à débiliter ou à
fortifier. Aux enfans faibles et débiles on donnera
de légers toniques sous forme de vins et de sirops;
( *66 )
ces dernières préparations sont préférables : pour
ceux au contraire qui sont forts , on emploiera les
laxatifs et les émolliens. Si le travail dentaire
est pénible et qu’il ne survienne pas de diarrhée,
évacuation alvine qui a ordinairement lieu pendant
la dentition, même chez les animaux, on purgera
avec de légers minoratîfs, pour dériver, en stimu¬
lant le système nerveux de la vie organique.
Si l’enfant est atteint de congestion cérébrale,
accident qu’on reconnaît à un état de somnolence ,
d’assoupissement et d’abattement continuels, on
posera quelques sangsues derrière les oreilles , on
recommandera les pédiluves, et des vésicatoires à la
partie postérieure de la tête, surtout si l’enfant a eu
des éruptions du cuir chevelu ou delà face qui se sont
supprimées. Dans le cas de con vulsions, on aura re¬
cours aux antispasmodiques, aux aromatiques, aux
caïmans et aux narcotiques , principalement sous
forme de bains. Quand il se déclare des maladies
étrangères à la dentition, il faut les combattre de
la même manière que lorsqu’elles apparaissent à
d’autres époques de la vie.
Le genre de nourriture que l’on donne aux enfans
contribue à faciliter le travail de la dentition, en
les conservant dans un état de vigueur et de santé.
Le lait, qui est leur principal aliment, doit être
très pur, et surtout de facile digestion } c’est pour-
C l6 7 )
quoi Ton choisira , d’après la forcé digestive de leur
estomac, soit le lait de vache, soit celui d’ânesse
ou de chèvre.
Pour alimens solides on recommandera les bis-
cotes, ou des croûtes de pain séchées au four et
trempées dans du bouillon de bœuf ou dé poulet :
on pourra en même temps conseiller l’usage des
gelées animales , surtout celui des gelées végétales,
telles, par exemple , que la gelée de pomme , etc. J’ai
obtenu de grands avantages des crèmes de riz. et de
fécule, pour le rétablissement de plusieurs enfans
qui avaient dépéri en nourrice.
L’eau d’orge coupée avec du lait, ou lemulsion
d’amande douce , est préférable à toute autre
boisson. On peut de temps en temps donner de
l’eau rougie, et même du vin pur, mais avec réserve.
Si Fénfani va difficilement à la garde-robe, on pres¬
crira le miel dans les breuvages, et on entretiendra
la liberté du ventre avec dés lavêmens faits avec
la décoction de son où de graine de lin. On doit
en outré joindre les soins de propreté , et donner,
s’il se peut, à,l’enfant, lorsque les parons sont dans
1 impossibilité de le garder auprès d’eux , une se¬
conde mère qui le soigne et le traite avec douceur,
sans le brusquer ni le contrarier. On choisira pour
son habitation un endroit élevé, aéré, et bien
exposé au soleil; il faudra, surtout le promener pen-
( i68 )
dant les beaux jours, afin qu’il respire un air pur
et vivifiant.
Lorsque l’enfant souffre par trop des gencives,
on conseille l’usage des hochets ; mais on en évitera
surtout l’abus, parce que l’enfant l’ayant sans cesse
dans la bouche, il se sécrète une trop grande quan¬
tité de salive qu’il avale, ce qui surcharge son
estomac et rend les digestions pénibles. Lorsque les
gencives s’opposent trop fortement à la sortie des
dents, on emporte avec le bistouri toute la portion
de gencive qui en recouvre le sommet.
Quant aux dents de la seconde dentition, il faut
extraire celles de lait lorsqu’elles mettent obstacle
à leur sortie, afin d’éviter que les premières n’affectent
une direction vicieuse, ou qu’elles ne restent ense¬
velies dans leurs alvéoles 5 par le secours de cette
opération, on évitera les doubles rangées de dents.
y 4 .ccidens occasionnés par la sortie des dents
de sagesse.
L’éruption dès dents de sagesse, ou dernières
grosses molaires, peut donner lieu à des accidens
fâcheux, qui sont surtout déterminés par leur situa¬
tion aux extrémités des arcades dentaires, comme
l’explique M. le docteur Delabarre dans son Odon¬
tologie , ou Observations sur les dents humaines.
Voici comment il s’exprime. « En général, la sortie
( i6g-)
« de ces dents est incommode ou douleureuse ,
« parce qu’elles se trouvent tellement près du centre
« du mouvement du levier, qu’elles forcent l’angle
cc de la mâchoire inférieure à se rapprocher encore
« davantage de quatre-vingt-dix degrés ; sans pela,
« pour peu qu’elles alongeassent, elles empêche-
« raient la bouche de se fermer suivant l’ordre na-
« turel, qui veut que toutes les dents se touchent.
« Elles forment donc dans le fond de la bouche une
« espèce de coin qui oblige la mâchoire inférieure à
« prendre une nouvelle forme 5 et si on réfléchit
« qu’à dix-huit ans cet os a une grande consis-
« tance, que les gencives sont d’un tissu plus serré,
« que d’ailleurs ces dents ( celles de la mâchoire
« inférieure) sont pressées entre l’apophyse mon-
« tante, ou coronoïde de cette mâchoire, et la dent
« molaire qui vient à douze ans, on se rendra raison
« des causes de la douleur et des accidens que leur
« sortie détermine quelquefois, tels que les fluxions,
« les engorgemens des parotides et des tonsilles, les
« douleurs le long du bord mousse de la mâchoire
« inférieure, les abcès, les migraines, et quelquefois
« la surdité du côté du siège du mal ». Dans cer¬
tains cas, on est obligé d’extraire la dent grosse
molaire voisine pour remédier à ces accidens ;,
comme le même auteur rapporte l’avoir fait plu¬
sieurs fois avec succès. C’est au médecin à juger ce
( * 7 ° )
qu’il doit faire, d’après une saine observation des
symptômes existans.
De rodontalgie.
Ifodontalgie ou douleur de dent est Une dou¬
leur aiguë, violente et insupportable, déterminée
par l’irritation, le tiraillement ou le déchirement
des organes sensitifs. Le siège de la douleur existe
généralement dans le corps des dents auxquelles les
malades la l’apportent presque toujours. Les causes
les plus fréquentes de Podontalgie sont la carie des
dents, leur extraction, leur brisement ou fracture,
leur luxation , et la formation d’abcès dans les ca¬
vités alvéolaires 5 enfin toutes les causes irritantes
susceptibles d’atteindre les nerfs qui se distribuent
aux organes de la mastication.
Avant de parler de la douleur des dents, il faut
se rappeler que ces'organes sont doués d’une très
grande sensibilité , qui est surtout démontrée par une
sensation plus ou moins vive que fait éprouver le
chaud ou le froid, aussitôt qu’ils en sont impression¬
nés. Le frottement violent d’un corps dur entre les
dents produit un sentiment très désagréable, connu
sous le nom de grincement. Cè sentiment n’est pas
seulement le résultat de l’agacement dés nerfs den¬
taires, mais bien de tous les nerfs en général ; aussi
ce phénomène s’observe-t-il particulièrement chez
( *7* )
les personnes d’une grande susceptibilité nerveuse.
La douleur odontalgique peut être ressentie dans
une ou plusieurs dents à la fois : elle est souvent si
vive, que le malade ne sait à quelles dents la rap¬
porter , quoiqu’il n’y en ait réellement qu’une affec¬
tée. Cette aberration de sensibilité tient à la dis¬
position anatomique des nerfs dentaires, comme je
vais le démontrer.
Les nerfs dentaires supérieur et inférieur sont
deux branches du nerf trifacial, qui, à leur ori¬
gine , ne forment qu’un seul cordon nerveux avec
l’ophthalmique, connu sous le nom de cinquième
paire cérébrale. Ces nerfs parcourent les mâchoires,
et fournissent des filets nerveux qui pénètrent dans
les cavités dentaires et se ramifient dans la mem¬
brane qui les tapisse ; ensuite, par leur termi¬
naison , ils s’anastomosent du côté opposé avec
leurs semblables. On peut donc facilement com¬
prendre, d’après les rapports sympathiques qui
résultent de l’arrangement de ces nerfs, comment
la douleur peut, non seulement se faire sentir dans
les dents circonvoisines, mais encore dans celles
du côté opposé, et même de la mâchoire corres¬
pondante.
L’irritation des nerfs dentaires peut se propager
aux diverses parties de la face, et déterminer d’autres
inflammations, telles que celle connue sous le nom
( * 7 2 )
vulgaire de fluxion. Cette inflammation est caracté¬
risée par la rougeur, la tension et l’enflure du visage;
le malade éprouve de la chaleur, des élancemens, et
une fièvre légère : parfois il se forme des abcès dans
l’épaisseur des joues, qui peuvent donner lieu à des
fistules salivaires, comme j’en ai vu récemment un
exemple chez un homme de cinquante ans environ,
qui s’était brisé , en tombant, toutes les molaires
du côté droit. Cette maladie était la suite de la
carie des racines restées dans les alvéoles, et qu’on
avait négligé d’extraire. La présence de ces racines,
appelées chicots , dans les cavités alvéolaires pro¬
duit aussi quelquefois l’inflammation du périoste
maxillaire, la formation d’abcès, et la carie des
mâchoires.
L’odontalgie est le plus fréquemment la suite de
la carie des dents; et les douleurs que le malade
éprouve sont proportionnées à la destruction du
tissu dentaire, qui met à découvert les filets ner¬
veux , de manière à être impressionnés directement
par les corps extérieurs, et sur-tout par les alimens
qui s’introduisent dans le corps de la dent. Après
l’extraction des dents, il est assez fréquent de voir
survenir, outre l’odontalgie, l’inflammation de l’o¬
reille , de l’oeil, du pharynx, etc.; complication
résultant des rapports sympathiques des nerfs den¬
taires avec les autres parties de la face. Ce phéno-
( )
mène provient des nombreuses anastomoses de tous
les nerfs de la tête.
L’inflammation de l’oreille a souvent lieu pen¬
dant l’éruption des dents de sagesse, ainsi qu’après
leur extraction ; elle est déterminée par le voisin
nage réciproque de ces organes. Lorsqu’on a extirpé
une des dents canines supérieures, dont les racines
sont très longues , il survient quelquefois de la dou¬
leur, et même de l’inflammation aux organes de la
vision; ce qui a fait croire au vulgaire trop crédule
que l’on risque d’arracher l’œil en extirpant ces
dents, auxquelles, pour cette raison, il donne
le nom d’œillères : mais il est dé toute impossibi¬
lité de tirailler le globe de l’œil , attendu que
ces accidens inflammatoires ne sont que la suite de
l’irritation des nerfs incisifs, branches des nerfs
sous-orbitaires, qui sont très voisins de cet or¬
gane sensitif.
J’ai soigné un jeune homme d une angine guttu¬
rale aiguë qui avait été déterminée par l’irritation
des nerfs dentaires et la déchirure des gencives,
provenant de l’ébranlement d’une dent molaire
qu’un chirurgien dentiste n’avait pu lui arracher,
quoiqu’il s’y fût repris plusieurs fois.
Traitement. Lorsque l’odontalgie a pour cause
la carie des dents , il faut leT extraire ; mais on ne
doit le faire que lorsqu’il n’y a plus de symptômes
( ï?4 )
inflammatoires : aussi se gardera-t-on bien d’opérer
quand il existera une fluxion.
Les moyens indiqués pour calmer la douleur des
dents, lorsqu’elles sont cariées et que le malade ré¬
pugne à être opéré, sont de cautériser le nerf avec
le cautère actuel, du beurre d’antimoine (chlorure
d’antimoine), ou des acides minéraux concentrés ,
tels que les acides nitrique, sulfurique r muriatique
(hydrocblorique), etc., qui produisent à la longue
la nécrose de la dent et en déterminent la chute.
On se sert encore des teintures alkoobques. et
des huiles essentielles de girofle, de cannelle , de
menthe, etc. , dont on imbibe un peu de coton que
l’on introduit dans la dent par l’ouverture formée
par la carie; mais ces moyens sont moins efficaces
que la cautérisation. Quelques praticiens agissent
en stupéfiant le nerf dentaire par remploi dès opia¬
cés, tels que le laudanum liquide, etc., dont on
verse une goutte dans la eayilé dentaire. On peut en
outre faire usage des lotions émollientes et cal¬
mantes , etdans le cas de complication inflam¬
matoire , prescrire les différe.ns moyens indiqués
ppua? combattre l’inflammation.
De la suppuration interne dès dénis/
La membrane qui tapisse 1 intérieur des dents ,
surtout les molaires , s’enflamme parfois et laisse
( 175 )
exsuder une certaine quantité de pus qui remplit la
cavité de la couronne. On est averti de'cet accident
par les vives douleurs que le malade éprouve sans
qu’on puisse savoir de quelles dents elles pro¬
viennent, lorsqu’il n’existe point de carie 5 mais
quand on examine attentivement, on découvre,
vers le sommet de la couronne, une teinte brunâtre,
plus ou moins foncée, qui est déterminée par la
transparence de riiumeur sânieuse au travers de
l’émail. Le seul remède est d’extraire la dent ma¬
lade, dans laquelle on trouve , quand on la brise
avec un marteau, une sanie purulente qui répand
mie mauvaise odeur.
De la carie.
La carie est une perte de la substance, des dents
produite par la suppuration ou l’ulcération de leur
tissu* Les causes, de eette. affection, sont difficiles à
reconnaître; cependant on a remarqué que dans
certains pays elle est endémique,. et tient à la na¬
ture, des. eaux dont les liabitans font usage, ai,nsi
qu’à un vice atmosphériquede l’air, provenant sur¬
tout des exhalaisons, marécageuses. Parmi ces causes
on peut ranger l’exposition.habituelle à l'émanation
de substances irritantes et putrides ,- l’usage trop fré¬
quent des acides et des mauvais alimens, e t la cons¬
titution débile du sujet.
( î? 6 )
L’ ulcération produite par la carie affecte une
formé plus ou moins régulière ; elle attaque presque
toujours la couronne, et plus rarement les racines
des organes dentaires. Les parties des dents le plus
généralement affectées sont les côtés des couronnes
qui se correspondent, surtout ceux des incisives;
ce qui provient sans doute de ce que les alimens sé¬
journent ordinairement dans ces endroits.
Lorsqu’on est appelé à examiner la bouche d’une
personne atteinte de carie, il faut d’abord observer
si elle est superficielle ou. profonde; cependant,
comme les progrès de cette maladie ne se font que
par degrés, je crois nécessaire, pour la bien décrire,
de la prendre à son origine.
La carie commence à l’extérieur de la couronne,
par un petit point noirâtre qui n’attaque qüe la
partie superficielle de là substance émaillée. Peu à
peu elle étend ses ravages en largeur et en profon¬
deur, la portion dentaire en est envahie et forme
une cavité légèrement creuse ; bientôt la substance
éburnée est attaquée, perforée, et la carie pénètre
enfin jusque dans l’intérieur de la dent dont elle
détruit entièrement la couronne, si l’on ne s’oppose
à ses progrès par l’extraction Ou par tout autre
moyen. Quand elle est parvenue à la cavité dentaire,
le malade est tourmenté par des douleurs odontal-
giques violentes; et il s’écoule par l’ouverture qu’elle
( !77 )
formé un pus fétide et noirâtre qui rend l’haleine
infecte. Ce n’est que dans le cas de fracture que la
carie envahit de suite la cavité dentaire.
Quand la carie attaque les racines des dents, sa
marche est la même que pour la couronne } mais
elle est plus rapide, parce que la substance ébur-
née s’ulcère plus facilement que l’émail : elle fait
aussi éprouver de plus vives douleurs. Cette ulcé¬
ration est ordinairement déterminée par le trop
long séjour des substances alimentaires et du tartre
entre la gencive et le collet des dents, qui sont
alors déchaussées.
Certains chirurgiens ont avancé que la cârie était
contagieuse par le contact immédiat: il est vrai que
les dents qui touchent à celles qui sont attaquées de
carie en sont très souvent atteintes} mais ce phéno¬
mène est-il la suite de la contagion , ou de la dis¬
position des dents à se carier lorsque cette maladie
est déclarée ; ou bien provient-il plutôt de causes
déterminantes devenues alors plus actives ? je laisse
aux praticiens à prononcer.
Traitement . Toute dent cariée jusqu’à sa cavité
doit être arrachée, tant à cause des douleurs qu’elle
fait éprouver que pour la difficulté qu’on aurait à
en faire l’extraction plus tard} car, à mesure que la
carie s’étend, la dent devient plus friable et finit
par se découronner : d’où, il résulte moins de prise
( 1 # )
pour les instrumens, plus de difficulté pour l’opé¬
rateur , et; de souffrance pour le malade.
Si la carie commence, c'est-à-dire, si elle n’oc¬
cupe qu’une très petite étendue de la substance
émaillée, on s’oppose à ses progrès en emportant la
portion noirâtre.
Il arrive assez souvent que la carie marche avec
lenteur, lors même quelle est parvenue dans l inté-
rieur de la dent; en ce cas, on en retarde les pro¬
grès, en la nettoyant et en la plombant ; ce qui em¬
pêche qu’il n’y séjourne du pus et des mucosités,
ainsi que l’introduction de corps étrangers dans la
cavité dentaire.
. De Vérosion*
L’érosion est une ulcération du tissu dentaire ,
qui différé de la carie én ce qu’elle n est point noi¬
râtre comme elle, qu’elle marche plus lentement et
s’étend' plutôt en largeur qu’eu profondeur ; elle
petit attaquer toutes les parties de la couronne.
Cette ulcération se montre assez fréquemment
sur la face antérieure des incisives, près de leur
sommet, sur lesquelles elles forment dé petites
excavations, qui paraissent comme piquetées. Sou¬
vent T érosion commence vers la partie inférieure
de la. couronne, près de son collet, qu’elle ronge
superficiellement en se contournant ; d’autres fois
c’est.; le sommet de la couronne qu elle affecte et
( i;i 79 )
ulcère entièrement en ne formant qu’une légère
excavation.
Gette espèce de carie, lorsqu’elle attaqué le tissu
dentaire, comme je l’ai déjà dit polir les incisives,
semble être stationnaire : au contraire, quand elle
s’étend en largeur sans former de rugosités, sa
marche est plus rapide.
Les causes de cette affection sont 1res difficiles
à déterminer : elles peuvent Cependant être lés
mêmes que celles qui produisent là carie.
Lorsque l’érosion cause dé la douleur, il faut ex¬
traire la dent qui en est lé siège, oui bien essayer
den arrêter les progrès par l'application dix caütère
actueli ••
• De la nécrose,
La nécrosé est là gangrène ou la mort des os ;
éllé àtlaqrte plus promptement la substance com¬
pacte que lé tissu spongièüx. Ce qü’iï y a de remar¬
quable, c ? est qüé lés dents, qui sont les corps os¬
seux les plus durs que Ton rencontre dans l’éco¬
nomie , ù’en sont que très rarémént atteintes, quoi¬
qu'une graridé partie de leur étendue\ là couronné j
soit libre darts l’intériëür dê lâ boucKe, et exposée
à Faction immédiate dés corps exfèriéurs] Ce phé¬
nomène tient sans doute à la vitalité dont elles
jouissent, et qui leur est dévolue par la présence
des nerfs dans leur cavité : d’où il résulte que léur
( i8o )
nutrition est plus active , et que leur force de résis¬
tance aux lésions morbifiques est plus grande que
dans les autres os. Aussi, d’après leur mode de vi¬
talité, elles sont plutôt susceptibles de se carier que
de se nécroser.
La cause la plus fréquente de la nécrose des os
est la destruction du périoste et de la membrane mé¬
dullaire , qui empêche les vaisseaux nourriciers de
pénétrer la substance osseuse ; quant aux dents, c’est
celle du nerf dentaire et des vaisseaux qui arrête
leur vitalité : aussi la nécrose de ces organes ne s’ob¬
serve-t-elle ordinairement qu’à la suite de la cauté¬
risation dans le cas de carie. La luxation peut en¬
core y donner lieu, lorsque les nerfs et les vaisseaux
ont été rompus à leur entrée dans les racines ; ce qui
arrive surtout quand l’ouverture par laquelle ils
pénètrent est très petite. Dans la vieillesse, où les
orifices des racines s’oblitèrent, les dents se né¬
crosent et sont chassées de leurs alvéoles, comme
des corps étrangers.
On connaît la nécrose à l’insensibilité et à la fria¬
bilité des dents, qui finissent par vaciller et tomber
en totalité ou en partie : lorsqu’elles gênent par
trop, on peut les extraire ; mais il faut le faire avec
précaution, de peur de les briser.
( i8i )
Du ramollissement des dents.
Le ramollissement des dents provient de la dé¬
composition ou de l’absorption du pbospbate et du
carbonate calcaire 5 il tient à une cause locale ou
générale. Lorsqu’il est produit par l’action d’une
substance mise en contact avec les dents , telle que
les acides, ce phénomène est purement chimique :
quand , au contraire, il dépend d’une affection gé¬
nérale, il est morbifique.
Le ramollissement vient-il de l’usage immodéré
des acides, soit pour les nettoyer, soit employés
comme assaisonnement, il faut recommander de ne
plus s’en servir. S’il est occasionné par un vice gé¬
néral, tel que le scrophule et le scorbut, qui ten¬
dent à décomposer tous les tissus en éteignant leur
vitalité, on doit combattre ces maladies par les re¬
mèdes appropriés. Il est à remarquer que la salive
acquiert, dans certaines circonstances, la propriété
de ramollir le tissu dentaire.
Si lé ramollissement tient à la débilité du sujet,
il faut prescrire les excitans, les toniques et les lo¬
tions fortifiantes, afin de réveiller la vitalité.
De Vébranlement des dents.
Deux causes peuvent produire l’ébranlement des
dents. L’une est mécanique, et le résultat de la lé¬
sion des corps extérieurs, tel que des chutes , des
( ï§? )
coups, etc. : pli peut y joindre l'ébranlement des dénis
de lait par la pousse des dents secondaires. L’autre
est morbifique et tient à différentes maladies : celles
qui y donnent ordinairement lieu sont le scorbut,
le scropbule, la syphilis, l’usage prolongé des mer-
curiaux , une constitution faible et débile, la vieil¬
lesse. Il faut dé plus ajouter à ces causes le déchaus¬
sement des dents, l’ulcération des gencives, et la
formation d’abcès dans les cavité? alvéolaires.
Cette lésion peut être encore la suite du déve¬
loppement de tumeurs fongueuses, vésieufeuses et
cancéreuses dans le fond des alvéoles, immédiate¬
ment placées au dessous des racines. des dents qu’elles
chassent devant elles. On ne peut reconnaître ces
tumeurs, lorsqu’elles n ont qu’un petit volume.,
qu’après l’extraction des dents.
On remédie à l’ébranlement en recommandant le
repos des mâchoires, et en ne faisant prendre au ma¬
lade que des alimens liquides et de peu de consis¬
tance. Quand il dépend d’une affection, générale, on
combat la maladie existante : dans le cas de fongus ,
et lorsque le malade est souffrant, on fait l’extrac¬
tion des dents, et l’excision des tumeurs.
De lafracture des dents.
La fracture des dents es t une solution : de conti¬
nuité toujours accidentelle, et produite par des
(i85)
coups ou par des efforts violons exercés sur des
corps solides placés entre les arcades dentaires. Elle
peut s'effectuer en deux sens , soit longitudinale 1 *
ment, soit transversalement/
La couronne des dents est seule susceptible de se
fracturer par le choc des corps extérieurs, à moins
que la mâchoire ne le soit en même temps. La
fracture; des racines n’a ordinairement lieu que lors
de l’exlraction des dents, surtout quand elles sont
barrées, c’est-à-dire que leurs racines sont contour¬
nées en forme de crochet.
Les dents peuvent être fracturées en partie ou en
totalité. Des deux substances qui composent la cou¬
ronne (l'émail et la substance éburnée) , il arrive
souvent que la fracture ne s’effectue que sur la pre¬
mière , qui se sépare de la portion osseuse: parfois
elle s’étend jusqu’à la cavité dentaire ; alors les deux
substances sont atteintes. Quand la fracture est com¬
plète, la dent est dé couronnée, et il ne reste plus
que la racine.
Dans le cas de carie ou de nécrose , les dents sont
d’autant plus faciles à se fracturer, qu elles sont alors
plus friables.
Lorsqu’elles sont fracturées partiellement, il faut
limer les aspérités et les parties tranchantes qui ré¬
sultent de la solution de continuité 5 autrement elles
pourraient éraiîler les joues , et déchirer ou ulcérer
( .84 )
la langue : si la dent est découronnée et fait éprou-?
ver de la douleur, il faut faire l’extraction de la
racine.
De la luxation des dents .
On appelle luxation des dents leur déplacement
déterminé par un effort quelconque, qui change leur
situation naturelle.
Rappeler les dents luxées à leur première situa¬
tion et les y maintenir, est la seule indication que
j’aie à donner.
JD e la direction vicieuse des dents sur les bords
alvéolaires.
En parlant des acciçiens qui accompagnent la
dentition, j’ai dit que la résistance que peuvent op-r
poser les dents de lait à la sortie des dents se¬
condaires leur fait prendre quelquefois une direc¬
tion contraire à l’ordre naturel , et par conséquent
trouble l’harmonie du visage. Comme il existe des
moyens de remédier, dans certains cas, à cet acci¬
dent, il est nécessaire d’en parler de nouveau.
Lorsque les dents de lait restent sur le bord al¬
véolaire , les dents secondaires, ne pouvant suivre la
route qui leur est tracée par la nature, se portent
en avant ou en dedans ou de côté, de manière à
former une double rangée ; ou bien, si les dents de
lait viennent à tomber après avoir résisté , les dents
( i85 )
secondaires, d’après leur mauvais arrangement,
sont disparates à la vue et gênantes pour la mas¬
tication.
On peut prévenir cet arrangement vicieux des
dents en faisant l’extraction de celles de lait, quand
elles tardent à tomber j mais il ne faut s’y décider
qu’après un examen attentif, parce qu’assez sou¬
vent, dans cette éruption contre nature , en se bâ¬
tant trop, on risquerait d’arracher certaines dents
de lait qui pourraient favoriser la sortie naturelle
des dents secondaires. On ne doit pas non plus les
extraire avant qu’elles ne vacillent dans letirs al¬
véoles. Je citerai ici la méthode du docteur Dela¬
barre , praticien consommé dans celte branche de
l’art de guérir.
i° oc Oter les incisives de lait à mesure qu’elles
« branlent, une a une, et seulement quand celles
c< de remplacement s’annoncent sensiblement.
2° cc Ne point enlever les canines de lait dans
oc l’intention de placer les incisives de deuxième
ce pousse, attendu que ces quatre incisives, mal ran¬
ce gées en apparence, élargiront bientôt la portion
oc de cercle de la mâchoire qu’elles occupent , et
« que tel enfant qui annonçait des dents mal rangées
« à huit ans, les aura très bien à douze.
3 ° oc Enlever les petites molaires de lait, seule-
« ment lorsque celles de seconde pousse les font
( i86 )
« vaciller, ce qui arrive ordinairement vers l’âge de
ce dix à douze ans, et conserver ces molaires le plus
« tard qu’on peut, même quand l’enfant en souffre,
« ce qui est très ordinaire dès l’âge de quatre à cinq
« ans, et ne point perdre de vue que, ces dents
« n’étant remplacées qu’à dix ans ou environ , on
cc s’expose à offenser le germe des dents adultes,
ce lequel est placé entre leurs racines et dont elles
u protègent le développement. J’engage, au lieu dè
« les Ôter, d’employer quelques moyens caïmans,
« pour apaiser la douleur : on fait ensuite plomber
« la dent, afin d’attendre l’époque naturelle de sa
« chute. »
Il peut arriver, sans qu’il y ait vice de confor¬
mation des mâchoires, que des dents du maxillaire
inférieur se croisent avec celles des supérieurs, de
manière à passer devant , comme On l’observe chez
les chiens carlins. On parvient quelquefois à remé¬
dier à ce vice au moyen d’un instrument que M. Ca¬
talan fils, qui en est l’inventeur, a nommé plan
incliné > mais malheureusement on n’y réussit que
très rarement et encore très difficilement.
Parfois les dents sont très serrées les unes contre
les autres, et donnent lieu à la pression, au gonfle¬
ment et au saignement des gencives 5 le malade
éprouve de la douleur, de la chaleur, et un senti¬
ment de éoristriction fort incommode. On y obvie
( ‘S, )
en arrachant une ou plusieurs dents , ou en limant
les espaces interdentaires.
De la malpropreté des dents. — Du limon et
du tartre.
Dans l’état de malpropreté, les dents' se re¬
couvrent d’un enduit plus ou moins épais, plus ou
moins consistant et dur, qui semble .faire corps avec
leur tissu. Le limon et le tartre sont les matières
qui s’y attachent le plus ordinairement. Lés dents
peuvent aussi être enduites par des corpuscules
ambians, provenant de la pulvérisation de subs¬
tances devenues plus légères que l’air, telles que la
poussière, la farine, etc. , etc.
De limon est une substance grisâtre, molle et
pulpeuse, qui se loge particulièrement, de même
que le tartre, dans les espaces interdentaires et au
bord des gencives. Cette matière, vrai signe de
malpropreté , provient généralement des ali mens
qui se mêlent avec un iuide glutineux. contenu dans
la salive. Il suffit, pour l’enlever, de se rincer la
boucbe après le repas, et de se nettoyer de temps en
temps les dents avec une brosse.
De tartre est unesubstance calcaire d’une teinte
jaunâtre plus ou moins foncée , nommée phos¬
phate de chaux, qui s’attache à la surface des
dents au moyen d’une matière glutineuse à laquelle
( i88 )
elle est unie, et qui est un mucilage animal, con¬
tenu , de même que le tartre, dans la salive.
L’enduit des dents par le tartre ne s’observe que
rarement chez les enfans, attendu qu’à cet âge les
os, étant encore cartilagineux, s’approprient tous les
sels calcaires qui circulent dans l’économie avec
les fluides animaux , à moins qu’une maladie, telle
que le scorbut, ne tende à les ramollir. Ce n’est
qu’a partir de vingt à vingt-cinq ans environ, que
le tartre commence à attaquer sensiblement les
organes de la mastication $ car alors l’ossification
est achevée, et il peut exister un excès de phosphate
calcaire dans les fluides circulatoires. Dans la vieil¬
lesse surtout, oùles sels terreux abondent, ou voit
les dents se recouvrir de tartre, parce qu’à cette
époque de la vie la salive contient beaucoup de sels
à base calcaire. L’usage des eaux salines peut aussi
contribuer à la formation du tartre.
Lorsque le tartre n’existe qu’en petite quantité
et qu’il n’adhère que légèrement aux dents, on peut
le faire disparaître en employant des poudres,
des opiates et des acides végétaux étendus, et en
frottant avec une brosse. Mais quand il s’amasse
par couches épaisses et qu’il tient fortement, on en
fait l’ablation avec les instrumens nécessaires à cette
opération : autrement il en résulterait des accidens
plus ou moins graves pour les dents et les gencives,
( )
tels que le déchaussement des dents lorsque le
tartre s’interpose entre leur collet et les gencives,
l’ulcération de ces dernières, l’envahissement des
dents par une couche de tartre si épaisse , qu’elle
ferait paraître les arcades dentaires comme formées
d’une seule pièce, etc. Dans ces différens états, la
bouche exhale toujours une odeur fétide.
Des maladies des mâchoires.
Les maladies des mâchoires sont les abcès, les
fongus, l’ostéosarcome, la carie, la nécrose et la
luxation. Je ne parle dans cet ouvrage des maladies
qui attaquent les os maxillaires, que parce qu elles
peuvent entraîner la perte des dents, et seulement
afin que le chirurgien dentiste puisse les recpn?
naître : aussi ne lesdécrirai-je chacune que succinc¬
tement.
Des abcès.
On donne le nom d'abcès à toute tumeur cir¬
conscrite, formée par une collection purulente.
Les abcès qu’on rencontre aux mâchoires peuvent
se manifester entre leur bord alvéolaire et les gen¬
cives , dans leurs alvéoles et dans leurs sinus maxil¬
laires. Ceux qui se forment entre le bord alvéolaire
et les gencives donnent naissance à de petites tu¬
meurs oblongues , qui sont toujours la suite d’une
légère inflammation, et n’ofirent rien de dangereux :
( ï-9<> )
on doit cependant y porter attention, parce qu’il
arrive assez son vent qu’elles dégénèrent en fistules
d’où s’écoule, pendant un certain temps, une petite
quantité de pus ; ensuite le trou fistuleux se ferme ;
il se fait Une nouvelle collection purulente, puis
le trou se rouvre , etc. : On remédie à cette incom¬
modité , comme je l’ai très souvent pratiqué avec
succès, en agrandissant l’ouverture avec le bistouri.
Si cette affection dépend de la carie des dents, ou
de ràcines qui seraient restées après une fracture,
on fait l’extraction de ces parties osseuses.
Onreconnaît la présence du pus dans les alvéoles
à la douleur que le malade éprouve, surtout lorsque
l’on presse sur la dent, et à un sentiment de
fluctuation quand la dent vacille : si elle reste im¬
mobile, il est facile dé se tromper sur le diagnostic
de ces collections purulentes 3 mais s’il se formé
un petit bourlet autour du collet de la dent, et s’il
s’amasse du pus entre le collet et la gencive, on ne
peut alors être en doute sur le diagnostic, et On
facilite la sortie du fluidè purulent. Quand lé ma¬
lade souffre par trop, et que l’écoulement du pus
ne peut se faire convenablement ,• on a recours à
l’extraction de la dent.
Les abcès des sinus maxillaires sont des collec¬
tions de pus dans ces cavités, déterminées par l'in¬
flammation de la membrane qui les tapisse : on leur
( *91 )
donne issue en arrachant la deuxième petite molaire
et la première grosse, dont les racines pénètrent très
souvent dans ces sinus. Lorsqu’elles n’y commu¬
niquent pas, ou bien que l’ouverture est trop étroite,
on achève l’opération avec un instrument perforatif,
au moyen duquel on parvient dans la cavité maxil¬
laire. .
Des fongus.
Les fongus sont des espèces de végétations de' la
membrane qui tapisse le fond des cavités alvéolaires,
et qui, à mesure qu’ils se développent, font éprou¬
ver de la douleur, et tendent à chasser les dents sous
lesquelles ils së trouvent. On obtient leur guérison
en faisant l’extraction de là dent, et en extirpant et
cautérisant le fongus.
Un cas pathologique assez remarquable, qui m’a
été communiqué par plusieurs praticiens, est la
formation d’une petite ampoule vésiculeuse, rem¬
plie d’un fluide séreux, située au-dessous des ra¬
cines. Elle fait beaucoup souffrir, et vient avec la
dent lorsqu’on en fait l’extraction.
Des polypes.
Les polypes sont des tumeurs d’une consistance
variable, formées de tïssü cellulaire, de tissu fibreux,
de vaisseaux sanguins ,et de matière gélatineuse plus
OU moins cottcré'té'e et en proportions diverses, qui
( } 9 ? )
se développent dans les fosses nasales et dans les
^inus maxillaires.
Les polypes que l’on rencontre dans les fosses
nasales sont ordinairement des tumeurs molles et
innocentes que l’on extirpe avec des pinces * mais
lorsqu’ils sont d’une nature consistante, qu’ils oc¬
cupent les sinus maxillaires et deviennent volumi¬
neux , ils distendent ces cavités à un tel point, que
les maxillaires se déforment et défigurent la personne
qui en est atteinte. La mastication devient alors
pénible, les dents correspondantes aux tumeurs
changent de situation et finissent par tomber. Cette
maladie est du ressort de la grande chirurgie.
De Vostéosarcome.
On donne le nom d’ostéosarcome à une dégéné¬
rescence cancéreuse du tissu osseux, dont les causes
sont ordinairement inconnues.
L’ostéosarcome des mâchoires est caractérisé par
la transformation de leur tissu osseux en une matière
molle, lardacée et carcinomateuse. Cette désorga¬
nisation des os, qui est très dangereuse, puisqu’elle
peut donner la mort, est de la plus grande impor¬
tance à reconnaître pour le chirurgien dentiste, afin
qu’il n’essaie point de faire des opérations dans la
bouche ni d’y placer des râteliers lorsque cette
cruelle affection existe, parce qu’il ne ferait qu’aug-
( * 9 *;)
menter le mal et donner à l’ostéosarcome plus de
tendance à s’ulcérer. Il doit, aussitôt qu’il est averti
de sa présence,envoyer le malade auprès d’un chi¬
rurgien expérimenté, d’après ce précepte d’Hip-
pocrate sur cette affection: Nolime tangere.
D e la carie des mâchoires.
La carie est la suppuration du tissu osseüx, qui
en amène l’érosion et la perte avec écoulement d’un
liquide sanieux dont la couleur et l’odeur offrent
beaucoup de variétés ; elle attaque principalement
la substance spongieuse, et peut être déterminée par
le brisement de l’os alvéolaire, à la suite de l’ex¬
traction des dents:
D e la nécrose des mâchoires.
La nécrose, la mort où la gangrène partielle des
mâchoires, est souvent le résultat des affections scro-
phuleuses , et surtout des maladies vénériennes an¬
ciennes. Dans cette affection, une portion des maxil¬
laires, se sépare au moyen d’une suppuration sa-
nieuse et infecte, et prend alors le nom de séquestre.
De la luæation de la mâchoire inférieure.
La luxation de la mâchoire inférieure a lieu toutes
les fois qu’elle est portée en bas et en arrière , de
manière que ses condyles abandonnent les cavités
glénoïdes, et glissent au-dessous de l’apophyse trans-
i3
( * 9 * )
verse du temporal , en se portant en avant et en
haut dans la fosse zygomatique, où ils font une
saillie remarquable, le corps de la mâchoire étant
fixé en bas et en arrière par les muscles abaisseurs.
Dans cet état, les capsules sont fortement disten¬
dues, et parfois déchirées 3 la bouche est ouverte
outre mesure, et la mâchoire ne peut plus être rap¬
prochée de la supérieure.
Cet accident est ordinairement la suite des forts
abaissemens de la mâchoire produits par le bâille¬
ment ou l’introduction d’un corps volumineux
dans la bouche. Ce déplacement articulaire serait
très fréquent chez les enfans, qui ne connaissent
point le juste rapport entre la grandeur de leur
bouche et le volume des corps qu’ils veulent y in¬
troduire, si la nature n’y eût sagement pourvu : aussi
observe-t-on que les branches de la mâchoire infé¬
rieure à cet âge sont moins relevées sur son corps et
qu’elles en ont presque la direction 3 d’où il résulte
que le centre des mouvemens est toujours dans les
cavités glénoïdes , que les condyles n’abandonnent
jamais, quel que soit le degré d’abaissement de la
mâchoire.
On réduit la luxation de la mâchoire inférieure
en frappant fortement avec la paume de la main sur
la partie moyenne et inférieure de son corps, en
dirigeant l’effort de bas en haut et d’arrière en avant.
( *95 )
On est prévenu de sa réduction par un certain bruit
que produisent les condyles en rentrant dans les
cavités glénoïdes, la mâchoire inférieure étant su¬
bitement attirée vers la supérieure par la contrac¬
tion des muscles élévateurs , c’est-à-dire les masse-
ters, les ptérigoïdiens et les temporaux. Quand les
mouvemens d’abaissement et d’élévation s’exécutent,
on reconnaît alors que les parties sont bien remises
dans leur situation naturelle.
Pour éviter que cet accident se renouvelle, on
conseille au malade de garder le repos des mâchoires
pendant un certain temps , et de se nourrir d’alimens
peu consistans. Afin d’empêcher que le bâillement
n’ait lieu, on applique un bandagee en forme de
mentonnière, que l’on fixe sur le sommet de la tête.
CHAPITRE II.
T HÉ R APEÜ TI QDE.
La thérapeutique est une branche de la médecine
qui a pour objet le traitement des maladies. Elle
comprend les opérations et les médicamens.
SECTION i.
DES OPERATIONS CHIRURGICALES.
On appelle opération l’action méthodique de la
main, seule ou armée d’instrumens, pour prévenir,
i5.
C ’9 6 ) '
pallier ou guérir les maladies. Le chirurgien doit
être ambidextre, c’est-à-dire qu’il doit se servir,
au besoin, de la main gauche aussi aisément que de
la main droite.
Les opérations que l’on pratique sur les dents
sont l’extraction, la luxation , la transplantation y
l’emploi de la sonde, la cautérisation, le plombage,
l’usage de la lime, la séparation, l’amputation,
la perforation, le nettoiement, et la pose arti¬
ficielle des dents.
De Vextraction des dents.
L’extraction est une opération par laquelle on
sépare les dents des mâchoires, au moyen d’un effort
qui surpasse la résistance que ces organes osseux
opposent sur les bords alvéolaires. Comme la plu¬
part des instrumens que l’on emploie sont des le¬
viers , il est nécessaire, avant de décrire l’extraction,
de donner une idée de la théorie du levier.
On appelle levier une tige inflexible appuyée
contre un point fixe nommé point d’appui, et rece¬
vant dans un second point l’action d’une puissance
pour vaincre une résistance placée en un troisième
point; d’où vient quel’on observe quatre parties dis¬
tinctes dans toute espèce de levier : i° la résistance,
qui est le fardeau ou le corps sur lequel on veut
agir; 2° la puissance, ou la force que l’on emploie
( *97 )
pour vaincre la résistance; 3° les bras du levier,
qui sont les portions de la tige comprises entre la
résistance et le point d’appui, et le point d’appui et
la puissance; 4° le point d’appui, qui est le point
solide.et fixe sur lequel les bras du levier, égaux ou
inégaux, se meuvent. L’arrangement différent de ces
quatre parties constitue trois genres de levier :
i° Celui du premier genre, où le point d’appui
est placé entre la résistance et la puissance;
2 0 Celui du second genre, où la résistance se
trouve entre le point d’appui et la puissance ;
3° Celui du troisième genre, où la puissance existe
entre la résistance et le point d’appui.
Le but que l’on se propose généralement en em¬
ployant un levier est de surmonter une résrstance
très grande avec une puissance très petite; D’après
les trois genres de levier connus, comme la situa¬
tion du point d’appui rend la puissance supérieure
à la résistance, toutes choses étant égales d’ail¬
leurs, et Vice versa , et que, selon la situation de
la puissance et de la résistance, relativement au
point d’appui, la puissance peut devenir moindre
que la résistance , ces trois sortes de levier peuvent
être disposées plus ou moins convenablement pour
que la puissance l’emporté sur la résistance. C’est
pourquoi il n’est pas indifférent de choisir le genre
de levier le plus favorable, ét de varier son point
(198 )
d’appui sur la lige, afin d’être certain que la ré¬
sistance sera ^vaincue. Citons pour exemple la ba¬
lance, levier du premier genre le plus simple et
le plus régulier (ses deux bras étant égaux) , dans
laquelle la puissance et la résistance doivent être
égales pour que l’équilibre puisse avoir lieu. Aussi
remarque-t-on que, lorsque la résistance et la puis¬
sance sont égales, si l’on rapproche le point d’appui
de la résistance, la puissance l’emportera sur elle,
le bras du levier compris entre le point d’appui et
la puissance étant devenu plus long que le bras de
la résistance : d’où résulte la preuve que plus le
bras du levier est long du côté de la puissance, plus
elle devient grande. Le levier du premier genre
est, après celui du second, genre , le plus favorable
pour vaincre de grandes résistances.
Le levier du second genre, où la puissance se
trouve à une extrémité, le point d’appui à l’autre,
et la résistance intermédiaire, est le plus favorable,
lorsque la résistance l’emporte sur la puissance. Les
avirons et les rames qui servent à faire avancer les
bateaux et les navires, donnent l’exemple de ce
levier. La puissance est à la poignée, le point d’appui
à l’autre extrémité de l’aviron qui plonge dans l’eau,
et la résistance, produite par le navire, entre le
point d’appui et la puissance, à l’endroit où l’aviron
se trouve fixé.
( *99 )
Le levier du troisième genre est le plus défavo¬
rable , la puissance étant placée entre le point d’ap¬
pui et la résistance, ce qui l’empêche de pouvoir
être employé avantageusement lorsque la résistance
est plus grande que la puissance : tels sont la plu¬
part des leviers animaux formés par les os , comme
la mâchoire inférieure , qui est un levier coudé
double du troisième genre. Le corps de cet os, où
sont placés les alimens pour être broyés, reçoit la
résistance, l’articulation des condyles forme les
points d’appui, et les muscles, qui sont placés entre
le corps et les condy les de cet organe osseux, cons¬
tituent la puissance.
La clef de Garengeot, le pélican , le levier , le
pied de biche , sont des leviers du premier genre.
Quant aux pinces et au tirtoir, etc., ce ne sont que
des instrumens intermédiaires entre la puissance et
la résistance, et moins favorables que les premiers,
parce que l’opérateur, manquant souvent de point
d’appui, est obligé, pour extraire les dents, de faire
un effort considérable.
Lia clef est un levier compliqué , composé d’un
crochet mobile dirigé transversalement sur une sur¬
face plane et à peu près quadrilatère, appelée pan¬
neton, lequel est placé à l’extrémité d’une tige d’a¬
cier, terminée à l’autre extrémité par un manche
qui lui est perpendiculaire, et que l’on saisit dans
( 200 )
la main quand on veut opérer. Le crochet serre la
dent qui est la résistance ; le panneton forme le
point d’appui , et à l’extrémité de la tige, où se
trouve le manche , s adapte la puissance.
Quand on se sert de la clef pour extraire une
dent, il est important de bien faire attention à sa
construction, parce que l’effort qui doit vaincre la
résistance qu’oppose la dent peut être nul ou se
Transmettre de manière à la briser. C’est pourquoi
cet instrument, qui est le plus généralement em¬
ployé, ne doit pas seulement être construit pour
être placé commodément dans la bouche, il faut
encore que le crochet soit établi de telle sorte que
l’on enlève la dent sans la fracturer, et que, pour
éviter cet inconvénient, on puisse la soulever et la
renverser lorsque l’on donne un tour de clef.
D’après ce que dit avec raison M. le docteur Dela¬
barre, les crochets , au lieu d’être construits en arc
de cercle, comme on le fait encore trop souvent,
doivent être forgés d’une seule pièce composée de
deux parties , dont l’une s’adapte au panneton, et
soit presque droite, et l’autre corresponde à la dent,
et forme avec la première partie une espèce de coude
descendant à angle droit, en décrivant un arc ren¬
trant très léger. Cette forme donne en outre la faci¬
lité de placer son point d’appui comme on le juge
convenable.
( 201 )
Le même praticien montre ensuite le désavantage
des crochets courbes, et s'exprime ainsi : « L’ex-
« trémité fourchue d’un crochet, et qui décrit un
« trop petit arc de cercle, a l’inconvénient d’aban-
cc donner le point où il est nécessaire qu’il reste fixe
« pendant le mouvement de rotation du levier. Ge
« n’est plus alors le bout du crochet qui soulève la
cc dent à son collet ; mais le milieu de ce même cro-
cc chet prend la dent sur le corps de la couronne,
« et celle-ci se brise souvent au niveau de la gen-
« cive. »
Le panneton doit avoir une largeur et une épais¬
seur suffisantes pour former un point d’appui direct,
sans blesser la membrane muqueuse qui tapisse les
mâchoires. Il convient que la tige décrive dans son
milieu une grande courbe, pour que les arcades
dentaires ne gênent point l'application de la clef;
il faut aussi que cette tige soit longue, parce qü’a-
lors sa longueur augmente la force du levier, et per¬
met à l’oeil de suivre l’opération.
La clef peut servir à enlever toutes les dents et
même les chicots j mais elle est préférable à tout
autre instrument pour l’extraction des molaires,
surtout de celles qui ont plusieurs raciriés. Pour
ôter une dent, on place sur son collet, et très près
de la racine, après l’avoir déchaussée, si le cas
l’exige, l’extrémité du crochet que je viens de dé-
( 202 )
crire 3 puis on prend un point d’appui sur la mâ¬
choire avec le panneton, que l’on a eu soin de
garnir d’un linge pour ne pas confondre les parties
molles ; alors, quand on s’aperçoit, en tournant
légèrement l’instrument, que la dent est bien prise,
on donne un tour de clef de manière à en faire
l’extraction en deux temps consécutifs et prompts,
le premier pour la soulever , et le second pour la
renverser. Le crochet peut être placé en dedans ou
en dehors des arcades dëntaires, selon qu’on le juge
convenable à l’opération. Dans le cas où les dents
seraient soudées avec les mâchoires , il faut, avant
de se servir de la clef ou de tout autre instrument,
détruire cette soudure au moyen d’un élévatoire.
: Le pélican est un instrument qui agit à l’instar
de la clefj sa construction est telle, que l’on peut
placer son point d’appui où l’on veut: il est com¬
posé d’une tigé d’acier qui se'termine à ses extré¬
mités par deux portions de cercle cannelées servant
de points d’appui, et tenant lieu de pannetons 3 au
milieu de la tige se trouve adaptée une autre tige
d’acier, terminée par un crochet qui dépasse le
panneton de chaque extrémité 3 cette seconde tige
est mobile sur le reste de l’instrument , et sert à
saisir la dent. Le pélican est loin d’offrir pour les
opérations les mêmes avantages que la clef: aussi
ne s’en sert-on maintenant que très rarement.
( 2o5 )
Le levier est une tige d’acier inflexible de la
longueur de cinq pouces environ, dont une des
extrémités s’applique à la résistance, l’autre à la
puissance, et dont le point d’appui se trouve fort
près de la résistance. On se sert de cet instrument
pour enlever les racines ou chicots, et renverser les
dents de sagesse, qui n’ont ordinairement qu’un
groupe de racines réunies en forme de pivot court
souvent ces racines ne sont point entièrement dé¬
veloppées. Une des extrémités du levier doit être
placée entre les deux dernières molaires, de manière
à trouver un point d’appui : ensuite, par un mouve¬
ment de bascule, on pousse la dent de sagesse en de¬
hors , en arrière, et on la soulève de façon à lui faire
quitter son alvéole en la renversant. Le crochet en 2 ,
qui facilite l’application de la clef, peut remplacer le
levier dans certaines circonstances. Pour extraire
les chicots , on place l’extrémité du levier entre
les parois alvéolaires et les racines, et on soulève
ces dernières par un mouvement de bascule.
, Le pied de. biche est une tige métallique bifur-
quée à l’une de ses extrémités ; à l’autre est adapté
un manche, et près de la première extrémité est un
petit crochet adhérent, également bifurqué. On se
sert de cet instrument pour extraire les racines, en
plaçant son extrémité bifurquée entre elles et les
alvéoles, et en prenant un point d’appui sur la ma-
( 204 )
choire, près du crochet que j’ai dit exister sur la
tige. Lorsque plusieurs racines tiennent ensemble,
il faut'placer entre elles l’uxtrémiié du pied de biche.
Il est à remarquer que tous ces instrumens ont
leur point d’appui fort près de la résistance, ce qui
augmente la puissance du levier, comme je l’ai
fait observer plus haut, le bras du levier corres¬
pondant à la dernière étant fort long.
Les pinces sont des inslmmens propres à l’extrac¬
tion des dents. Elles sont droites ou courbes : les
premières servent à enlever les incisives et les
canines, les secondes à arràchèr les molaires. Mais
la clef est bien supérieure au davier ou pince
courbe pour extraire les molaires, parce qu’avec
le davier on doit craindre de lés 4lécouronner en les
serrant avec le bec recourbé de cet instrument, et
de faire éprouver de vives douleurs au malade pen¬
dant l’opération, qüi est fort longue, attendu que
l’effort qu’exige la résistance est plus grand qu’avec
la clef.
Les pinces droites sont préférables à la clef pour
extraire les incisives et les canines qui n’ont qu’une
racine en forme de pivot; ces racines, surtout celles
des canines, sont parfois si longues, qu’on s’ex¬
poserait à fractürèr la dent et l’os alvéolaire en
se servant de la clef. Quand on fait l’extraction
d’une dé ces dents, on commence parla déchausser,
( 2o5 )
ensuite on saisit sa couronne en plein avec les mor-
dans de la pince droite, puis on lebranle en tour¬
nant de droite à gauche et d’arrière en avant 3 enfin,
par une secousse suivie d’une traction perpendicu¬
laire, on la sépare de la mâchoire. Avec les pinces
courbes ou daviers on saisit de même les molaires
près de leur collet; puis , après les avoir ébranlées,
on les emporte par un effort de traction convenable*
On conserve ordinairement les racines des inci¬
sives et des canines , que l’on perfore pour y placer
des dents artificielles à pivot 3 il arrive quelque¬
fois qu’on est obligé de les extraire à cause de la
gêne ou de la douleur qu’elles font éprouver. Comme
ces racines ne laissent le plus souvent aucune prise,
et qu elles sont même parfois recouvertes par la
gencive, pour les enlever on préfère aux pinces
droites ordinaires des pinces avec des mordans très
pointus, que l’on enfonce entre les parois de la
racine et l’alvéole, après avoir ébranlé la première
avec un élévatoire ; et aussitôt qu’on s’aperçoit que
la racine est bien saisie , on l’extrait comme je l’ai
indiqué en parlant des pinces droites. Lorsque lés
racines sont usées par le séjour des pivots des dents
artificielles, elles s’amincissent à un tel point j
qu’on ne peut les saisir sans les briser : dans ce cas,
on a recours au tirtoir.
Le tirtoir est un instrument de forme conique,
( 2o6 )
et taillé en vis tranchante à partir du sommet jus¬
qu’à la base. On le visse dans la cavité de la racine,
qui cède alors facilement à un effort de traction :
il faut observer que ces racines vacillent ordinai¬
rement , et sont difficiles à enlever, à cause de leur
friabilité et du peu de prise qu’elles laissent aux
instrumens.
Des accidens de Vextraction des dents.
Les accidens qui peuvent résulter de l’extraction
des dents sont leur fracture et celle d’une portion
des alvéoles, la déchirure des gencives et l’hé¬
morrhagie,
Da fracture des dents a lieu lorsqu’elles sont
devenues friables, ou que l’on n’a pas eu soin de
placer convenablement le point d’appui et le cro¬
chet de la clef. Pour éviter la fracture ou le décou¬
ronnement, on place le crochet de la clef sur le
collet de la dent, très près de l’alvéole, et le point
d’appui sur la mâchoire du côté opposé: autrement,
si le point d’appui et le crochet agissaient en même
temps sur la couronne, l’effort que l’on ferait la
séparerait de la racine ; ce qui deviendrait un grand
inconvénient pour le chirurgien, qui serait alors
obligé d’extraire la racine, opération difficile et
douloureuse pour le malade. 11 faut de plus obser¬
ver que l’on doit faire l’extraction des dents avant
( 207 )
que la carie n’ait trop étendu ses ravages, parce
quelle les amincirait à un tel point, qu’elles se
briseraient par la moindre pression.
La fracture de Vos alvéolaire a lieu quand on
place le crochet sur une portion de la mâchoire.
Il faut, pour obvier à cet accident, placer le
crochet entre l’alvéole et le collet de la dent. Cette
fracture est quelquefois inévitable, lorsque les
racines sont contournées en façon de crochet: dans
ce cas, on a lieu de craindre la suppuration de l’os
maxillaire. Cette mauvaise disposition des racines
peut aussi déterminer la fracture ou le découronne¬
ment des dents.
La déchirure des gencives n’est point dange¬
reuse 5 une petite hémorrhagie et une légère in¬
flammation en sont ordinairement la suite : on
l’évite en séparant la gencive du collet de la dent
avec un instrument convenable. Lorsqu’on extrait
les dernières grosses molaires de la mâchoire infé¬
rieure, il faut prendre garde de placer trop bas le
crochet, parce qu’on pourrait déchirer avec la
membrane muqueuse un rameau du nerf maxillaire
qui descend dans un sillon situé sur la mâchoire
au-dessous de ces dents, ce qui donnerait lieu à
des accidens fort graves.
L 3 hémorrhagie est une perte de sang causée par
la rupture des vaisseaux sanguins. Il y a deux
( 208 )
espèces d’hémorrhagies qui peuvent résulter de
l’extraction des dents: l’une produite par la divi¬
sion des capillaires sanguins; et l’autre déterminée
par la rupture d’artérioles assez considérables rela¬
tivement à la capacité des alvéoles.
La première a toujours lieu, mais n’est point à
craindre ; on la reconnaît au sang qui s’écoule par
réseau de la partie qui en est le siège : elle cesse
ordinairement d’elle-même; et lorsqu’elle dure
trop long-temps, on l’arrête en injectant un liquide
acidulé ou astringent, ou bien en insinuant dans
l’alvéole un peu de colophane réduite en poudre.
Il n’en est pas de même de la seconde. Le sang
coule avec plus d’abondance; il est de couleur
rouge et vermeil, et sort par jets saccadés et iso¬
chrones au battement des artères ; et pour peu
que l’hémorrhagie se prolonge, le malade faiblit :
c’est alors qu’il faut se tenir sur ses gardes et se
hâter de l’arrêter. Pour y parvenir, on introduit
avec force dans l’alvéole, soit un bourdonnet de
charpie , soit un morceau d’agaric de chêne ou
d’amadou, soit de la cire : on peut encore se servir
avantageusement d’un morceau d’éponge préparée,
qui a la propriété de se gonfler dans l’humidité. Si
l’hémorrhagie persistait après la chute de ces subs¬
tances , on appliquerait un bouton de feu. Dans le
cas de syncope, on réveille les sensations en faisant
( -309 )
respirer du vinaigre, de l’eau de Cologne ou de
l’alkali volatil; mais il faut employer avec réserve
ce dernier stimulant, parce qu’on pourrait prolon¬
ger létat de syncope, et déterminer l’inflammation
des fosses nasales, du larynx et des bronches.
Quand il existe de la faiblesse, on rappelle les
forces par des cordiaux, tels que le vin, etc.
De la luxation des dents..
On entend •par ; luxer une dent la déplacer de
sa situation naturelle par un effort de traction qui
n’est pas suffisant pour la faire sortir entièrement
de son alvéole, mais : seulement pour rompre les
vaisseaux et ; les nerfs qui s’introduisent dans ses
racines. Lorsque la dent est déplacée ; on la force à
reprendre sa position première en pressant con¬
venablement sur sa couronne!
Cette opération était autrefois en vogue, p.our
arrêter les progrès d’une carie légère , et s’opposer
aux doùleurs que fait éprouver une .dept lorsqu’elle
est saine : mais comme il peut arriver, que la
rupture des vaisseaux et des nerfs ne-solt.pas.,com¬
plète, et qu’il survienne de rinflamruati,on ;? -ac¬
compagnée d’une gêne, insupportable, qui force¬
rait de recourir plus tard à l'extractionil vaut
mieux l’ôter de suite , et la remplacer par upc
dent artificielle ; on évite ainsi toute espèce d’in-
H
( 210 )
commodité à la personne qui vous accorde sa con¬
fiance.
De la transplantation des dents .
La transplantation des dents , qui n’est plus usi¬
tée de nos jours , consistait à remplacer une dent
malade nouvellement extraite , par une dent saine
récemment arrachée à un autre individu. Comme
les accidens qui peuvent en résulter sont les mêmes
que ceux de la luxation, et qu’il y a une espèce de
barbarie à pratiquer cette opération , je n’en parle
ici que pour faire connaître quelle a été mise en
pratique. Quant a la luxation, on peut quelquefois
la tenter; c’est au chirurgien dentiste expérimenté
à reconnaître dans quelles circonstances il peut y
avoir recours.
De la sonde.
Sonder est une opération par laquelle on s’assure
de la profondeur d’une carie; elle se pratique avec
une tige métallique, déliée et mousse à son extré¬
mité , appelée sonde, que l’on introduit par l’ou¬
verture que l’ulcération des dents a formée. On se
sert encore de cet instrument pour nettoyer l’inté¬
rieur des dents, et pour détruire le nerf dentaire
lorsqu’il fait éprouver de la douleur : la sonde, dans
cette dernière circonstance, doit être aiguë à son
extrémité.
( aii )
De la cautérisation.
On appelle cautérisation une opération au moyen
de laquelle on détruit une partie quelconque de l’é¬
conomie par l’application du feu ou d’une substance
caustique 5 en un mot, c’est brûler la partie sur la¬
quelle on opère.
Les corps ou les substances dont on se sert pour
cautériser sont appelés cautères, et se divisent en
cautère actuel et en cautère potentiel.
Le cautère actuel, ou le feu, agit subitement sur
la partie où il est appliqué, et la transforme en es-
charre : on se sert ordinairement, à cet effet, de tiges
métalliques auxquelles on donne différentes formes,
et que l’on fait chauffer à un degré plus ou moins
élevé.
Le cautère potentiel agit au contraire lentement j
mais ses effets sont plus certains, parce qu’il pénètre
plus profondément dans la partie avec laquelle
on le met en contact : on se sert pour ce genre de
cautère, du beurre d’antimoine (chlorure d’anti¬
moine) j de la pierre à cautère ou potasse caustique
(oxide de potassium ), de la pierre infernale (nitrate
d’argent) , et des acides minéraux*
Pour ce qui concerne les maladies des dents, on
a recours à la cautérisation, afin de détruire la por¬
tion nerveuse qui s’y distribue, lorsqu’elle fait éprou-
14.
( 212 )
ver de vives douleurset de s’opposer en même
temps aux progrès de la carie.
Lorsqu’on veut employer le cautère actuel, on
fait rougir un instrument en acier que l’on plonge
rapidement dans la cavité dentaire, de peur qu’il ne
se refroidisse. Si ce genre de cautérisation ne suffit
point, ou s’il effraie trop le malade, on introduit
dans l’ouverture formée par la carie un mélange de
pierre infernale et d’acétate de.plomb en propor¬
tions égales, ou bien un petit morceau de pierre à
cautère par dessus lequel on place un peu de coton
que l’on retire aussitôt que l’effet qu’on desire est
produit. Les acides minéraux, tels que l’acide ni¬
trique, sulfurique, peuvent encore être employés
avantageusement : on verse, à cet effet, et à plusieurs
reprises, une goutte de ces acides dans la cavité
dentaire.
Dans le cas d’érosion, on arrête cette maladie
dans sa marche en desséchant plutôt qu’en cauté¬
risant la partie maladey pour cela, on approche seu¬
lement un fer rouge de : la partie érodée, sans l’ap¬
pliquer immédiatement, à moins que le fer ne soit
que chaud : l’on recommence cette manœuvre au¬
tant de fois qu’il est nécessaire.
Du plombage.
Plomber une dent, c’est en remplir la cavité avec
( 2:l3 )
une substance métallique que Ton introduit de
force, au moyen d’un instrument que Ton appelle
plomboir, par l’orifice formé par la carie. On ne doit
pratiquer cette opération que lorsque la carie n est
point sanieuse, et surtout lorsqu’elle n’ést point sus¬
ceptible de déterminer des fluxions ; il faut encore
que la cavité soit telle, que les substances qu’on
introduit puissent y être retenues.
Les métaux que bon met en usage sont des feuilles
d’or, de platine, d'étain, un mélange de matières
fusibles par le contact de là moindre chaleur , et
qui se refroidit très promptement. Pour con¬
server l’agrément du visage, lorsque les incisives
sont Cariées, on se sert d’une composition qui
fait corps avec le tissu dentaire et qui résiste‘ à
l’action de la salive 5 mais on ne peut que faible¬
ment compter sur la solidité et la durée de celte
composition.
Je citerai ici un procédé qui appartient à M. De^
labarre, par lequel on peut éviter l’irritation du
nerf dentaire. Il ^exprimé 5 ainsi :-oc Si la cavité de
« la dent est grande , je fais une petite plaque en
« or , concave > ainsi qu’un œil de couteau. .Teplacé 1
« cette; petite plaque sur le nerf delà dent, e t j’ ,; orifiè
« par dessus , ou j’y mets de la composition. Lés
« dents remplies ainsi ne sont pas douloureuses, lu
« nerf est à l’abri dê~ la preSsiofn. J’ai beaucoup dé
( «*)
« cliens qui en conservent depuis long-temps par
cc ce moyen très simple. »
De l’usage de la lime et de la séparation
des den ts.
On se sert avec avantage de la lime pour mettre
les dents de niveau, enlever les aspérités et les par¬
ties anguleuses et tranchantes qui résultent,de leur
fracture partielle, ainsi que pour séparer les dents
lorsqu’elles sont trop serrées.
M. le docteur Delabarre, lorsqu’il s’agit d’em¬
porter une carie commençante, ou d’agrandir les
espaces interdentaires, trouve de grands inconvé-
niens à se servir de la lime, et conseille la méthode
suivante. Je laisse aux praticiens à juger de ce pro¬
cédé opératoire.
« Jusqu’ici tous les auteurs qui ont traité de la
« dentition indiquent que la lime est l’instrument
cc d’élection pour la séparation des dents* Certai¬
ne nement il est des circonstances qui en exigent
« l’emploi ; par exemple, s’il s’agit de séparer légè¬
re rement. Mais si la dent qu’on lime est cariée pro-
<c fondément, la lime fait des brèches épouvantables,
« en ce qu’elle enlève le bon et le mauvais, et que
« telle obliquité qu’on donne à la main pendant
« l’opération, telle mince que soit la lime, on
« ronge trop sur la partie antérieure de la. dent, et
( 2*5 )
« souvent même, on n’enlève pas toute sa carie :
« alors la maladie ne se trouve pas guérie, et le
« but de l’opération est manqué. Voici pourquoi
« je me suis habitué à employer les hurins aiguisés
« et courbés en diverses manières, et bien trem-
« pés. Je coupe la dent jusqu’où je présume qu’il
« est nécessaire,; je ménage tant que je peux la
« table émaillée antérieure; j’enlève toute la carie en
« arrière, et l’opération est certaine par ce nouveau
« procédé. La lime irrite d’une manière tellement
« désagréable, que bien des personnes font aban-
«. donner l’opération à moitié faite t le burin abrège
« le temps de la douleur, il n’agace point, et le
« patient en supporte l’emploi sans en être incom-
« modé. »
De Vamputation des dents .
L’amputation des dents est la section complète
de leur couronne, qu’on effectue avec un instru¬
ment tel que la scie, la lime, etc. Cette opération peut
avoir lieu par fracture, surtout pour les incisives :
dans cette circonstance, on n’a plus qu’à limer ce qui
reste du corps,de ces dents jusqu’à leur racine, de
manière que les gencive? puissent recouvrir le talon
des dents artificielles à pivot. On a recours à l’am¬
putation pour conserver les racines des dents inci¬
sives et canines, sur lesquelles on place les dents
( 216 )
artificielles à pivot. Gomme la lime, d’après ce que
j’ai dit,~ produit parfois un agacement si insuppor¬
table qu’on est obligé de suspendre l’opération , on
cautérise le nerf, ensuite on perfore et on ajuste la
dent artificielle : mais si le malade souffre trop de
l’action dé la liriie, alors ôn extrait la racine ) et on
placé une dent artificielle, que l’on maintient au
moyen dé ligatures.
De la perforation clés racines.
La perforation consiste à creuser suffisamment
lés racines qui doivent recevoir les pivots des dents
artificielles. On se sert pour cela très souvent du
foret ; mais cet instrument a le grand inconvénient
de ne pouvoir pas être toujours placé convenable¬
ment dans l’endroit nécessaire, de ne pas creuser
toujours également, et d’exposer à blesser la per¬
sonne tjue l’on opères’il venait à sccbapper de
l’archet. Il ê§t -vrai qU’avëc le foret on agit plus
pfëïnpfëùiënt; eepé ndhnt il vaut mieux'ptendre du !
temps èt opérer âvéc plus de ‘sûreté. 1 ■
L’instfümeiit le plus cbmmode eét lccarrissoir,
qùi est une tige d’acfër dont l’ëx^trémitë j' tëfminéë 1
en pointé'^ présente six éûtés trân cbàfis, e dë manière
qü’il COUpe dans tous léVséns, soif qü’dii lé : tourne
~ de droite à gaitebè Où de gauebé àVlroîte.'Pûur pérfô-
rér ulàëdentÿil faut placer Fèxtrémitë dW foret ou ;
( 2i 7 )
l’écarrissoir dans l’orifice du canal de la racine, et
creuser assez à fond pour que le pivot de la dent
artificielle puisse être ' fixé convenablement. On
augmente la solidité de cette dent en levant des
ponts (petites entailles) sur son pivot, que l’on entre
ensuite avec force.
Quand il y a douleur ou inflammation, on sus¬
pend l’opération et l’on fait gargariser avec dés
infusions émollientes : dès que les aceidens inflam¬
matoires ont cessé, on cautérise, afin, d’éviter qu’ils
ne reparaissent, et l’on perfore de nouveau. La
cautérisation facilite encore la perforation.
Du nettoiement des dents.
Nettoyer les dents, c’est enlever le tartre et le
limon qui se déposent à leur surface. Les instrumens
qui servent à cette: opération sont tons des rugines de
différentes: formes, appropriées: à la commodité de
l’opérateur, telles que celle d’un coin, d’un triangle,
d’une lance, d’une hache , etc, ; il ne faut pas oublier
lé burin, qui sert à creuser dans le tartre lorsque les
cducbes sont dures; et fort épaisses; Je fais obsërvér
ici qu’on doit remédier aux affections des dents à
mesure quon les découvre en les nettoyant. ;
Je ne décrirai pas la manière dè se. servir de ces
instrumens y le raisonnement seul suffit pour les em h
ployer à propos : il faut cependant -èviter, autant
( 2I 8 )
qu’il est possible, d’ébranler les dents, ainsi que
d’attaquer leur tissu.
Quand on veut s’assurer de la présence du tartre
qui couvre la face des .dents tournée vers la cavité
buccale, on se sert d’un petit miroir disposé pour
cet usage, que l’on introduit dans la bouche, et qui
répète tous les objets intérieurs aux yeux de l’opé¬
rateur. Après avoir enlevé le tartre, on fait rincer
la bouche avec un liquide légèrement acidulé, et
brosser les dents.
De la pose artificielle des dents ..
La pose artificielle des dents appartient à une des
divisions de la grande chirurgie, qui est la pro¬
thèse, laquelle consiste à ajouter au corps les par¬
ties qui lui manquent, et à corriger certains vices
d’organisation naturels ou accidentels.
L’établissement des râteliers et la composition
des dents qui servent à remplacer les dents natu¬
relles n’entrent pas dans le but que je me propose ,
parce que leur confection appartient à la mécanique,
à la chimie manufacturière, et à un travail manuel 5
je m’attache seulement à ce qui a rapport à la salu¬
brité de la bouche.
Les dents que l’on emploie pour remplacer celles
qui manquent sont naturelles ou artificielles, ani¬
males ou minérales.
( 2I 9 )
Les dents naturelles sont prises sur des cadavres
humains, qu’on apprête et qu’ensuite on ajuste
dans la bouche; les dents artificielles animales
sont sculptées dans des morceaux d’ivoire , d’hip¬
popotame ou de cheval marin ; et les dents
minérales sont le produit de compositions chi¬
miques.
Selon que les personnes préféreront l’utile à
l’agréable, on se servira des dents minérales ou
des dents naturelles.
Les dents naturelles contribuent plus à l’agré¬
ment de la bouche que les autres, puisque la nature
les a façonnées : mais, comme elles ont l’inconvé¬
nient , dp même que l’ivoire, de se noircir promp¬
tement, de donner une mauvaise haleine, de se
briser, et de durer peu de temps, on donne la pré¬
férence aux dents minérales, parce qu’elles ne sont
point susceptibles de se corrompre, qu’elles se
nettoient facilement et ne donnent jamais d’odeur
Le seul inconvénient qu’on y trouve est de ne pas
imiter aussi bien la nature, à cause de leur teinte et
de leur brillant métallique.
Lorsque l’on pose un râtelier, on doit surtout
faire attention qu’il s’ajuste bien dans la bouche,
et n’en blesse pas les parties ; autrement il déter¬
minerait de l’inflammation, des ulcérations, et
même des abcès. 11 faut en outre qu’il marche bien,
( 220 )
que les dents s’engrènent selon l’ordre naturel, et
qu’il ne puisse point se déplacer.
Pour exceller dans la confection des dentiers,
rélève doit s’adonner à l’étude de là mécanique ,
et apprendre à se servir Habilement des outils de
bijoutier.
SECTION II.
DES MÉDÏCÀMENS.
Gn donne le nom de médicament à toute subs¬
tance qui à la vertu de modifier l’état actuel des
propriétés vitales de l’organisme, de prévenir les
maladies, de pallier leurs effets et de faciliter leur
guérison. Les médic amens sont choisis parmi les
trois règnes de la nature, savoir , le minéral, le
végétal et l’animal : on les divise en internes et en
externes, selon qu’on les fait prendre à l’intérieur
ou qu’on les applique à Téxtérieur. Ils sont simples
ou composés, seuls ou mêlés avec d’autres médica¬
mens ; enfin on les divise en officinaux et magis¬
traux 5 les premiers se trouvent tout composés dans
les pharmacies, et les seconds se préparent dé suite ,
d’après l’ordonnance du médecin.
On distingue dans un médicament la dose , la
concentration, la température et l’état ou la formé.
Dose'. On entend par dose la quantité suffisante
d’un médicament pour en obtenir l’effet que l’on
( 221 )
desire quand on l’administre : cette quantité se
règle d’après les poids et les mesures de capacité ;
il existe en outre, pour exprimer les doses, des
signes d’abréviation que l’on trouvera dans le ta¬
bleau suivant.
Mesures pondêriques.
tes anciennes. Leur valent. Leurs signes. Les nouvelles.
Lalivre.i»....... 16 onces... ïb. .. f-kilog.
L’once.. 8 gros.... §...32 gram.
Le gros . 3 scrupules. 5 * • • 4 gram.
Le scrupule..... grains. .. • i gr. —.
Le grain.................. . gr. .. 5 cëntîgr.
Mesures de capacité.
La pinte........ 32 onces d’eau dis¬
tillée. ..i litre.
La chopine. .... 16 onces ......... f litre.
Le démi-setièr.. 8 onces..... a décilitres.
Le poisson .... 4 onces......... i décilitre.
Le demi-poisson. 2 onces.. .. 7 décilitre.
Autres mesures,
1 goutte ( gütta )
équivaut. .... à a grain. ..... . gui. j.
1 cuillerée ( co- -
cblearium ). *>•. à 1 once. . ; . .. •. cbcbl. j .
1 verrée.... .. . à 9 onces a gros.. verrée. j.
( 222 )
î pincée ( pügillus ).. p. j.
i poignée ( manipulus ).. m. j.
l brassée équivaut à 12 poignées... br. j.
Autres signes d'abréviation.
Prenez... Qf ou Pr.
Un demi... fi ou S.
De chaque (ana). aa.
Nombre...;.. n.
Quantité suffisante. *..... *.q. s,
Faites selon l’art.......F. S. À;
Transcrivez.. ..T.
Concentration. La concentration est le degré
varié de rapprochement entre les molécules des
substances médicamenteuses, qui rend leur action
plus ou moins active.
Température. La température est le degré de
chaleur ou de froid des substances médicamen¬
teuses , que l’on fixe ou que l’on reconnaît à l’aide
du thermomètre.
État ou forme. Sous le rapport de la forme,
ils sont gazeux, liquides , pulvérulens mous, et
solides : il faut joindre ici la saveur et l’odeur.
Les médicamens dont on se sert le plus ordinai¬
rement dans la chirurgie dentaire sont les émoi-
liens , les sédatifs, les détersifs, les toniques, les
( 225 )
an tiscorbü tiques, les sialagogùés, les escharotiqueS ?
et différens composés pharmaceutiques qui servent
à nettoyer les dents et. à assainir la bouche.
Des émolliens.
Les émolliens sont des remèdes dont la pro¬
priété est de relâcher et de ramollir les parties trop
tendues par l’inflammation.
Substances émollientes.
Feuilles de mauve. Fleurs de violette,
de guimauve. de mauve,
de bouillon- de guimauve.
blanc. ' de tussilage,
de pariétaire. de coquelicot,
de seheçôn. La gomme arabique.
Là racine dé guimauve. adragan-
La graine de lin,etc. te, etc.
On emploie ces différens émolliens en décoction
ou en infusion.
Décoction émolliente.
if Feuilles de mauve..
de bouillon blanc.......
de guimauve.
Graine de lin.. . . .............. un dé.
Faites bouillir dans une pinte d’eau. On se sert
( 224 )
de, cette décoction pour faire des lotions dans la
boucbe ; quand il existe de l'inflammation.
Infusion émolliente.
Qf Fleurs de mauve..
de violette.\aa. m. j.
de coquelicot. . .....)
Eau de rivière.. ïb ij.
Jetez ces fleurs dans l’eau bouillante, retirez du
feu ; sucrez avec le sirop de guimauve, si vous vou¬
lez que le malade prenne cette infusion à l’inté¬
rieur.
Gargarisme émollient.
'If Figues grasses. r
Pommes de rainette....... . . j
Racine de guimauve......... . 5 iij.
Lait. ... v. ... .1 litre.
Faites bouillir et transvasez peur l’usage.
d.utre.
Qfi Gomme arabique... 5 iij.
Fleurs de mauve. . ....... . ^ .. p. j.
Fleurs de violette. ....... ; : ....
; de tussilage ........ .j a ' •?*
Eau. • . — ... .... . ib ij.
Lorsque l’eau sera bouillantej fâites infuser les
fleurs, retirez du feu, faites dissoudre la gomme et
( 225 )
couvrez. Cette infusion y qui peut encore servir de
boisson émolliente j s’édulcore avec un sirop.
Cataplasme émollient.
7 p Farine de graine de lin.. . • • 1 _
d’orge.j a “’ part. égal.
Racine de guimauve effilée... . q. s.
Jetez sur la racine de guimauve quantité suffi¬
sante d’eau bouillante, puis délayez les farines.
Des sédatifs.
Les sédatifs sont des médicamens qui ont la pro¬
priété de calmer la douleur en agissant immédiate¬
ment sur le système nerveux. Ils comprennent les
anodins et leS narcotiques.
Les anodins exercent leur influence sur le sys¬
tème nerveux en modifiant la sensibilité : cette ac¬
tion dépend d’un arôme légèrement sédatif qu’ils
possèdent ; on peut les associer aux émolliens. En
un mot, on donne le nom d’anodins aux substances
proprés a calmer la douleur : cette dénomination
sert généralement a exprimer faction de tout moyen
thérapeutique employé pour adoucir.
Anodins simples. Anodins .compotes.
Les fleurs de violette. Le eératde Goülard.
dé bouillon blanc. L’onguent populeum.
i5
( 2 2Ô )
Les fleurs de mélilot. La liqueur anodine d’Hoff-
de safran. mann.
Le camphre. L’extrait de saturne.
Les narcotiques ont une vertu stupéfiante qui
agit directement sur le système nerveux, et qui en¬
gourdit la sensibilité, calme les douleurs et para¬
lyse même l’action nerveuse; ils produisent en même
temps le sommeil.
Narcotiques simples. Narcotiques composés.
Les têtes de pavot blanc. Le laudanum.
La jusquiame. Le baume tranquille.
La morelle. La thériaque.
La belladone. La teinture de Rousseau.
La ciguë. Le diascordium.
La laitue vireuse. L’acétate de morphine.
L opium. La morphine et ses sels.
Formules anodines et narcotiques.
Décoction anodine.
Tp Têtes de pavot. n. 3.
Feuilles de morelle. 1 _
de laitue vireuse.... j aa * m ‘
Eau de rivière. îb. ij.
Faites bouillir.
Cette décoction est bonne pour faire des lotions
dans la bouche, lorsqu’il existe de vives douleurs
( 227 )
odontalgiques. Il faut que le malade ait bien soin de
ne point en avaler, de même que de la suivante,
en se gargarisant, parce qu’il pourrait survenir des
symptômes d’empoisonnement.
Fomentation calmante.
Qfi Racine de guimauve.. . . g ij.
Feuilles de morelle noire........ ni. j.
Tête de pavot.. a. i.
Eau de rivière. ..q. s.
Infusion émolliente et anodine x pour se garga¬
riser la bouche .
Eau de guimauve... g ij.
Faites infuser safran.. gr. xx.
Fleurs de mélilot...m. j.
Passez, ajoutez lait. g ij.
lotion anodine , pour faire des fomentations
sur les dents qui font éprouver de la douleur.
'If Eau distillée de rose. g ij.
Gomme arabique.. 5 £.
Teinture de Rousseau. gut. vj.
Cataplasme anodin.
% Farine de graine de lin... . i .
„ l aa. part. égal,
d orge... .J r °
Délayez dans une suffisante quantité d’une décoc-
i5.
( 228 )
tion de têtes de pavot ou dé jusquiame; ou bien
vèrséz sur le catàplasme fait avec de l’eau ordinaire
uiië forte solution d’extrait gommeux d’opium, ou
le laudanum liquide, au moment de l’appliquer.
JÔès détersifs.
Les détersifs sont des remèdes externes qui enlèvent
aux plaies la matière purulente dont elles sont re¬
couvertes , et produisent, par une vertu tonique et
un effet lent, le resserrement des chairs. Le chirur¬
gien dentiste est souvent obligé de les employer
pour certaines maladies des gencives.
Détersifs simples ?.
Les feuilles de noyer.
de ronce,
de lierre,
de mil. foui 11.
L’aloës.
La myrrhe.
La rose de Provins.
Le vin rouge.
L’eau-de-vie.
Le camphre.
Les sulfates de cuivre,
de fer j
d’ammoniac.
Détersifs composés.
Le vin amer.
de kina.
miellé,
chalibé.
antis corbuti que.
Le collyre de Lanfranc.
L’eau phagédénique.
La teinture de gâïac.
L’eau vulnéraire.
Lé baume de Fioraventi.
Le miel rosat.
L’extrait de saturne.
C 22 9 )
Décoction détersive.
%
Feuilles de noyer.1
de sauge. j aa *
m. j.
Kina concassé..
§ j-
Eau de rivière.
q. s.
Décoction tonique astringente.
%
Roses de Provins. ... ..
m. j.
Poudre de tan.. .. ....
1 j-
Kina concassé.
O
Eau de rivière... ft> ij.
Gargarisme détersif.
Of Orgq. inondée... g j.
Feuilles d’aigremoine. ....]— .
de menthe. ...... j ^ ‘
Eau de rivière. ib i*j.
Miel rosat.. c[. s.
Faites bouillir, passez, et ajoutez miel, une
cueillerée à bouche*
Lotion détersive.
* 2 f Infusion de fleurs de sureau. | ij.
de mélilot..... g iij.
Acétate de iplomb...... gr. vj.
Eau-de-vie camphrée.. 5 ij-
Mêlez..
( 25o )
Formule astringente et résolutive.
if Eau distillée de rose.j_
de plantin.... [ aa * °
Sulfate de zinc.. gr. xij.
Sucre..... g B.
On ne fait que se rincer la bouclie avec ces pré¬
parations , sans en avaler.
Des toniques.
Les toniques sont des médicamens qui relèvent
et entretiennent le ton des organes : ce phénomène
s’appelle tonicité. On range parmi les toniques les
stimulans qui agissent d’une manière prompte,
mais peu durable, en réveillant l’action vitale des
parties animales 5 ce qui les a fait diviser par M. le
docteur Barbier en excitans et en diffusibles.
Les toniques sont amers ou astringens, et amers
et astringens.
Toniques simples. Toniques composés.
Amers. Amers.
La gentiane.
La ménianthe.
La centaurée.
La fumeterre.
Le simarouba.
L’absinthe.
Le vin d’absinthe,
amer.
Le sirop de centaurée.
La teinture de gentiane.
L’élixir de Dubois.
de Peyrhil.
( a'3i )
Astringens.
La grenade.
La tormentille.
Lès roses rouges.
Le cachou.
Le coing.
Le rathania, etc.
Amers astringens.
Les kinas.
L’écorce de saule.
de chêne,
de marronnier
d’Inde.
L’arnica.
Astringens.
Les pastilles de cachou.
Le vin chalibé.
Les confitures de coing.
L’oximel.
La conserve de rose.
Amers astringens.
Le vin de kina.
Le sirop de kina.
On varie l’emploi de ces médicamens selon l’état
du sujet, et la période de la maladie.
Excitons. Diffusibles.
La cannelle.
La muscade.
La mélisse.
La coriandre.
Le clou de girofle.
Le gingembre.
La menthe.
Les éthers.
Les teintures alkoo-
licpies.
Les huiles essentielles,
de girofle,
de menthe,
de cannelle.
( 252 )
ALpozème amer.
7 p Gentiane.. 5 j.
Espèces amères. .. g fi.
Faire bouillir dans une chopine d’eau la gentiane,
et infuser les espèces amères pendant deux heures.
A prendre par demi-verrée.
Tisane amère.
Of Petite centaurée... 5 ij.
Ménianthe.. f ij.
Faites infuser dans eau commune, fb j.
Passez, et ajoutez
Sirop d’absintbe. 5 ij.
Tisane astringente.
‘ip Racine de Colombo. f j.
Cacbou. 5 B.
Eau de rivière. ïb ij.
Faites bouillir.
A prendre par verrée.
Des antiscorbutiques.
Les antiscorbutiques sont des excitans du système
circulatoire.
Antiscorbutiques simples. Antiscorbutiques composés.
Le raifort. Le vin antiscorbut,,,etc.
Le cresson. Le sirop idem , etc.
(a33)
Le cochléaria. L’esprit de cochléaria.
Le citron. L’acide citrique.
Le limon. La moutarde.
Des sialagogues .
Les sialagogues sont des excitans des glandes sa¬
livaires qui déterminent l’écoulement de la salive
dans la bouche.
La racine de pyrèthre. Le gingembre.
Lé tabac. Le sel ammoniaque.
Des escharotiques.
On appelle escbarotiques des médicamens qui, ap¬
pliqués à l’extérieur, brûlent les chairs et les trans¬
forment en eschare 5 on s’en sert pour cautériser le
nerf dentaire, dans les douleurs odontalgiques dé¬
terminées par la carie.
Le fer; rouge.
Les alkalis purs 5 la po¬
tasse et la soude caus¬
tiques.
Le chlorure d’antimoine,
appelé beurre d’anti¬
moine.
Les sulfates d’alumine.
de cuivre, etc.
L’huile de camphre , ou
camphre traité par l’a¬
cide nitrique.
Les acides concentrés.
La potasse.
Le nitrate d’argent.
Les sulfates acides de po¬
tasse calciné.
de zinc, etc.
( ^34 )
FORMULES POUR NETTOYER LES DENTS.
Les préparations pharmaceutiques mises en usage
pour nettoyer les dents. sont des eaux, des poudres
et des opiats.
Avant de parler de ces différentes formules, il
est nécessaire de dire un mot des principales subs¬
tances qui servent à les composer. Ces substances
sont des acides, des résines et des huiles essentielles.
Acides.
Les acides sont végétaux , minéraux, ou ani¬
maux. Les premiers sont composés d’oxigène 7 d’hy¬
drogène et de carbone. Comme j’ai dit que les
acides ramollissaient et altéraient le tissu des dents,
et que les acides minéraux surtout les détruisaient
très promptement, je conseillerai de n’employer
que des acides végétaux étendus, et encore avec la
plus grande réserve.
Acide acétique ou L’acide pyroligneux.
vinaigre distillé. oxalique.
Le suc de citron. tartarique.
L’acide citrique. benzoïque, etc.
Résines .
Les résines sont des produits immédiats des vé¬
gétaux , que l’on rencontre dans le commerce sous
( sS5 )
la forme de substances concrètes à l’état ordinaire
de l’atmospbère ; elles ont peu d’odeur et de saveur :
quand on les rompt, elles présentent une cassure lisse
et vitreuse; elles sont plus pesantes que l’eau dis¬
tillée, fusibles, inflammables, idio-électriques, inal¬
térables dans l’eau, se carbonisant dans les acides
concentrés, et solubles dans l’alkool, Feau-de-vie
et le jaune d’œuf : aux résines on peut joindre cer¬
tains baumes ,
Le benjoin. Le baume du Pérou sec
L’aloès. ou liquide.
L’encens. de Tolu.
La myrrhe. Le storax ou styrax, etc.
Huiles essentielles .
Les huiles essentielles ou volatiles proviennent
de la distillation des plantes aromatiques ; elles sont
liquides ou concrètes, plus légères ou plus pesantes
que l’eau. Leur couleur est variable, ainsi que leur
odeur , qui est pénétrante ; leur saveur est âcre et
piquante , et laisse un sentiment rie chaleur dans la
bouche. Elles se vaporisent au moindre degré de
chaleur, et sont très inflammables; quelques-unes
se condensent par le froid. Elles se dissolvent dans
l’alkool, les huiles fixes ou grasses, et dans mille
parties d’eau.
( 236 )
L’essence de citron. L’essence de menthe.
de cannelle. de fleur d’orange
de bergamote. ou néroli.
de romarin. de rose,
de cédrat. de girofle, etc.
Des eaux pour nettoyer les dents.
C’est à tort qu'on a donné le nom d’eaux aux
diverses préparations employées pour nettoyer les
dents et rafraîchir la bouche, puisqu’elles sont gé¬
néralement des teintures spiritueuses qui tiennent
en dissolution des huiles essentielles et des résines.
Ces préparations sont pour la plupart émulsives,
c ? est-à-dire qu’elles ont la propriété de blanchir
l’eau 5 celles à base d’acide rougissent le sirop de
violette et la teinture de tourne-sol. Le nom d’é¬
lixir ou de mixture convient mieux à ces prépara¬
tions pharmaceutiques.
DES ÉLIXIRS OU MIXTURES DENTIFRICES.
Elixir à base d’acide.
% Acide tartarique pur. . ........ -5 vj.
Eau distillée. ................ § iv.
Alkool de cochléaria ( vulgo esprit
de cochléaria) ........... • . % iij.
Alkool vulnéraire (vulgo eau vul¬
néraire spiri tueuse).. § ij.
( 23 7 y
Esprit de vin à 33 °........... 1b B.
Essence de menthe.. .... gut. xx.
F. S. A. ,
Elixir à base résineuse.
Qf Résine de gaïac. g B.
Racine de pyrèthre. i
Noix muscade.....( aa * 0
Girofle. 5 j •
Concassez toutes ces substances,
et versez dessus
Alkool à 28°.... g vj.
Aromatisez avec
Essence de romarin..... ] —
. , jaa. gut. xx.
de bergamote....... j
jéLutre.
Teinture dé benjoin. ... g rv.
de gaïac. ........... g ij.
Mêlez.
Élixir à base d’huiles essentielles.
àf Teinture de vanille. .. g B.
de pyrèthre. g iv.
Alkool de menthe ( esprit de men¬
the)... I j.
Esprit de romarin. g j.
de rose. 5 ij-
Mêlez.
( 258 )
J Elixir appelé eau de Bottoù
% Esprit de vin à 55 °. ïb ij.
Girofle concassé....
Cannelle de Ceylan.
Anis vert.
Cochenille concassée. § B.
Essence de menthe poivrée. 5 B.
F. S. A.
Elixir antiscorbutique pour la bouche.
If Eau-de-vie de gaïac... .. § iv.
camphrée... 3 ij.
Alkoolat de cochléaria ou esprit . § iv.
Essence de cannelle ou de menthe. 5 j •
F. S. A.
Les élixirs s’emploient de la manière suivante :
on en verse quelques gouttes sur une brosse
douce ? ou bien on en imbibe légèrement un linge
fin avec lequel on se nettoye les dents : on met en¬
suite plusieurs gouttes du même élixir dans un
demi-verre d’eau, et l’on s’en rince la bouche.
DES POUDRES DENTIFRICES.
Les poudres mises en usage pour la propreté des
dents sont des substances médicamenteuses divisées
à l’infini par une action mécanique.
( aSg )
Poudre dentifrice acide.
2f Alun calciné (sulfated’alumine), f j.
Iris de Florence en poudre...... g iij.
Crème de tartre ( sur-tartrate aci¬
dulé de potasse ). g ij.
Cochenille pulvérisée.. 5 fs.
Essence de girofle.. gut. iy.
Mêlez.
Autre , avec le corail.
Corail rouge porphyrisé....... g ij.
Cannelle fine....... .. g ij.
Autre.
Carbonate de magnésie.... g B.
Suroxalatedepotasse(seld’oseille). 5 B.
Corail rouge pulvérisé.. g j.
Essence de menthe. - .... gut. iv.
Poudre dentifrice tonique.
Of Cannelle de Ceylan en poudre fine, g B.
Kinkina orangé, idem . g j.
Girofle, idem. .. gr. x.
Mêlez.
Autre ?
Qfi Kinkina rouge...* 5 j-
Charbon porphyrisé . .. o j •
( 240 )
Aromatisez à volonté.
Mêlez.
Pour se nettoyer les dents avec les poudres , on
humecte une brosse douce que l’on trempe dans la
poudre, et, après les avoir suffisamment frottées,
on se rince la bouche avec un verre d’eau dans le¬
quel on a versé quelques gouttes d’un des élixirs
indiqués ci-dessus.
DES OPTATS.
Quoique l’usage ait consacré le nom d’opiat à
des électuaires qui servent à nettoyer les dents, je
ferai remarquer que cette dénomination ne peut
convenir qu’aux préparations pharmaceutiques dont
l’opium est la hase , tels que le diascordîum, la
thériaque , etc. Les opiâts dentifrices ne sont donc
que des 7 électuaires, médieamens d’une consistance
molle, composés de poudres- et d’extraits réunis au
moyen d’une certaine quantité de sirop, de con¬
serve, et surtout de miel.
Opiat à base d’acide.
Of Alun calciné (sulfate d’alumine)*. fb. j.
Iris en poudre. fb. j.
Crème de tartre. ... ïb. h.
Os’de sèche porphyrisé........ fb. j. É.
Cochenille pulvérisée.. j 5 j. B*
^ a4i )
Sirop de miel. ft> viij.
Essence de menthe. q. s.
N. B. On peut remplacer le sirop de menthe,
par le sirop de miel et l’essence.
udutre avec le corail.
If Corail rouge porphyrisé.. g j.
Os de sèche idem. .. g j.
Bol d’arménie idem. .......... g j.
Sang-dragon en poudre g B.
Cochenille idem ... 5 ij.
Sur-tartrate acidulé de potasse.. g ij.
Cannelle fine en poudre. ...... g B.
Girofle idem . 5 B.
Mêlez toutes ces poudres avec sirop de sucre ou
sirop de miel, en quantité suffisante pour en faire
u« opiat.
Opiat tonique.
“Of Kina rouge pulvérisé. g iv.
Cannelle idem. .. g ij.
Os de sèche idem ..... g ij.
Cochenille idem .. 5 j.
Essence de girofle.... q. s^
Sirop de miel.... ,y.. •. q* s.
F. S. A.
On se sert d’une Brosse plus ou moins rude pour
nettoj'er les dents avec ces diverses préparations ;
ensuite on se rince la bouche.
16
( 242 )
FORMULES DIVERSES.
Poudre dentifrice par M. udlibert , premier
médecin ordinaire du. Roi.
Qf Magnésie (192 grammes).. ...... f vj.
Laque rouge (52grammes)...... 3 j.
Iris de Florence ( 160 grammes), f v.
Sur-tartrate acidulé de potasse
( 64 grammes). f ij.
Mêlez.
udutre poudre.
ïfc Pierre ponce...
Corail.
Os de sèche....
Crème de tartre
Iris de Florence ,
Mêlez.
Eau de Madame de la Vrilliére pour les dents.
Cannelle.. | ij.
Girofle.. 5 vj.
Ecorce récente de citron.. 5 xij.
Roses rouges sèches. g j.
Cochléaria... g v üj_
Alkool...... ifb ijj.
On concasse la cannelle et le girofle., on divise les
( 245 )
roses rouges et l’éeorce de citron, on écrase le
cochléaria, on fait macérer le tout dans Falkool
pendant vingt-quatre heures, et on distille au bain-
marie.
Opiat de M. Gariot.
Qf Alun de roche... g fi.
Sang-dragon.. ............. 5 iij.
Cannelle... 5 j.
Mastic.. 5 j.
Réduisez le tout en pondre très fine, et mêlez avec
quantité suffisante de miel rosat, pour en faire un
opiat.
Poudre dentifrice du même ,.
Qf Terre sigillée préparée......... % vj.
Crème de tartre.... f ij.
Girofle. J;r. xxiv.
jdutre du même.
Qf Corail roüge. f iv.
Sang-dragon................. 5 j*
Carmin fin... gr. xxxvij.
Ecorce de citron ................ 5 ij.
Cette poudre a la propriété de donner aux lèvres
et aux gencives une belle couleur rose qui dure une
grande partie de la journée.
16.
( 2 44 )
Elixir odontalgique de Lalande.
Huile essentielle de girofle. 3 j.
de thym. 3 B.
Extrait thébaïque. 5 ij.
Alkool de rose. 3 ij.
Vin de Frontignan. g iij.
Faites digérer pendant huit jours et filtrez.
On en met quelques gouttes dans la bouche ,
qu’on promène sur le côté douloureux ? et qu’on
rejette quand la douleur est passée.
Lotion odontalgique de Plench .
Racine de pyrèthre. 5 ij.
Muriate d’ammoniaque ........ 5 j •
Extrait d’opium.. gr. ij.
Eau distillée de lavande. g ij.
Vinaigre distillé.. g ij.
Faites digérer pendant quelques jours ce mélange
et filtrez.
Dans les douleurs de dents, on passe de temps en
temps une cuillerée de cette lotion dans la bouche,
ayant soin de ne pas l’avaler.
Mixture odontalgique de Cadet.
% Éther sulfurique. 3 j.
Laudanum liquide. 3 j.
Baume de Commandeur. 5 j.
( 245 )
Huile essentielle de girofle...... gut. ij.
Mêlez.
On trempe un peu de coton dans cette mixture,
et on l’applique sur la dent qui
fait souffrir.
Pastilles pour la bouche.
'if, Cachou ..
Corail..
Sucre.. .
Essence de cannelle.... .
Mucilage, quantité suffisante pour des pastilles
de dix grains.
Autres .
% Charbon préparé.
. . 3 i*
. f i.
Essence de citron. .
Mucilage ..,
. q* s *
F. S. A.
Liqueur du docteur Swédiaur contre les
aphtes.
Qf, Borax en poudre .
Teinture de myrrhe ...
. si-
Eau de rose distillée . ..
Miel rosat.
. i ^
On imbibe un plumasseau avec cette liqueur, et
on en touche les aphtes plusieurs fois dans la
journée.
( m )
Miccture de Boy le contre les aphtes.
Vf Suc de joubarbe.. g j.
Miel.... I j.
Sulfate acide d’alumine. gr. xxiv.
On en bassine les aphtes plusieurs fois dans la
journée.
Composition pour plomber les dents à chaud.
Of Bismuth. i/8 e
Plomb.... i/5 e
Étain .... i/3 e
Fondez toutes ces substances convenablement '
et faites-en de petites boules proportionnées à l’é¬
tendue de la carie. Lorsque ce mélange est intro¬
duit dans la cavité, dentaire, on en approche une
tige métallique, que Ton a lait rougir ; le mélange se
fond aussitôt et se répand alors dans toute l’éten¬
due de la carié; il se refroidit ensuite très prompte¬
ment.
Autre.
“2p Plomb.. 5 vij.
Mèrcure... 5 j.
Fondez et mêlez bien ces deux substances; faites
de petites boulës, et servez-vous-en de la même ma¬
nière que de la composition précédente.
fin.
TABLE
DES MATIÈRE S.
PREMIÈRE PARTIE.
CHAPITRE I.
ANATOMIE. p. i
Enumération de toutes des parties de da tête. ibid.
Des parties solides...... 2
Des parties dures.......... ibid.
Des os de la tête....... . . ibid.
Os du crâne •...... ........ ........ . ........ ibid.
Os de la face.. ..... 3
Des cartilages ...... ibid.
Des parties molles............... ........ 1';. 4
Des muscles..... M ....... ibid.
Muscles de la région supérieure de la tête ....... ibid.
Muscles de la région antérieure de la tête ....... ibid.
Muscles de là région latérale de la- tête........ • • 5
Muscles de la région antérieure du tronc.. ibid.
Muscles du pharynx. .'. ibid.
Muscles du voile du palais.... ibid.
Muscles de la région postérieure du tronc ... 6
Des vaisseaux......... .. ibid.
Des artères.. .. ibid.
Des veines.. . . ......... •••....... 7
Des vaisseaux et des glandes lymphatiques.. 8
Des nerfs .... ibid.
( 248 )
Des organes et des viscères.....p. g
Des humeurs du corps humain... io
Description des organes immédiats de la mas¬
tication ... ii
Des mâchoires- ..... ibid.
Du maxillaire supérieur. ibid.
Région externe ou faciale... 12
Portion canine... ibid.
Portion zygomatique. i 4
Région interne ou nasale. ibid.
Portion supérieure ou nasale. i 5
Portion inférieur^ ou palatine. ibid.
Région supérieure ou orbitaire .. 16
Région inférieure dentaire ou alvéolaire. 17
Bord antérieur.. 18
Bord postérieur ou palatin. ibid.
Région maxillaire.;.. ibid.
Du sinus maxillaire..•. 19
De la mâchoire inférieure... 22
Région dentaire. ibid.
Région articulaire, ou branches de la mâchoire .. 24
Différence de conformation des mâchoires selon les
âges. 27
Du temporal. 5 i
Portion écailleuse.. 52
Portion mastoïdienne. 54
Portion pierreuse. ibid.
De l’articulation des mâchoires ou temporo-maxil-
laire. .67
De l’articulation de la tête avec la colonne vertébrale. 4°
( =49 )
Des dents... p. 4 1
Des incisives. 4 2
Des canines .. 44
Des petites molaires.../. ibid.
Des grosses molaires. 4^
De l’articulation des dents. 4^
Des particularités relatives aux dents. ibid.
Des muscles qui meuvent les mâchoires.. 52
L’hyoïde... 55
Le cartilage thyroïde. ibid.
Des muscles élévateurs de la mâchoire inférieure ... 54
Du masseter. ibid.
Du ptérigoïdien interne..* 55
Du temporal. 56
Des muscles abaisseurs de la mâchoire inférieure.... 5j
Du peaucier. ibid.
De l’omoplat-hyoïdien. 58
Du sterno-hyoïdien. 5g
Du sterno-thyroïdien. ibid.
Du thyro-hyoïdien. 6o
Du digastrique. 6i
Du mylo-hyoïdien. 62
Du génio-hyo'ïdien. 63
Du stylo-hyoïdien. .. ibid.
Du ptérigoïdien externe. 64
Du huccinateur.... 65
Des vaisseaux qui se distribuent aux mâchoires..... 66
Des artères/... ibid.
De la sous-orbitaire. ibid.
De l’artère alvéolaire supérieure postérieure. 67
( a 5 o )
De l’artère maxillaire inférieure.p. 68
Des veines .. 69
Des vaisseaux lymphatiques. ïbid.
Des nerfs dentaires. 70
Du nerf dentaire supérieur antérieur ou incisif.. 71
Du nerf dentaire supérieur postérieur. ibid.
Du nerf dentaire inférieur. ibid.
De la bouche. 72
Des gencives. 75
Des humeurs qui lubrifient la bouche. 74
De la transsudalion artérielle. 7^
De l’humeur muqueuse. ibid.
De la salive. ibid.
CHAPITRE II.
PHYSIOLOGIE..... 77
Dentition..... . 7 8
De la formation et du développement des dents . .... ibid.
De la forme des couronnes des dents lorsqu’elles sont 1
renfermées dans les mâchoires........ 82
De l’ordre selon lequel se fait le développement des
dents.... . . . . . . . . ... .......... 85
Disposition des couronnes des dents dans l’intérieur
des mâchoires. .. ibid.
Mâchoire inférieure...... ................. 85
Mâchoire supérieure......... ................ 86 ,
De l’éruption des dents.............................. 89
De l’âge où les dents font éruption.............. 96
Du développement des racines dés dëntsw....... • • g 4
( a5 * )
De la chute naturelle des dents.. p. 97
Différence entre les dents de la première dentition et
celles de la seconde. 98
De la texture et composition chimique des dents... • 99
De l’articulation des dents. 100
De l’engrènement des dents..... 101
De l’usage des dents ..... io 4
Remarques relatives à la nature des dents.. ibid.
Observations sur le développement des mâchoires
pendant le travail de la dentition.. 106
De l’usure des dents et de l’âge approximatif qu’on
peut en conjecturer....... 108
Dû MÉCANISME DES ORGANES MASTICATEURS. 112
Considérations générales sur la bouche. ibid.
Des mouvemens des mâchoires. 1 15
Des mouvemens de la tête sur la colonne vertébrale.. 122
De la mastication.... 125
CHAPITRE III.
HYGIÈNE DE LA BOUCHE..
Du sujet de l’hygiène : de la bouche et des dents
De la matière et des règles de l’hygiène ....
Des circumfusa...
Des applicata.....
Des ingesta..
Des gesta...
127
128
i3o
i5i
i54
i5 7
141
( 202 )
DEUXIÈME PARTIE.
CHAPITRE I.
PATHOLOGIE...P • 44
De l’inflammation. i^5
Causes prédisposantes....
Causes déterminantes....
Symptômes de l’inflammation.... ïbid.
La douleur. ïbid.
La tumeur... i 48
La rougeur.... ïbid.
La chaleur.. ibid.
Marche de l’iuflammation.... ....... i 4 g
Terminaison de l’inflammation... ibid.
La résolution. ibid.
La délitescence. ibid.
La suppuration.. 1 5 o
L’induration... ibid.
La gangrène.. ibid.
Traitement de l’inflammation. l 5 ï
Des maladies de la bouche que le chirurgien
DENTISTE DOIT CONNAÎTRE. ïbid.
Des aphtes .. IÔ2
Des ulcères scorbutiques. i 53
Des ulcères vénériens ou syphilitiques. 1 54
DE LA CHIRURGIE DENTAIRE... i 58
Des maladies des organes de la mastication, ibid.
Des maladies des gencives. i 5 g
( =55 )
L’inflammation .. p. 1 5 g
L’ulcération. ihid.
L’engorgement... 160
Les parulies. ibid.
Les épulies. ibid.
Le relâchement. 161
Des maladies des dents. ibid.
Accidens de la dentition. \. ibid.
Accidens occasionnés par la sortie de la dent de sa¬
gesse. 168
De l’odontalgie. 170
De la suppuration interne des dents. 174
De la carie.... 175
De l’érosion.... 178
De la nécrose.. 17g
Du ramollissement des dents. 181
De l’ébranlement des dents. ibid.
De la fracture des dents.. 182
De la luxation des dents. i 84
De la direction vicieuse des dents sur les bords alvéo¬
laires. ... ibid.
De la malpropreté des dents. 187
Du limon. ibid.
Du tartre».. ibid.
Des maladies des mâchoires.. 18g
Des abcès. ibid.
Des fongus....... .. igi
Des polypes. ibid.
De l’otéosarcome. 192
De la carie des mâchoires. ig 5
( 2 54 )
De la nécrose des mâchoires..p. ig 5
De la luxation de la mâchoire inférieure.. ibid.
CHAPITRE IL
THÉRAPEUTIQUE. ig 5
Section i. Des opérations chirurgicales. ibid.
De l’extraction des dents. 196
Des leviers*.... •• ibid.
La clef de Garengeot. 199
Le pélican... 2.02
Le levier...... 2o3
Le pied de biche.... . . . ibid.
Les pinces.. 204
Le tirtoir.... ... 2o5
Accidens de l’extraction des dents ... .. ............ 206
La fracture des dents.. .... . ............ ibid.
La fracture de l’os alvéolaire.. 2.07
La déchirure des gencives ... ibid.
L’hémorrhagie. ibid.
De la luxation des dents........... 209
De la transplantation des dents ... 210
De la sonde.. . . .. ibid.
De la cautérisation. ara
Du plombage. 2x2
De l’usage de la lime et de la séparation des dents.... 2 x 4
De l’amputation des dents.... . . .. 2 ,i 5
De la perforation des racines..... ... .... 216
Du nettoiement des dents. 2x7
De la pose artificielle des dents......'..218
( 2S5 )
Section 2. Des médicamens .p. 220
Dose. ibid.
Tableau des mesures pondériques .... .221
Concentration. 222
Température. ibid.
Etat ou forme. ibid.
Des émolliens. 223
Des sédatifs... 225
Les anodins. ibid.
Les narcotiques. 226
Des détersifs. 228
Des toniques. 23 o
Les excita ns. 25 1
Les diffusibles. ibid.
Des antiscorbutiques...... 232
Des sialagogues........ 235
Des escbarotiques.... ibid.
Formules pour nettoyer les dents.. ... 234
Acides. ibid.
Résines... ibid.
Huiles essentielles. 235
Des eaux pour nettoyer les dents. 256
Des élixirs ou mixtures dentifrices. ibid.
Des poudres dentrifices. 258
Des opiats. a 4 °
Formules diverses. 242
FIN DE LA TABLE.